Le conseil d'administration du CNRS se réunit cette semaine pour se prononcer sur les réformes initiées par Valérie Pécresse au sein de cet organisme. Cela fait longtemps que celui-ci ne fonctionne plus de façon optimale, alors que ce sont ses présupposés même dont la pertinence peuvent être questionne. Doté d'un budget de plus de deux milliards d'euros, ce qui est colossal en France, le CNRS est devenu une administration énorme à l'efficacité incertaine et au caractère opaque. Son approche est totalement multidisciplinaire, et il y a bien peu de visibilité sur ce qu'il s'y passe précisément. Les chercheurs qui y œuvrent s'évaluent les uns les autres, permettant des situations confortables où les objectifs sont mal définis. D'une manière générale, la direction du CNRS a bien peu de prise sur la vie de celui-ci. Des doutes s'élèvent donc sur la façon dont sont utilisées les sommes dépensées par le CNRS, alors que la recherche française manque de moyens. Si Valérie Pécresse a obtenu des hausses importantes du budget de la recherche publique et des universités, il faudrait également veiller à ce que l'argent d'ores et déjà introduit dans le circuit soit employé au mieux. L'opposition d'une partie des chercheurs qui travaillent au CNRS à une évaluation plus neutre et mieux définie ne favorise pas cela.

En outre, la recherche pratiquée par le CNRS est trop souvent éloignée de certains débouchés qu'elle pourrait avoir. Les liens avec les entreprises restent faibles, et même combattus par certains pour des motifs idéologique (la haine ou le mépris envers le secteur privé, avec lesquels avoir une relation est toujours vécu comme une "privatisation" honnie). Il y a une réticence envers le transfert des connaissances dans les universités, tellement l'enseignement est vécu comme une contrainte pénible. Il serait pourtant utile que l'essentiel du travail de recherche français passe par les universités. Cela permettrait d'optimiser les moyens financiers et de multiplier les résultats provenant de la recherche scientifique. Las ! Tous ces rapprochements possibles sont vus comme autant d'attaques envers l'indépendance de la recherche. Mais est-il vraiment souhaitable que l'argent de la recherche publique soit dépensé sans contrôle, et sans préoccupation quant à ses effets ?

Une réforme du CNRS était donc nécessaire depuis longtemps. Ancien serpent de mer dont l'évocation même faisait l'objet d'une opposition systématique, cette réforme avait même été demandée par la Cour des Comptes. Comme l'amélioration de la recherche française était dans le programme du candidat Nicolas Sarkozy, la ministre Valérie Pécresse a depuis 2007 engagé une réforme basée sur des principes qui vont dans le bon sens.

Il est ainsi question de faire du CNRS une agence de moyens, en rendant aux universités le premier rôle dans l'organisation de la recherche. Par cet apport, le but est d'aider les universités à devenir des pôles de recherche plus importants, alors que le rôle des universités françaises a jusqu'à présent été trop effacé. Les transferts de technologies devraient en être également facilités. Au sein même du CNRS, l'établissement d'une dizaine d'instituts thématiques devrait permettre une clarification sur son action dans les différents domaines de recherches, tout en laissant possible les coopérations interdisciplinaires. L'évaluation se fera de façon plus attentive, sur des critères plus objectifs. Alors forcément, tout changement rencontre une résistance. Mais le conservatisme stérile doit-il vraiment être la voie privilégiée par ceux qui sont censés mettre leurs talents au profit de la découverte et du partage des connaissances ? Certes, cette réforme aurai dû être faite il y a longtemps. C'est pourquoi elle doit être mise en œuvre d'autant plus rapidement.