lundi 9 avril 2012
Haro sur les jeux vidéo d'occasion
Par xerbias, lundi 9 avril 2012 à 23:40 :: Economie
Sur le marché des jeux vidéo, les éditeurs préparent une nouvelle évolution. Elle ne concerne pas du nouveau matériel, ou de nouveaux jeux, mais des limitations sur l'utilisation de ceux-ci. Jusqu'à présent, ils avaient déjà essayé de mettre en place des contraintes visant à limiter le piratage des jeux, à travers des codes, la vérification de la légitimité du jeu en se connectant sur le net ou divers autres mécanismes. Mais désormais, de plus en plus d'éditeurs veulent s'assurer que les joueurs jouent avec un jeu neuf, et non d'occasion.
Leur raisonnement est assez simple : un jeu vidéo coûte cher à produire, et demande donc de lourds investissements. Sur console HD, il nouveau jeu coûte 70 euros pour le tarif standard, bien plus que pour la génération de console précédente. A ce tarif là , de plus en plus de joueurs préfèrent attendre un peu, pour pouvoir acheter le jeu vidéo moins cher, en occasion. Seulement, si les magasins prospèrent en vendant tant les jeux neufs que d'occasion (dont la marge est encore plus importante vu les tarifs de rachat), les éditeurs ne gagnent rien du tout sur ces derniers. Cela les fait enrager que l'on puisse profiter légalement de leur travail, sans leur avoir donné de l'argent. D'où des limitations.
Un jeu a poussé la perfidie jusqu'à ne mettre qu'un seul emplacement de sauvegarde sur une cartouche, sans qu'il soit effaçable, nécessitant le rachat du jeu pour faire une deuxième partie. La plupart du temps, le jeu demande à être associé à une console précise, et refuse d'exploiter toutes ses fonctionnalités (notamment réseau) s'il est mis sur une autre console. Il faut alors le débloquer, ce qui nécessite de payer un droit spécial à l'éditeur du jeu. C'est un procédé scélérat, car il vise à déterminer l'usage que l'on fait du produit, et in fine à détruire le marché du jeu d'occasion.
D'un point de vue moral, c'est indéfendable. Le marché d'occasion a toujours existé, et ce, pour tous les biens. Vouloir que seul le neuf soit négocié est stupide, voire irresponsable. Les maçons demandent-ils que seules des logements neufs puissent être achetés ? Cela supposerait de démolir systématiquement une maison en cas de déménagement, pour en reconstruire une nouvelle à la place. Tout le monde se rend bien compte des raisons pour lesquelles c'est impossible. De même, exiger que seules des voitures neuves soient négociées n'a pas de sens : certes, ce serait probablement positif pour l'emploi dans chez les constructeurs, mais ce serait un énorme gâchis de ressources. Les constructeurs, eux, préfèrent produire des véhicules moins chers qui puissent concurrencer les voitures d'occasion plutôt que d'interdire le marché de seconde main (sur lequel ils sont présents eux aussi d'ailleurs).
Mais la lutte contre l'occasion est également une bêtise sur le plan économique. Les éditeurs de jeux vidéo ne semblent pas imaginer que le marché de l'occasion finance l'ensemble du secteur du jeu vidéo, de façon indirecte : quand l'acheteur d'un jeu neuf le revend, il dégage de nouvelles ressources qui lui permettront d'acheter plus facilement un jeu neuf. Le mécanisme permet de vendre le produit à chacun au prix juste. Neuf au prix fort pour les collectionneurs qui (s')investissent beaucoup dans ce loisir. Neuf mais à un prix supportable pour celui qui a revendu ses précédents jeux. Et d'occasion à un prix réduit pour celui qui est patient et est prêt à avoir un produit déjà un peu usé. Il pourra lui-même diminuer sa propre charge s'il revend à son tour ces jeux d'occasion.
Le principe n'est en rien différent de la finance : les entreprises émettent des actions pour se financer, et le financement ne vient en fait que lors de l'émission. La cotation vient du marché des actions de seconde main, où s'échangent des actions déjà émises. Sa nécessité est unanimement reconnue, car la possibilité de revendre ses actions facilite la décision d'achat lors de l'émission, et donc permet le financement d'entreprises par ricochet. Les éditeurs de jeu vidéo feraient bien de s'en rappeler, plutôt que d'essayer de rendre la vie difficile à leurs clients, même lorsqu'ils sont dans la légalité.
Leur raisonnement est assez simple : un jeu vidéo coûte cher à produire, et demande donc de lourds investissements. Sur console HD, il nouveau jeu coûte 70 euros pour le tarif standard, bien plus que pour la génération de console précédente. A ce tarif là , de plus en plus de joueurs préfèrent attendre un peu, pour pouvoir acheter le jeu vidéo moins cher, en occasion. Seulement, si les magasins prospèrent en vendant tant les jeux neufs que d'occasion (dont la marge est encore plus importante vu les tarifs de rachat), les éditeurs ne gagnent rien du tout sur ces derniers. Cela les fait enrager que l'on puisse profiter légalement de leur travail, sans leur avoir donné de l'argent. D'où des limitations.
Un jeu a poussé la perfidie jusqu'à ne mettre qu'un seul emplacement de sauvegarde sur une cartouche, sans qu'il soit effaçable, nécessitant le rachat du jeu pour faire une deuxième partie. La plupart du temps, le jeu demande à être associé à une console précise, et refuse d'exploiter toutes ses fonctionnalités (notamment réseau) s'il est mis sur une autre console. Il faut alors le débloquer, ce qui nécessite de payer un droit spécial à l'éditeur du jeu. C'est un procédé scélérat, car il vise à déterminer l'usage que l'on fait du produit, et in fine à détruire le marché du jeu d'occasion.
D'un point de vue moral, c'est indéfendable. Le marché d'occasion a toujours existé, et ce, pour tous les biens. Vouloir que seul le neuf soit négocié est stupide, voire irresponsable. Les maçons demandent-ils que seules des logements neufs puissent être achetés ? Cela supposerait de démolir systématiquement une maison en cas de déménagement, pour en reconstruire une nouvelle à la place. Tout le monde se rend bien compte des raisons pour lesquelles c'est impossible. De même, exiger que seules des voitures neuves soient négociées n'a pas de sens : certes, ce serait probablement positif pour l'emploi dans chez les constructeurs, mais ce serait un énorme gâchis de ressources. Les constructeurs, eux, préfèrent produire des véhicules moins chers qui puissent concurrencer les voitures d'occasion plutôt que d'interdire le marché de seconde main (sur lequel ils sont présents eux aussi d'ailleurs).
Mais la lutte contre l'occasion est également une bêtise sur le plan économique. Les éditeurs de jeux vidéo ne semblent pas imaginer que le marché de l'occasion finance l'ensemble du secteur du jeu vidéo, de façon indirecte : quand l'acheteur d'un jeu neuf le revend, il dégage de nouvelles ressources qui lui permettront d'acheter plus facilement un jeu neuf. Le mécanisme permet de vendre le produit à chacun au prix juste. Neuf au prix fort pour les collectionneurs qui (s')investissent beaucoup dans ce loisir. Neuf mais à un prix supportable pour celui qui a revendu ses précédents jeux. Et d'occasion à un prix réduit pour celui qui est patient et est prêt à avoir un produit déjà un peu usé. Il pourra lui-même diminuer sa propre charge s'il revend à son tour ces jeux d'occasion.
Le principe n'est en rien différent de la finance : les entreprises émettent des actions pour se financer, et le financement ne vient en fait que lors de l'émission. La cotation vient du marché des actions de seconde main, où s'échangent des actions déjà émises. Sa nécessité est unanimement reconnue, car la possibilité de revendre ses actions facilite la décision d'achat lors de l'émission, et donc permet le financement d'entreprises par ricochet. Les éditeurs de jeu vidéo feraient bien de s'en rappeler, plutôt que d'essayer de rendre la vie difficile à leurs clients, même lorsqu'ils sont dans la légalité.