Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

mardi 24 octobre 2006

Chômage ou précarité

Dans le domaine du marché du travail, voilà le choix en définitive. Car comment expliquer sinon le fait que dans de nombreux pays d'Europe, le plein emploi prédomine ? Mis à part les pays scandinaves, qui mériteraient une étude dédiée, les autres ont atteint ce résultant en réformant en profondeur leurs marchés du travail, pour aboutir à un système où les emplois sont nombreux, mais précaires. En fait, cette précarité peut aussi se voir d'un côté positif, en l'appelant flexibilité. Il faut bien se l'avouer, les entreprises ont des besoins variables dans le temps, suivant les saisons et les conjonctures, et cela se traduit par des besoins variables en main d'oeuvre. On en profite en tant que consommateur, lorsque l'on dispose d'heures de services élargies, ou bien lorsque chacun prend ses vacances en même temps, nécessitant des capacités d'accueil accrues. Mais il est difficile de considérer que la main d'oeuvre puisse être une variable d'ajustement alors que ce sont bien des vies qui sont en jeu.

Il reste encore dans les mémoires des restes de la doctrine marxiste qui considère que l'entreprise exploite la plus-value générée par les travailleurs. Les entreprises sont pourtant génératrices d'activité et de richesse, et si les actionnaires engrangent bien les profits créés par leurs investissements (souvent risqués), de nombreux emplois sont créés par la même occasion. Les entreprises demandent de plus en plus de flexibilité à leur personnel, mais cela leur permet de croître, de créer de la richesse qui pourra être réinvestie dans de nouvelles activités, et donc de nombreux emplois. La rigidité du marché du travail, aussi sécurisante soit elle pour les employés, empêche les entrepreneurs d'embaucher facilement, le risque prit par une nouvelle étant trop gros alors que rien n'est sûr dans le domaine des conjonctures économiques. Plus un poste est difficile à supprimer, moins il aura de chances d'être créé. En système rigide, on arrive alors à un système où ceux qui ont déjà un emploi sont privilégiés, et où leur sécurité empêche de fait ceux qui n'en ont pas d'en trouver un. D'où le chômage. Un système sans flexibilité est un système où le chômage prédomine. De plus, c'est la croissance économique qui souffre de la peur de créer, du fait de risques plus conséquents. C'est donc toute l'économie qui en pâtit. C'est un peu ce qu'il se passe en France : un peu de flexibilité, du chômage en proportion inverse.

La formation tout au long de la vie doit permettre aux travailleurs de changer facilement de poste. Si les procédures de changement d'emploi sont courtes et efficaces, il ne faut pas craindre la flexibilité : elle permet la croissance économique, de donner un emploi à un plus grand nombre de personnes et donne des avantages indéniables aux consommateurs. Le principal verrou au plein emploi est d'ordre psychologique, c'est l'aversion au risque. Or la perdre de perdre son emploi se transforme en peur d'en créer, d'où une division profonde entre ceux qui en ont et ceux qui n'en ont pas. La flexibilité permettrait d'en donner à un plus grand nombre, et les avantages économiques qui en découlerait fortifieraient peuvent être suffisamment les entreprises pour qu'elles n'aient justement pas besoin de licencier. Le simple fait d'avoir cette possibilité peut leur donner suffisamment de confiance pour faire croître leurs activités, et justement ne pas y recourir. Au vu du passé, la crainte de la perte d'emploi peut se comprendre, mais si justement il est plus facile d'en retrouver, elle n'a plus de raison d'être.

samedi 14 octobre 2006

Web 2.0

C'est la nouvelle notion à la mode, et ce d'autant plus avec le rachat de très jeune site Youtube par Google. Sur Youtube, chacun peut déposer ses vidéos pour qu'elle puisse être vues par le plus grand nombre, fournissant ainsi le contenu attirant les visiteurs, une audience qui est convertie en argent par la présence de publicités. De même, les plate formes de blogs comme skyblog ou myspace adaptent les publicités visibles en fonction des thèmes abordés par les utilisateurs. Ceux-ci disposent désormais d'outils simples pour créer et diffuser des contenus, comme dans les cas déjà vus ou aussi de façon moins égocentrique, par le biais d'outils collaboratifs comme Wikipedia, où les articles sont créés par les visiteurs devenus utilisateurs. Et c'est cet aspect qui est appelé Web 2.0 : la facilité d'utilisation permet la démultiplication des contenus personnels et leur partage.

L'entreprise internet à la mode c'est temps-ci, c'est surtout Google, comme le montre son cours de bourse. Et ce n'est pas tant pour son moteur de recherche puissant et ses autres applications innovantes que Google est au centre du net actuel : c'est avant tout pour sa régie publicitaire et ses liens sponsorisés qui s'adaptent justement aux contenus variés des différentes pages où ils se trouvent. Dès lors, Google, même sans son moteur de recherche, est la tour de contrôle du paysage internet actuel. Mais est-ce si différent de ce qui prévalait aux débuts du net ? La notion de Web 2.0 est de toutes façons assez mal définie, et ressemble surtout à un vague slogan publicitaire. Parce qu'en fait, les sites et les contenus communautaires ont toujours existé : c'était des start-ups d'hébergements de sites personnels, comme Multimania ou Geocities, qui reposaient sur des modèles sensiblement équivalents à ceux utilisés actuellement par les sites de blog, c'est à dire en insérant des publicités sur des contenus fournis par des utilisateurs qui faisaient gratuitement leurs pages personnelles. A l'époque, la régie publicitaire dominante était DoubleClick, et Google n'existait pas. Tous ces sites ont fini par être rachetés par des entreprises plus grandes, qui ont eu du mal à en faire des locomotives.

Aujourd'hui, tout semble recommencer. Certes, certaines choses ont changé : il est plus facile de mettre à jour un blog que de s'initier au langage HTML pour créer sa page personnelle, les coûts d'hébergements sont plus faibles, les contenus sont plus variés grâce aux évolutions technologiques comme le montre l'utilisation désormais courante de la vidéo et le nombre bien plus élevé d'internaute démultiplie la puissance du bouche à oreille. Mais tout cela reste dans la continuité de l'internet. Alors, revoir les marchés financiers s'affoler autour de Google, les médias encenser la nouvelle diversité d'internet ou assister sur l'autocongratulation ambiante autour du 2.0 imaginaire ne peut que faire penser à la folie internet qui était en cours à la fin des années 90, qui s'était terminée par une bulle puis un krach boursier pour les valeurs concernées. Les leaders d'autrefois, aujourd'hui déchus, nous montre la fragilité des entreprises qui dominent actuellement. C'est justement en constatant le succès de Google que l'on peut le remarquer. L'efficacité de ce nouveau moteur de recherche avait attiré en quelques mois la grande majorité des internautes, délaissant sans états d'âmes des sites pourtant bien établis comme Lycos ou Voilà. La bulle internet reposait pourtant sur l'idée que les fondements de l'économie de demain étaient en train de se construire, qu'ils fallaient impérativement en faire partie sous peine de ne plus pouvoir rattraper le train plus tard, lorsque les positions dominantes auraient été consolidées et que de nouvelles entreprises fortes auraient verrouillé le marché, comme l'avait fait Microsoft pour les micro-ordinateurs.

L'exemple de Google a montré que pour des sites ne reposant pas sur des infrastructures concrètes (comme les détaillants en ligne) il n'était pas si difficile de bouleverser l'ordre établi, et d'attirer une audience très forte très rapidement si le produit proposé est meilleur que ce qu'il se fait. C'est aussi ce qu'a montré Youtube, au centre de toutes les attentions après moins d'un an d'existence. Google, actuel roi du net, pourrait ainsi tout perdre pour peu qu'un jour une start-up développe un meilleur moteur de recherche, ou si un concurrent créait un système de publicités plus performantes. L'incertitude du secteur est donc toujours aussi forte. Mais visiblement, en observant l'internet, les rêves sont encore prompts à réapparaître...

free hit counter