Réflexions en cours

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dimanche 28 décembre 2008

L'idéologie du pragmatisme

Parmi la partie la plus politisée de la population, on retrouve souvent des personnes qui jugent chaque événement en fonction d'une grille de lecture déterminée à l'avance. Une façon courtoise de noter ce comportement est de dire d'elles que ce sont des "hommes de conviction", ce qui est infiniment mieux qu'être quelqu'un qui change d'avis comme de chemise. Mais cette qualité peut très rapidement se transformer en un défaut assez nuisible : lorsque absolument tout se transforme en manifestations d'une idéologie globale selon ceux qui en sont partisans, c'est à chaque fois leur faculté de jugement qui en devient handicapant. Pour comprendre cela, on peut en prendre des exemples réels, mais extrêmes. C'est ainsi le cas des marxistes quelle que soit leur obédience : Karl Marx a développé une idéologie complète et cohérente, qui donne une explication à tout. De même, certains penseurs libertariens ont énoncés quelques principes jugés définitifs qui doivent en conséquence s'appliquer à tous, formant une autre idéologie complète et cohérente. Le problème vient du fait que cela ne garantit pas du tout la validité des thèses prônées. L'idéologie marxiste échoue complètement à détecter toute autres explications aux événements que les siennes, et rejettera mêmes les avis contraires sur la base de cette idéologie. Le résultat a été au mieux dommageable sur le plan du débat, au pire terrifiant sur le plan des libertés dans les pays communistes.

De façon moins grave, le débat politique reste encore perclus de prises de positions obtus et de préjugés indestructibles, en particulier sur ceux qui pensent autrement. Il suffit, pour s'en convaincre, d'observer certains mouvements sociaux lancés uniquement par hostilité à un camp auquel nulle confiance n'est accordée. De même, dans l'exercice du pouvoir, certaines décisions peuvent être prises uniquement sur une base idéologique. Le critère décisif devrait pourtant être l'efficacité vis-à-vis des objectifs recherchés.

D'une manière générale, c'est de pragmatisme dont le pouvoir a besoin. Le pragmatisme consiste à s'adapter au monde réel plutôt qu'à un monde supposé, et de ne s'attacher qu'aux politiques qui ont un véritable effet final. Très souvent le pragmatisme a été considéré comme une espèce de renoncement, au vu des concessions qu'il implique nécessairement. Tant et si bien que dans certains esprits, le terme pragmatisme est un synonyme de fatalisme. C'est certes un danger possible, mais la méthode à avoir est de définir des buts à atteindre, se doter d'un sens certain de l'éthique pour fixer les limites des marges de manœuvres, puis de voir quelle est la meilleure manière d'atteindre ces buts tout en gardant une moralité dans l'action. Il est certes possible d'avoir des débats sur les buts et les limites éthiques, mais ce serait déjà une bonne chose d'éviter les visions binaires de la société selon des cadres définis à l'avance.

Si toute pensée théorique et doctrine peut se montrer intéressante, celle qui doit donc prédominer est d'abord celle du pragmatisme. A l'heure actuelle, c'est déjà sur de nombreux dossiers celle suivie par le pouvoir en place en France : défini comme libéral, le gouvernement n'hésite pas pour autant à faire un usage massif de politiques keynésiennes pour relancer l'économie en période de crise grave. Cela n'a été précédé d'aucun drame idéologique, puisqu'il était entendu que chacun ferait ce qui est le mieux dans l'intérêt du pays. De même, en 1983, c'était déjà dans cette optique que le gouvernement de Pierre Mauroy avait abandonné les politiques socialistes pour d'autres plus rigoureuses, suite à un constat d'échec. Aujourd'hui encore, de nombreuses personnes le leur reprochent, mais le pouvoir avait alors pris la bonne décision. L'intérêt général doit toujours être le premier critère de jugement.

vendredi 19 décembre 2008

Un nouvel élan

La politique est un domaine qui s'occupe largement de gérer le présent, mais également de préparer l'avenir. Cette seconde tâche implique des actions, et pour que ces actions soient rapides, il faut qu'elles aient été elles-mêmes préparées. Il y a donc un besoin de préparer bien à l'avance les prochaines étapes politiques, pour être prêt face aux prochains défis et également anticiper davantage en ayant deux coups d'avance : un coup pour la réflexion, un autre pour la mise en pratique, à la suite de laquelle viendront les conséquences. Alors que le programme présidentiel de Nicolas Sarkozy est actuellement mis en oeuvre, il y a donc de tous les côtés de l'échiquier politique la nécessité de préparer un nouvel élan pour la France.

A gauche, le Congrès de Reims aurait du servir à cela. Au final, une nouvelle direction en est sortie, il y a bien désormais une nouvelle majorité et une minorité interne au Parti Socialiste, mais cette distinction s'est faite assez peu sur les questions d'idéologie et de programmes. Il leur reste du travail. L'état actuel de la gauche ne donne pas d'indices fiables sur les résultats des prochaines élections nationales. Dans tous les cas, la droite et le centre auraient bien tord de se reposer sur le bilan du travail accompli. Il leur faudra à eux aussi créer une nouvelle force politique, aux idées et aux personnalités en bonne partie renouvelée. Le gouvernement actuel mobilise toutes les compétences, en tant que parti politique l'UMP oscille entre la léthargie et la médiocrité. Le centre droit et la droite doivent dès maintenant commencer à travailler sur une nouvelle base d'idées, d'anticipations et sur la réactualisation de leurs grilles d'analyses. Le but étant de proposer cette force nouvelle correspondant à la France l'heure venue.

J'ai, ici, tenté d'analyser successivement les différentes tendances de la droite et du centre droit en France, puis observé certains exemples de droites européennes et américaines. Cela aide à nourrir la construction d'une pensée politique. Toutes les approches, toutes les idées peuvent être intéressantes à observer. Il est possible d'en tirer des leçons, à mettre ensuite en relation avec l'actualité. Afin de continuer de creuser cette réflexion, j'essaierai pour ma part de définir les caractéristiques d'un mouvement qui pourrait constituer ce nouvel élan. Ce sera l'objet de prochaines réflexions, ici-même.

mercredi 3 décembre 2008

Prendre le relais

Cela fait désormais plus de 18 mois que le gouvernement Fillon dirige la France. Sa feuille de route est claire, c'est d'appliquer les programme prôné par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était en campagne présidentielle. Si François Fillon est moins devant les caméras que le Président de la République, il n'en reste pas moins que son gouvernement est loin d'être inactif. L'Assemblée Nationale semble même s'en plaindre, protestant fréquemment contre l'agenda législatif que les députés trouvent toujours trop chargé. Si certaines mesures peuvent être appliquées par une seule loi, d'autres visent à accomplir des transformations qui demandent un travail s'étalant sur plusieurs années. Le rythme tenu est bon, certains progrès ou tentatives de progrès sont accomplis parfois via des renoncements qui limitent considérablement la portée de la politique appliquée, comme en matière de service minimum ou de réforme de la gouvernance des universités. Toujours est-il que la phase actuelle ne pourra pas toujours continuer, tout du moins pas sous la même forme. Il y a peu de chances que la population demande un retour à l'immobilisme, il faut donc éviter un pouvoir politique qui passerai progressivement de réformateur à gestionnaire. Il y a peu de chances que ce soit un jour l'idée de Nicolas Sarkozy que de prendre un tel tournant, mais l'expérience montre qu'au fil des années, le pouvoir use et le gouvernement en place devient le synonyme de l'ordre établi.

Bien sûr, en politique il y a la possibilité du remaniement ministériel, pour redynamiser l'action. Les rumeurs de remaniements sont d'ailleurs un fonds de commerce inépuisable pour les journalistes politiques qui jouent à "qui gagne, qui perd". Il y a aussi la possibilité plus spectaculaire de changer de Premier ministre. Chaque mandat présidentiel voit ainsi passer deux ou trois Premiers ministres, François Mitterrand s'étant distingué en en changeant quatre fois au cours de son second septennat. Mais la solution la plus forte pour un camp politique est celle de faire arriver de nouvelles idées, de mettre en avant un renouveau idéologique qui est alors accompagné d'un certain renouvellement des personnalités politiques. C'est ce qu'avait réussi à faire la droite en portant Nicolas Sarkozy à la tête de l'UMP en 2004.

Ainsi, deux ans après la victoire de Jacques Chirac à la présidentielle de 2002 et l'arrivée de Jean-Pierre Raffarin à Matignon, la relève a commencé à se préparer. Des propositions ont progressivement été élaborées avec pour objectif d'être mises en application un jour ou l'autre. Elles le sont aujourd'hui. Normalement, c'est le processus que devrait suivre le Parti Socialiste actuellement. Mais pour bien faire, la majorité serait bien inspirée de faire de même dès maintenant, pas forcèment pour être en concurrence avec le travail gouvernement en cours, mais pour pouvoir être en mesure de prendre le relais le moment venu. De chaque bord politique de nouvelles idées ou visions doivent être créées, pour que, dans un prochain temps, la France puisse sans difficulté bénéficier d'un nouvel élan.

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