Qui se souvient de Robert Maxwell ? Dans les années 80, il était un magnat de la presse et des médias, à l'égal de Silvio Berlusconi et de Rupert Murdoch. Parti de rien, il avait bâti un empire de la presse après la seconde guerre mondiale. Propriétaire du quotidien britannique Daily Mirror, il était pour la gauche ce que News Corp était pour la droite en Grande Bretagne. Mais sa mort brutale en 1991 révéla de graves malversations financières qui aboutirent à l'écroulement rapide et spectaculaire de son empire. Vingt ans après, son vieux concurrent Rupert Murdoch est toujours en vie, mais certains parlent déjà de la chute de son propre empire. Les révélations les plus récentes sur le piratage de téléphones portables perpétré par l'hebdomadaire News of the World donnent lieu à un scandale qui n'a eu que peu d'équivalents dans l'histoire.

Si News of the World a d'ores et déjà été fermé, c'est tout News Corp qui se retrouve désormais menacé. Le groupe a du retirer sa proposition de rachat des actions manquantes du bouquet satellitaire BSkyBe. Les enquêteurs commencent à s'inquiéter des méthodes d'autres tabloïds du groupe, comme The Sun. Et aux Etats-Unis aussi, on cherche désormais à savoir si le groupe y a commis des actes semblables. Le coup est rude pour News Corp, mais vu les lignes éditoriales de certains de ses titres, on pouvait s'attendre à ce que leurs façons de faire soient sérieusement remises en cause. News Corp édite certes des titres et des chaînes qui font un travail respectable (comme The Times, The Wall Street Journal ou Sky News), mais d'autres sont vraiment honteux (voir The Sun, The New York Post ou Fox News).

Le point commun de la plupart de ces médias est leur ligne éditoriale conservatrice, conformément aux idées politiques de Rupert Murdoch. A l'instar de Robert Maxwell, celui-ci cherche à acheter autant de l'influence que des sources profits lorsqu'il acquiert un titre. En conséquence, Rupert Murdoch est aujourd'hui l'un des hommes les plus puissants du monde, sa puissance étant donc à la fois éditoriale et politique que financière. L'ancien Premier ministre britannique Tony Blair se montrait ainsi ouvertement soumis au Sun, ayant mal vécu les nombreuses campagnes du quotidien contre les travaillistes.

Rupert Murdoch est donc d'autant plus attaqué actuellement qu'il est très mal vu par un très grand nombre de gens. Mais là où Robert Maxwell était un roublard, Rupert Murdoch s'est montré tout au long de sa vie implacable. En outre, il y a toujours une clientèle pour cette presse de caniveau. Les journaux de News Corp ne sont peut-être pas ceux qui servent le mieux la cause de l'information : le Daily Telegraph, qui avait révélé le scandale des notes de frais du parlement britannique, n'appartient pas à ce groupe. Mais on peut penser qu'il y a encore loin avant qu'ils ne soient abattus d'un bloc.