Au cours des précédents billets sur les différentes familles de pensée de la droite, on a vu les nuances en terme d'idéologies entre chaque courant, telles qu'elles se sont souvent reflétées dans leurs histoires respectives. Il est possible d'imaginer une sorte de synthèse de ces différentes tendances, qui pourrait constituer un socle commun à la droite d'aujourd'hui et de demain. En reprenant les points forts de chacun, ce socle commun peut être fait de telle façon :

- la droite suit un engagement fort en faveur de la construction européenne. C'est le grand mérite des chrétiens démocrates de s'être fait les avocats constants de cette cause, pourtant difficile, comme on le voit depuis des décennies, nécessitant diplomatie et ambition. Cela signifie évidemment s'opposer aux souverainistes qui croient que la France est plus efficace seule, et encore plus aux nationalistes, qui sont par principe hostiles à ceux qui habitent au-delà de nos frontières. Trop souvent, ces dernières influences sont encore trop présentes, alors qu'il serait souhaitable que l'Europe soit un sujet de consensus national, et a fortiori à l'intérieur de la droite. Ce qui ne signifie pas considérer que tout ce qui vient de l'Union Européenne est nécessairement bien en soi, mais plutôt qu'il faut être prêt à améliorer ce qui ne va pas si tel est le cas, et à servir l'intérêt général à chaque niveau de décision.

- la droite souhaite que la France dispose d'institutions solides, lui permettant de traverser les éventuelles crises. Le principal héritage du gaullisme est bien la Vème République, qui a redonné des compétences au pouvoir exécutif et a diminué le rôle des pures combinaisons politiciennes et des jeux de chambres interminables qui aboutissaient à l'instabilité gouvernementale. Dès lors, le changement de ces institutions doit être considéré avec une précaution infinie, vu l'équilibre que la France a réussi à trouver depuis une cinquantaine d'années. Désormais, ce ne sont plus les institutions qui posent vraiment problème, c'est davantage le personnel politique s'il ne se donne pas les moyens de faire les réformes nécessaires.

- la droite se montre attachée à la République, à l'humanisme et à la laïcité. C'est l'héritage de la famille radicale... entre autres. Il n'y a que la gauche qui considère souvent être la seule à défendre les valeurs humaines, c'est la tâche de tous. Quant à la laïcité, elle n'est pas synonyme d'un athéisme obligatoire. Il s'agit de respecter les religions et de laisser libre les pratiques religieuses si celles-ci se font dans le cadre privé. - la droite est favorable a une certaine liberté sur le plan économique. Il ne s'agit pas là de croire naïvement à la perfection des apports de la main invisible, mais plutôt de constater d'une part que le capitalisme est le meilleur système productif qui existe, et d'autre de trouver le meilleur dosage quant à l'intervention de l'Etat. Actuellement, la France se repose un peu trop sur un Etat providence qui, en plus d'être coûteux, ne donne pas les résultats espérés sur les plans économiques et sociaux.

- enfin, la droite n'a pas peur du rétablissement une certaine autorité, déjà pour lutter contre le sentiment d'impunité en matière de respect des lois, mais également dans l'éducation, qu'il y en ait juste suffisamment pour que chaque enfant ait suffisamment de valeurs morales pour ne pas mal agir. Les voitures brûlées par exemple ne sont en aucun cas normal, mais ça ne s'arrête pas à ce simple point. Par contre, il n'y a pas grand chose à prendre au sein des véritables conservateurs, qui tendent davantage vers l'extrême droite.

Cela peut être considéré comme un début. Mais avant d'aller plus loin, on peut faire le pari qu'il y a également des leçons à apprendre des familles politiques qui agissent dans les autres pays d'Europe, ou bien du monde. Pour envisager l'avenir de la droite française, il peut être intéressant d'entamer une réflexion sur les différentes droites à l'étranger, comme une contribution à la pensée politique sur laquelle on se repose.