Le modèle de société proné par les économistes néoclassiques est celui où une très forte concurrence règnerait. Ils considèrent en effet que les problèmes économiques proviennent tous de déséquilibres sur les marchés, et ces désiquilibres résulteraient tous d'obstacles à la concurrence. Si celle-ci était la seule force à l'oeuvre, elle suffirait en fait à attribuer à chaque agent économique la rémunération qu'il mérite, une rémunération insuffisante étant le signal qu'une marchandise est en excès, et donc qu'il faut produire sur un autre marché où les rémunérations sont importantes. Le modèle optimal de société est celle où sont appliqués les cinq critères de la concurrence pure et parfaite. Ces critères sont presque indissociables de la théorie néoclassique des marchés à l'équilibre et sont donc très connus. Il s'agit de l'atomicité des agents économiques (un très grand nombre de vendeurs et d'acheteurs fait qu'aucun ne dicte sa loi aux marchés), l'homogénéité des produits (les produits sont substituables), la transparence de l'information (chacun peut savoir gratuitement quels sont les niveaux de rémunérations pour chaque marchandise), la libre entrée et sortie du marché et la libre circulation des facteurs de production (pour que l'équilibre puisse se faire de façon presque instantanée).

Ces cinq conditions à l'établissement de la concurrence pure et parfaite sont très difficiles à retrouver toutes ensembles dans la réalité, et la concurrence pure et parfaite a ainsi pu être qualifiée de chimère d'économiste, alors que dans la véritable vie économique ce sont les oligopoles voire les monopoles qui dominent les marchés. Il y a pourtant quelques marchés sur lesquels on se rapproche fortement de la concurrence pure et parfaite. C'est par exemple les produits financiers se trouvant en bourse, et au premier lieu les marchés d'actions. Les autorités des marchés financiers forcent les entreprises qui ont une grande partie de leur capital au flottant à donner régulièrement des informations sur l'état de leurs finances et de leurs activités. L'offre et la demande d'actions pour chaque entreprise (tout du moins pour celles qui connaissent des volumes de transaction important) sont constamment comparées pour donner le cours de l'action par le mécanisme du commissaire priseur (aujourd'hui fait de façon automatiques par les systèmes informatiques des bourses modernes). Le nombre d'acheteurs et vendeurs d'action est immense, la spéculation augmentant d'autant plus, et le nombre de transactions est considérable. Ainsi, les marchés boursiers respectent la concurrence pure et parfaite, et lorsque l'on voit que les grandes bourses se félicitent de la liquidité qui règne sur les marches qu'elles organisent, on se rend compte que cette concurrence pure et parfaite est tout à fait consciente et organisée.

Mais aujourd'hui, on peut également retrouver des éléments de la concurrence pure et parfaite sur Internet : l'espace virtuel rend possible la rencontre d'un grand nombre de vendeurs et d'acheteurs. Seulement l'information sur les différentes offres pourrait se révéler compliquée. C'est pour cela que sont nés les comparateurs de coûts. Mais le meilleur système sur ce critère reste celui des ventes aux enchères en ligne. A ce titre, eBay se démarque par son très grand nombre d'agents regroupés sur la même place de commerce et le volume des transactions observées. Il est possible à chacun de voir quels sont les résultats de la quasi-totalité de ces transactions, ce qui de facto fait naitre des cours pour chaque produit. En fin de compte, les seuls produits non substituables sont ceux qui sont particulièrement rares, mais le système d'enchères permet à nouveau de mettre en rapport l'offre et la demande et de donner le bon prix, celui d'équilibre, sur chaque marchandise. Et justement, l'une des révolutions d'eBay est ce nouveau mode de commerce qui découle de cette abondance de produits mis en vente et de vendeurs, permettant une concurrence entre eux bénéfique à tout le monde. Dans ce cadre-là, le mécanisme d'un marché fortement concurrentiel tient ses promesses.