A la suite des états généraux de la presse, les sites internet d'information peuvent prétendre à une pluie de subventions semblable à celle dont profitent déjà les éditeurs de presse papier. Des sites comme Rue89, Slate.fr ou Mediapart seront donc directement financés par la Direction du Développement des Médias, dépendante du Premier ministre. Cela peut paraître paradoxal pour des sites tels que Mediapart de proclamer par monts et par vaux le refus de l'influence néfaste de la publicité pour en même temps accepter que le gouvernement puisse tenir les cordons de leur bourse. La presse d'information en ligne est d'ailleurs fréquemment d'opposition, mais ne voit pas d'inconvénient à être massivement subventionnée par la majorité. A cette aune, tous les vœux pieux d'indépendance volent en éclat. Et cela ne semble pas leur poser le moindre problème. C'est un signe tout à fait révélateur d'hypocrisie.

Cela n'est d'ailleurs pas tout à fait surprenant, puisque c'est l'ensemble de la presse d'information générale qui est totalement dépendante de l'aide accordée par le gouvernement. Ces nouvelles mesures ne font donc bien qu'étendre à la presse en ligne la situation malsaine qui prévalait déjà chez les journaux papiers. Comment peut-on croire qu'une presse de qualité doit nécessairement être soutenue par le pouvoir politique pour survivre ? Ne serait-il pas plus sain que les journaux atteignent leur point d'équilibre en gérant mieux leurs coûts, par exemple en améliorant leurs circuits d'impression et de distribution ? A cause de corporatismes, cette question est taboue, alors qu'elle n'en est pas moins centrale dans l'économie des médias en France.

L'Etat est déjà suffisamment en déficits pour ne pas avoir à déverser des dizaines de millions d'euros pour complaire à la presse. Dans l'état actuel, les pertes des journaux papiers ou en ligne sont structurels, et donc les subventions gouvernementales obligatoires pour survivre. Les états généraux de la presse ont été un lamentable échec, vu qu'une issue positive aurait du être la suppression de toutes ces subventions malsaines. Car dans cette affaire, on peut voir directement l'argent public jeté par les fenêtres chaque année. Et les doutes sur l'indépendance de la presse demeurent...