Réflexions en cours

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dimanche 30 novembre 2008

La mauvaise politique audiovisuelle de Christine Albanel

Parmi les ministres du gouvernement, la ministre de la culture Christine Albanel n'est pas la moins médiatisée. En effet, les dossiers qui la placent au devant de l'actualité sont nombreux. Elle est ainsi devenue celle qui porte le projet de la riposte graduée contre le piratage, un projet de loi qui n'est pourtant pas admissible d'après les règles édictées par le Parlement Européen. Elle est aussi la chef d'orchestre des états généraux de la presse, où elle vient de se faire remarquer par son souhait de faire profiter la presse d'un taux de TVA minimal de 2,1 %. Ce serait une nouvelle baisse de revenus pour l'Etat, alors que ses finances sont loin d'être à un niveau correct. Dans la lettre de mission à la ministre de la culture, Nicolas Sarkozy et François Fillon lui rappelaient pourtant la nécessité de faire en sorte de ne pas alourdir la dette. Cette préoccupation s'est envolée depuis longtemps. Nulle question de revoir le système de distribution ou les aides à la presse, mais envie spontanée d'accorder un cadeau fiscal. Mais le plus gros dossier qu'a à gérer Christine Albanel est celui de la réforme de l'audiovisuel, et elle peine vraiment à s'en sortir.

Il faut dire qu'à la base, cette réforme n'avait pas lieu d'être. Personne n'était demandeur de la suppression de la publicité sur France Télévisions. Quelque soit les choix de programmation, on ne trouvera jamais une majorité de satisfaits quant aux programmes du service public. Surtout, la question du financement de France Télévisions est immédiatement devenu un problème insoluble. La taxe sur les recettes du privé a été bien réduite après le passage au Parlement. Il est aussi question de taxer les nouvelles technologies, mais quoi qu'il en soit, tout cela continue une logique de taxation systématique de tout et n'importe quoi, alors qu'il était plutôt question de réduire les prélèvements obligatoires si l'on en croyait Nicolas Sarkozy. Alors qu'avec les ressources publicitaires, France Télévisions pouvait compter sur une source de revenue non négligeable provenant de prestations tarifées, il a fallu supprimer cela pour financer la télévision publique en prélevant l'argent autoritairement sur les agents économiques. La nomination du président de France Télévisions par le Président de la République est une autre idée qui ne peut être que dommageable pour tout le monde. Toute cette politique audiovisuelle est mauvaise. Christine Albanel ne semble pas se poser de questions quant à son application, et prend à coeur d'appliquer une politique déplorable.

On peut ainsi se poser la question de l'opportunité d'une deuxième coupure publicitaire dans les films sur les chaînes privés, si la publicité était si mauvaise que ça sur les chaînes publiques. L'accusation de rendre service aux dirigeants de TF1 existe, et devient de plus en plus difficile à rejeter. Christine Albanel s'en est même pris à M6 pour l'obliger à dépenser les sommes prévues par quota pour la production dans de la fiction au lieu de lui laisser le choix. M6 a pourtant une forte démarche de production de nouveaux programmes, centrée sur les magazines. Cela fait travailler autant de gens, mais l'idée de Christine Albanel est de forcer chaque chaîne à subir au moins les mêmes contraintes que celles de TF1, afin de ne pas être une menace pour elle. Au final, Christine Albanel semble avoir complètement oublié d'améliorer l'efficacité de son ministère. Elle passe bien plus de temps à polémiquer sur cette réforme de l'audiovisuel, parfois de façon incroyable comme lorsqu'elle explique quels sont les bons et les mauvais programme de France Télévisions. Alors plutôt que d'ouvrir les hostilités face à Julien Courbet et de laisser filer les dépenses en compensant les baisses de revenus de France Télévisions dont elle est à l'origine, ne ferait-elle pas mieux de tout simplement rendre plus efficace la politique culturelle de l'Etat français par rapport à ce qu'elle coûte ?

vendredi 28 novembre 2008

L'heure de Linux

Microsoft a décidé d'arrêter de vendre son ancien système d'exploitation Windows XP. Le but est bien sûr que ce soit la dernière version de Windows, Vista, qui soit installée sur tous les nouveaux PC. Les acheteurs de PC neufs n'ont donc pas le choix du système d'exploitation, puisqu'un PC dispose par définition de Windows. Pourtant Vista est presque unanimement conspué par ses utilisateurs. Problèmes de compatibilité avec d'anciens logiciels ou matériels, besoin de ressources systèmes disproportionnées, prix exorbitant... tout cela vendu de façon forcée avec la plupart des ordinateurs. Certaines personnes en sont venue à parler d'une "taxe Windows", dont on peut prendre conscience lorsque l'on constate la part importante représenté par ce système d'exploitation dans le prix d'un PC neuf. Le quasi-monopole de Microsoft sur les marchés des systèmes d'exploitations et des suites bureautique lui a permis de dégager d'énormes flux de trésorerie chaque année, dont il se sert pour imposer ses autres produits dans d'autres marchés, comme des baladeurs, des consoles de jeux vidéos, ou toute sorte de logiciels conçus par ses concurrents. Evidemment, à chaque fois que la situation de monopole est atteinte sur un marché, les prix s'envolent. Si le business model de Microsoft est performant, les consommateurs et entreprises qui achètent ses produits devraient s'interroger sur les nuisances représentées par cette titanesque corporation.

Des alternatives sont pourtant envisageables. Actuellement, elles gagnent en notoriété, mais elles peinent encore à devenir grand public car elles n'arrivent pas toutes à être faciles d'accès aux utilisateurs habitués aux logiciels Microsoft. Le navigateur Firefox a gagné de nombreuses parts de marché pour avoir réussis à minimiser ces difficultés de transition. Firefox est un logiciel libre gratuit de plus en plus utilisé par le grand public. D'autres logiciels libres sont prometteurs pour constituer une solution de remplacement aux produits Microsoft. Ils constituent même une opportunité de politique publique.

Linux est un système d'exploitation libre, ce qui veut dire qu'il est gratuit. Il est développé par de nombreux développeurs à travers le monde qui s'efforcent d'en améliorer les caractéristiques et la stabilité, à tel point qu'il est parfaitement fonctionnel pour tous les usages. Des entreprises informatiques travaillent sur des distributions de Linux pour entreprises et particuliers, sortes de configurations adaptées selon les utilisations, pour un coût bien plus faible qu'une version de Windows. Ces entreprises auraient tout à gagner à orienter leur recherche et développement pour limiter les difficultés de transitions des logiciels Microsofts aux logiciels libres, quitte même à ce sur certains aspects les logiciels libres aient l'apparence de quasi clones de ceux Microsoft. Cela créerait une formidable opportunité pour tous ceux qui ont à gagner à quitter Microsoft. En France, par exemple, les administrations pourraient progressivement migrer d'un bord à l'autre, d'abord avec la suite bureautique libre OpenOffice dès aujourd'hui, puis ensuite, au prochain renouvellement de matériel à une distribution Linux facile d'accès. Au final les économies représentées seraient considérables au niveau du budget de l'Etat et des collectivités locales, toujours en manque d'argent.

Le très grand marché représenté par les administrations encourageraient les entreprises travaillant autour des logiciels libres à poursuivre leurs efforts, permettant l'émergence d'un concurrent majeur à Microsoft. Les connaissances autour de l'utilisation de logiciels libres se répandraient au sein de la population, diminuant encore davantage le saut d'un système à un autre pour les particuliers et les entreprises. Au bout d'un moment, Microsoft se verrait contraint à la fois de baisser les prix de ses logiciels, mais aussi d'en sortir des versions spéciales pouvant être utilisées sur Linux. Un Etat comme la France aurait donc tout intérêt à mettre en place une véritable politique de transition vers les logiciels libres, vu les gains multiples : économies sur le budget de l'Etat, croissance économique de start-ups travaillant sur ces thèmes, baisses de prix pour les consommateurs, fiabilité renforcée des systèmes informatiques et positionnement de pointe sur ces technologies.

L'heure de Linux arrive, ainsi que celle de tous les logiciels libres. Techniquement, les alternatives sont plus que suffisantes. La transition peut paraître moins évidente, mais s'il y a une volonté partagée pour le faire, tout le monde a à y gagner. Sauf le monopole Microsoft bien sûr.

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