Réflexions en cours

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vendredi 27 février 2009

Un parti écologiste

L'écologie politique a d'abord été un combat dépassant les clivages entre la gauche et la droite. Sous la direction d'Antoine Waechter, les Verts cherchaient à se situer au dessus des partis traditionnels. Avec un certain succès d'ailleurs, leurs scores allant croissant dans les années 80. La prise de conscience des menaces environnementales portait ce parti neuf et volontaire. Cela permettait d'influer dans une certaine mesure sur les politiques gouvernementales, ce qui traduisit notamment par le développement du ministère de l'environnement, même si ses moyens restaient limités. D'autres formations, telles que Génération Ecologie, partagèrent ce refus de se positionner politiquement en fonction de la gauche et de la droite. Certaines existent d'ailleurs encore de nos jours, et font partie des partis mineurs régulièrement en lice aux élections. Aujourd'hui, il n'y a plus vraiment de parti important entièrement dévoué à la cause écologique. Au début des années 90, les Verts ont basculé franchement du côté de la gauche, ce qui fut symbolisé par la candidature de Dominique Voynet à la présidentielle de 1995. Sous son égide, ainsi que celle de personnes comme Noël Mamère, les Verts sont devenus un parti rageusement marqué à gauche, parlant beaucoup de questions sociales, et quasiment plus d'écologie.

Or la défense de l'environnement a toujours besoin d'avocats. Le réchauffement climatique, la destruction de la forêt amazonienne, l'épuisement des ressources, la disparition d'espèces animales ou les catastrophes industrielles ne sont que des exemples parmi les nombreuses questions cruciales qui ont besoin d'être traitées par tous et de façon urgente. Cela n'a rien de facile, et demande une implication constante. Sans verser dans l'extrémisme écologique, les préoccupations environnementales doivent faire partie de toutes les décisions politiques. Lors de la dernière élection présidentielle, il a fallu qu'une personnalité étrangère au milieu politique interfère dans la campagne pour mettre au premier plan les enjeux environnementaux. Nicolas Hulot, en s'adressant à tous les candidats, se donna les moyens d'avoir de l'influence, et est l'inspirateur du Grenelle de l'environnement, encore en cours. C'est en ne revendiquant pas l'écologie comme quelque chose d'un seul bord politique qu'il put convaincre et peser.

Aujourd'hui, la meilleure solution n'est pas d'avoir des partis indépendants consacrés à l'écologie, ou même des partis thématiques dans chaque bloc. La défense de l'environnement est un sujet transpartisan. Chaque parti composant le spectre politique se doit d'être écologiste. Au fil du temps, cela sera d'autant plus facilité que les nouvelles générations de responsables auront grandi en étant sensibilisées à ces préoccupations. Mais alors que le renouvellement du personnel politique est plutôt lent, le besoin de défendre l'environnement n'attend pas.

jeudi 12 février 2009

Un parti démocratique

La vie des partis politiques permet souvent de bien appréhender leur véritable conception de la démocratie. A ce titre, les événements mêmes récents suffisent à indiquer quelles sont les différences. Ainsi, le Mouvement Démocrate peut se targuer autant qu'il veut d'être le défenseur d'une approche où la diversité des opinions et le souci constant du respect du souhait des anonymes, cela est complètement démenti par les faits. Il suffit pour s'en convaincre comment François Bayrou a forcé son parti à s'organiser de telle manière qu'il ne puisse jamais être contredit. La consultation des adhérents de son mouvement ne se fait plus que sous forme plébiscitaire, les élections internes n'étant organisées qu'à son seul profit, et la nature plébiscitaire de la démocratie au Mouvement Démocrate se retrouve de façon exemplaire dans le cadre de la préparation des européennes, avec l'approbation par les militants de listes uniques composées à l'avance. Et ce, uniquement pour la forme.

Dans le sens inverse, les Verts respectent eux la vision de la démocratie théoriquement à la base du Mouvement Démocrate. Cela se traduit par des motions contradictoires, des représentations établies à la proportionnelle qui doivent ensuite trouver autant que possible des points d'accord. En fait, le système est largement instable, et produit essentiellement des conflits internes, faute de pouvoir désigner une ligne directrice claire. Le Parti Socialiste relève également de cette logique, quoi que moins prononcée, la question étant normalement habituellement réglée au cours de congrès dont la synthèse alambiquée permet de cacher toutes les incompatibilités théoriques. Quant à l'UMP, en souhaitant ne plus avoir de président depuis 2007, et en privilégiant les nominations exercées par les instances les plus obscures (traductions concrètes du "fait du prince"), elle a sombré dans un sommeil profond de la démocratie, ce qui nuit en conséquence au dynamisme du mouvement.

Pour obtenir le meilleur résultat, il faut en fait trouver le bon équilibre entre démocratie systématique et efficacité. La démocratie représentative peut tout à fait être le concept pertinent dans un parti politique. L'idée est alors d'élire des représentants de façon indiscutable (ce qui nécessite souvent le scrutin majoritaire uninominal ou à liste bloquée), pouvant même avoir des mandats impératifs, qui auront alors toute latitude pour prendre la direction des affaires. Les points essentiels seraient alors de permettre une vraie diversité de candidatures, couplée à des mandats assez limités dans le temps (mais avec possibilité de se représenter à nouveau). Aux phases de consultations, se succèderaient alors les phases d'actions. La démocratie donnerait alors sa légitimité à une politique efficace. C'est, après tout, le fondement démocratique de la Vème République à l'heure actuelle. Le modèle peut tout à fait s'appliquer aux partis politiques, et y permettre une véritable légitimité démocratique de par la base. Dans d'autres pays, cela passe par exemple par l'usage très fréquent de primaires. Cela peut être une bonne direction.

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