En 2005, la dette publique française a encore augmenté, en passant de 64,6 % du PIB à 66,6 %. Dis comme cela, ça ne parait pas bien grave pour la plupart des gens, mais le montant de la dette a des conséquences. En l'occurrence, il s'agit de la charge de la dette, le remboursement des emprunts contractés par la France plus ses intérêts. Il ne faut certes pas oublier que le déficit public est généré tant par l'Etat que par les collectivités locales et les administrations publiques (le trou de la sécu est assez célèbre). Mais rien qu'au niveau du budget de l'Etat, la section "remboursements et dégrèvements" représenteront plus de 20 % des dépenses, avec 68 milliards d'euros. Le déficit, lui, est de 48 milliards. Cela veut dire que nous sommes condamnés à nous endetter pour payer nos dettes. Cela veut aussi dire que sans une dette aussi forte, l'Etat aurait davantage de crédits pour ses politiques publiques, ou bien pourrait baisser d'autant les impôts. Cela a de quoi laisser songeur...

Les critères de Maastricht prévoient que la dette publique doit être inférieure à 60 % du PIB, et le déficit public à 3 %. La Commission européenne se soucie davantage du second critère, car chaque déficit entraîne un emprunt pour le combler, donc une dette supplémentaire. Tant que les nouvelles dettes de la France seront supérieures aux dettes remboursées, la dette globale continuera d'augmenter, et avec les intérêts. Il est possible pour l'Etat d'emprunter, mais ce devrait être limité aux stricts investissements, qui s'amortissent ou qui entraînent des revenus supplémentaires par la suite. Or une grande partie du déficit de l'Etat provient de dépenses de fonctionnement, ce qui n'est pas sain. Il est donc nécessaire de réduire fortement la dette de la France, pour pouvoir plus tard dégager des marges de manoeuvre en ayant des charges de remboursement moins lourdes. Il est difficile de changer brusquement les comportements en ce qui concerne les collectivités locales et les administrations publiques. Mais pour l'Etat, cela suppose évidemment de faire en sorte que le budget soit équilibré, et donc réduire son train de vie.

A ressources équivalentes, la charge de la dette finira donc par fondre, et libérer ainsi des moyens qui a termes seront plus que proportionnels à l'argent économisé par la réforme de l'Etat. Certes, il ne sera plus possible de vouloir relancer artificiellement la croissance par le déficit. C'est pour cela que la Banque Centrale Européenne doit jouer le jeu elle aussi : en étant sûre que les critères de Maastricht, elle pourra et devra faire en sorte que sa politique monétaire prenne davantage en compte le facteur de la croissance économique, au lieu du seul contrôle de l'inflation. Mais en premier lieu, c'est en France qu'il est nécessaire d'avoir le courage nécessaire pour faire gagner en productivité l'Etat.