A la fin du mois de juin dernier, Olivier Besancenot a réuni des comités en vue de la formation d'un "Nouveau Parti Anticapitaliste". Celui-ci viserait à élargir la LCR au delà de ses seuls convaincus trotskistes qui forment ses rangs actuellement, mais la nature des personnes visées est encore floue actuellement. Il s'agit certainement d'une tentative de fusion de l'ensemble de l'extrême gauche, des écologistes gauchistes tels que José Bové et des mouvements anti-libéraux dans le sillage d'ATTAC. Or toutes ces personnes n'ont pas une véritable vision de ce qu'il faut mettre en place en termes de politique, ce qui rend difficile la mise en place d'un programme constructif. Par contre, elles s'accordent plus facilement sur ce qu'elles n'aiment pas, et c'est là où le nom actuel de ce parti en devenir prend son sens : il est "anticapitaliste". L'union se fait donc sur un rejet commun, et la doctrine commune devient la liste de toutes les haines indélébiles. L'extrême gauche n'aime pas l'extrême droite, la droite, la gauche (considérée comme étant de droite), les communistes (encore trop mous) et tout ce qui se rapproche du réformisme. Les valeurs promues sont dès lors toutes "anti".

Il n'est pas si étonnant que ça de voir un parti se construire uniquement sur un rejet, et non sur un projet alternatif. Tous ceux qui s'activent dans de tels cercles avaient bel et bien une autre solution à proposer, et il s'agissait du communisme. Leur communisme à eux était vu comme révolutionnaire, à la suite de Marx, Lénine, Staline, Trotsky, Mao et Che Guevara, alors qu'il était surtout dictatorial. Ce modèle est pourtant mort désormais, totalement déconsidéré, n'ayant plus une once de crédibilité depuis l'effondrement du bloc soviétique, ayant prouvé son inefficacité et son mépris structurel des libertés les plus fondamentales. Il n'est dès lors plus défendable un instant. Voilà maintenant 150 ans que Karl Marx est quotidiennement démenti par les faits, il est ainsi compréhensible qu'Olivier Besancenot préfère s'abriter derrière l'étendard du rejet de ce qui est place, plutôt que de continuer à défendre le nom "communiste".

Il n'en reste pas moins une incompréhension fondamentale : toute l'extrême gauche répète inlassablement qu'elle ne veut plus de la société actuelle, qu'un "autre monde est possible", mais n'explique jamais lequel. Les communistes des années 70 s'appuyaient sur deux jambes : d'une part une violence verbale (voire plus que verbale) incroyable envers l'ordre existant, d'autre part la défense d'une doctrine utopique aux résultats profondément cachés dans les pays l'ayant appliqués. Aujourd'hui, ils n'ont plus que leur vieille rhétorique accusatrice et bloquante, où ils se permettent de mettre en cause à satiété, sans jamais accepter de se poser des questions sur eux mêmes...