Réflexions en cours

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mardi 27 février 2007

Trou d'air pour Airbus

Airbus est censé être l'exemple parfait de projet industriel européen, où chaque grand pays a mis ses meilleures entreprises concernées par l'aéronautique pour créer une ligne d'avions de lignes commerciales, pouvant être achetée par toutes les compagnies aériennes au monde. Lorsque l'on dit que les pays développés doivent se concentrer sur l'innovation et la haute technologie pour maintenir leur tissu industriel, on pense au secteur aérien, où l'Europe est à la pointe du progrès, et qui permet de faire rentrer beaucoup de devises étrangères vu le prix de ces engins. Et le modèle était d'autant plus vanté qu'Airbus était passé devant Boeing, le concurrent historique américain. Avec le lancement de l'avion géant A380, EADS devait tenir le produit permettant de regner longtemps sur le marché, en apportant une solution aux aéroports surchargés. Mais depuis un an, ce succès brillant est remis en cause. Aujourd'hui Airbus n'est plus mentionné que pour ses pertes et ses retards.

C'est justement du fait des retards de ce nouveau modèle qu'Airbus connait des difficultés, car ils entrainent des coûts de production supplémentaires, des pénalités, et des ruptures de contrats. Il est assez incroyable en fait qu'une entreprise aussi grande et aussi expérimentée qu'Airbus connaisse de tels problèmes. Ils doivent reposer en bonne partie sur des erreurs de management, et il faut reconnaître qu'Airbus n'est pas une firme tranquille à ce niveau, vu qu'elle connaît les conflits entre directions françaises et allemandes, les guerres de succession comme l'a montré l'affaire Clearstream, et en fait peut sembler trop décentralisée pour que tout soit contrôlé. Mais l'énormité du retard est quand même déconcertante.

La force de l'euro serait un autre facteur aggravant la mauvaise santé d'Airbus. C'est en tous cas ce que disent plusieurs hommes politiques français des deux bords. En fait, il s'agit d'une perspective développée par Louis Gallois, le nouveau dirigeant d'Airbus : l'idée serait d'augmenter la part de l'avion construite en dehors de la zone euro, pour diminuer l'influence de l'euro fort sur le prix. C'est un concept ahurissant, dans la mesure où Airbus a été précisemment fondé pour fournir du travail aux Européens, il est hors de question que cette entreprise soit délocalisable, tout comme accepter qu'il y ait des transferts de production et de technologie aux Chinois pour faciliter la signature du contrat est une mauvaise idée dès le moyen terme.

Actuellement, Airbus doit mieux s'organiser pour sortir de ces difficultés, afin que l'entreprise reparte ensuite sur de bonnes bases et se développe à nouveau. Mais il doit être clairement dit que toutes les étapes de la construction d'un Airbus doivent rester en Europe. Car si les industries de haute technologie doivent aussi disparaitre, nous pouvons tout de suite renoncer à ce que l'Europe reste une force économique importante.

lundi 5 février 2007

A quoi sert Windows Vista ?

Bill Gates s'est déplacé en France pour l'occasion, et le budget de publicité de Microsoft a explosé pour l'occasion, c'est donc que l'heure de la sortie d'une nouvelle version de Windows a sonné. Cela faisait longtemps, à vrai dire il ne s'est jamais écoulé autant de temps entre les sorties de deux versions consécutives de Windows qu'entre XP et Vista. On peut alors se demander pour quelle raison Windows Vista n'est pas sorti plus tôt. Il y aurait eu des difficultés de développement, mais force est de constater que les utilisateurs d'informatique n'ont pas vraiment souffert de l'absence de nouvelle version. Tant et si bien que Windows Vista n'est pas un produit qui semble fait pour le salut de l'utilisateur, il est davantage orienté vers celui des constructeurs de PC.

En effet, le marché du PC est devenu pour les pays développés un marché mature : les progrès de l'informatique étant tels que les machines en sont arrivées à un point qui satisfait une grande majorité des utilisateurs. Pour celui qui voudra faire un peu de bureautique, lire des DVD et aller sur Internet il n'y a nul besoin d'une bête de course. La baisse tendancielle des prix pour un produit donné, caractéristique du secteur, fait que désormais les ordinateurs d'entrée de gammes sont capables de faire tout cela pour un prix ridicule. Ceux qui voudront jouer à des jeux très récents ou faire de l'édition multimédia regarderont surtout la qualité de la carte graphique, d'autres utilisateurs évolués feront attention à la mémoire vive, ou au disque dur, mais la puissance du microprocesseur n'est déjà plus vraiment le critère le plus intéressant pour juger un PC. Et à vrai dire, le système d'exploitation non plus. On peut certes regretter que Windows XP ait toujours quelques soucis d'instabilité ou de sécurité, mais malgré toutes les promesses de Microsoft, on peut douter que Windows Vista soit véritablement incomparablement meilleur sur ces points là.

Les fabricants d'ordinateurs sont donc entraînés dans une concurrence forte entre eux sur les prix, ils doivent diminuer leurs prix de production pour les ordinateurs d'entrée de gamme qui satisfont la plupart des gens, et où la différenciation est faible. Même Dell, qui a cru trouver un modèle innovant, est durement touché par la concurrence des assembleurs asiatiques aux faibles coûts comme Acer. Microsoft dispose toujours de ses rentes sur Windows et Office, mais pour en rehausser la valeur il faut que cela puisse être justifié par une nouvelle version. Les assembleurs attendent justement cette nouvelle version : elle sera le prétexte pour augmenter le prix de leurs machines (vu que Windows XP disparaîtra rapidement des configurations de base proposées), et donc augmenter la marge par PC vendu. L'augmentation de prix sera d'ailleurs probablement supérieure à la seule hausse de coût engendré par la licence plus coûteuse du système d'exploitation : la caractéristique de Windows Vista étant d'avoir une interface graphique plus gourmande en ressources système (pour que les fenêtres puissent être vues en 3D, ce qui ne manquait pas à beaucoup de monde), toute la configuration de l'ordinateur devra suivre pour tenir la route. Les ordinateurs qui seront ne serait-ce qu'apte à supporter Windows Vista seront donc bien plus chers que ceux qui ne le sont pas, qui disparaîtront de toutes façons. Dès lors, on peut douter d'une ruée du public pour l'achat d'un nouveau système d'exploitation, mais au fur et à mesure des renouvellements se seront bien des PC aux marges rehaussées qui seront vendues. On voit alors pourquoi Microsoft occupe une telle place dans le monde informatique : sa domination du marché des systèmes d'exploitations entraîne toute une industrie dans le sillage de sa stratégie. A quoi sert Windows Vista ? A augmenter les marges de tous les intervenants du marché du PC, tout simplement.

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