Certains faits divers ont tendance à se ressembler. On peut prendre comme modèle celui qui s'est déroulé dernièrement à Woippy : la police poursuit de jeunes gens dont elle a de fortes raisons de penser qu'elles sont dans l'illégalité (en l'occurrence, elles sont à trois sans casque sur un scooter avec les feux éteints en pleine nuit), les poursuivis décident de prendre la fuite car conscientes de leur entière illégalité (ici, il s'avère que le scooter était volé), et en prenant la fuite, prennent tellement de risques qu'un accident leur arrive. C'est ce qui suit qui est stupéfiant : la famille s'en prend à la police comme si elle était coupable de les avoir poursuivis, sans se poser la question de la nature des faits qui ont engendré cette poursuite, et l'accident devient rapidement un motif pour l'éruption de violences incontrôlées où des magasins sont saccagés et les voitures de personnes tierces sont brûlées. A chaque fois, personne ne se demande si un meilleur comportement de la part des poursuivis n'aurait pas suffi à éviter tout drame, plutôt que de s'en prendre aux forces de l'ordre.

Ce schéma se reproduit jusqu'à la nausée. Il avait par exemple entièrement joué dans le drame de Clichy-sous-Bois qui avait été suivi d'émeutes dans toute la France en 2005. Quand une poursuite tourne mal, c'est forcément de la faute de la police, et de façon incompréhensible, cela justifierait de brûler des voitures, quelles qu'elles soient. En France, nous vivons dans un pays où c'est le policier qui est l'accusé par principe, où le malfaiteur est une victime, et où il faudrait le laisser agir à sa guise sous peine de risquer des événements désagréables. Les gardiens de prison ont ainsi l'interdiction d'utiliser la force contre des détenus qui cherchent à s'évader. Les policiers n'ont l'autorisation de se servir de leurs armes uniquement si leur vie est directement menacée... mais même ce motif reste suspect.

Aujourd'hui, la police doit laisser faire les malfaiteurs. Il semble même que ça a été théorisé. On peut ainsi lire sur le blog d'un commissaire honoraire principal de la police nationale la réponse à la question "La police peut-elle se lancer dans une course-poursuite ?" :

"faut-il se lancer à la poursuite d’un véhicule dont le conducteur a commis une infraction ? La réponse est nette. C’est non. Trop de risques. Aux Etats-Unis, on n’a pas ce genre d’interrogation, mais en France, les consignes sont d’éviter les courses-poursuites, les conséquences pouvant être disproportionnées par rapport à l’infraction commise. Un vieux principe, que l’on doit encore (je l’espère) enseigner dans les écoles de police : le trouble causé par une intervention sur la voie publique ne doit pas être supérieur au trouble qu’il est supposé faire cesser."

Voilà qui est clair. Et à vrai dire, parfaitement consternant, dans la mesure où il s'agit ni plus ni moins que d'un permis de faire n'importe quoi. Avec cela, on est sûr de ne pas risquer grand chose si on ne se laisse pas arrêter. Il suffit de laisser présager une grande quantité de "troubles" à venir en cas de tentative de faire respecter la loi. On ne se pose plus la question de la justice, et l'impunité est totale...

Les policiers font évidemment un métier difficile, mais ils se trouvent comme handicapés par une société qui les empêche d'agir, ayant pris le parti de ceux qui ne respectent pas la loi. Elle est pourtant la base de la vie en communauté. Alors, plutôt que d'accuser les policiers quand ils font leur travail, pourquoi ne se pose-t-on pas la question de savoir s'il ne vaudrait pas mieux obtempérer quand les forces de l'ordre nous le demandent, ou même mieux, d'essayer de ne pas commettre de délits tout simplement ?