Réflexions en cours

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vendredi 18 avril 2008

La présidence française de l'Union Européenne

A partir du 1er juillet 2007, la France prendra la présidence du Conseil Européen. La dernière, en 2001, ne fut pas très fructueuse, vu qu'elle accoucha du Traité de Nice, institutions européennes bancales et peu satisfaisantes qui ont eu dès le départ le sérieux besoin d'être améliorées grandement. En 2008, outre les questions institutionnelles qui mettront certainement encore pas mal de temps à être correctement traitées par tous les pays, la présidence française devra prendre en main plusieurs dossiers, des dossiers qui à vrai dire hantent constamment l'Union Européenne.

Ce sera en premier lieu l'environnement : si Angela Merkel avait déjà beaucoup fait avancer les projets de diminution des gaz à effet de serre pendant la dernière présidence allemande en 2007, Nicolas Sarkozy devra reprendre le flambeau pour traiter de tous les types de pollution, maritimes comme atmosphériques, puisque la pollution n'a pas de frontière. Chaque ministre du gouvernement français devenant le chef de projet au niveau européen pendant la présidence, ce sera donc à Jean-Louis Borloo de saisir pleinement ces thèmes. Il en a la carrure, et les solutions concerneront certainement un autre dossier important de l'Europe : l'énergie. L'Allemagne est en avance en matière d'énergies renouvelables, mais sa dépendance au pétrole et au charbon la met en retard en matière d'émissions de CO2. D'une manière générale, l'idée est de faire en sorte que chaque pays copie sur les autres ses meilleurs pratiques environnementales et fasse la promotion d'une industrie exigeante en la matière, quitte à demander une exigence semblable aux autres pays du monde, et à en tenir compte dans les négociations du commerce international.

Autre question pouvant être pertinemment traitée au niveau européen : l'immigration. Les flux de population entrant illégalement sur le territoire sont importants, et ce d'autant plus qu'il se fait en Afrique notamment une idée fausse de l'Europe, comme celle d'un eldorado, alors qu'il n'y a qu'une autre sorte de misère qui attend les immigrés illégaux. Plutôt que de quitter leur pays, ces clandestins doivent se concentrer à le rendre meilleur. Il ne doit donc pas y avoir d'appel d'air pour l'immigration illégale, et cela justifie une politique coordonnée en la matière. La plupart des pays européens sont en face aux mêmes difficultés, seule l'Espagne s'étonne encore des flux continuels d'hommes débarquant sur son territoire du fait de sa politique laxiste.

L'un des points majeurs de la politique étrangère de Nicolas Sarkozy concerne la politique de défense. Il souhaite en effet pouvoir compter sur une Europe de la Défense forte, c'est la raison pour laquelle il a voulu que la France réintègre l'OTAN, pour y avoir une influence. Mais cette Europe de la Défense ne peut être purement synonyme d'OTAN, cela nécessite donc une véritable prise de conscience des différents pays européens de l'importance de l'indépendance européenne en la matière.

L'Europe ne doit également pas se désintéresser de la politique économique. L'Europe de la recherche n'est pas négligeable à ce niveau-là, car elle permet un échange des connaissances qui ne peut qu'être profitable à l'ensemble de l'économie. Les progrès seront en revanche plus difficiles à obtenir en matière d'uniformisation de la fiscalité ou de la protection sociale, les modèles économiques différant très largement entre l'Irlande et la Suède par exemple. Cela ne signifie pas qu'il faille relâcher ses efforts pour autant.

Enfin, la France pourra profiter de sa présidence pour fixer un agenda sur le nécessaire débat sur les frontières de l'Europe. C'est même fortement souhaitable, dans le cadre des futures adhésions. Si les négociations avec la Croatie peuvent légitimement se poursuivre, celles avec la Turquie doivent cesser, ou basculer exclusivement vers le projet d'Union Méditerranéenne défendue justement par Paris. Avec le pouvoir d'initiative que confère la présidence de l'Union Européenne, la France devra faire au mieux pour faire avancer ce dossier capital, peut-être celui qui changera le plus fondamentalement le monde. Pour les autres questions, la France n'est qu'un porteur de relais.

De toute façon, l'exercice ne permet pas des ambitions trop démesurées, le laps de temps est court et les leviers disponibles assez limités en fin de compte. C'est une des raisons pour laquelle une présidence fixe de l'Union Européenne serait avantageuse, comme il l'est prévu dans le Traité de Lisbonne. Il n'est pas question pour la France de résorber à elle seule le déficit d'affection dont souffre l'Union Européenne, mais au moins devra-t-elle veiller à faire partager les projets européens avec ses citoyens, pour que l'Union Européenne soit davantage politique que technocratique.

mardi 8 avril 2008

L'autosuffisance alimentaire en Europe

Le prix des denrées alimentaires augmente. La raison est bien connue : l'augmentation de la demande mondiale, due à l'élévation du niveau de vie des pays en développement. L'offre est plus faible que la demande, donc les prix augmentent. C'est notamment le cas pour les céréales et du lait, dont la consommation augmente fortement en Asie. Les céréales et le lait sont la base de l'alimentation occidentale, directement ou même indirectement, dans la mesure où ils servent soit pour l'alimentation du bétail, soit dans les produits transformés. Le problème frappe directement l'Europe, et cette hausse des coûts entraîne une inflation, en partie à l'origine du mécontentement actuel autour du pouvoir d'achat.

Pourtant, l'Europe est riche en champs céréaliers et en vaches laitières. Il n'y a pas si longtemps, la principale difficulté agricole que traversait l'Union Européenne était la surproduction. La PAC avait d'abord favorisé une logique productiviste en matière agricole, l'Europe se démarquait en étant une grande exportatrice de céréales, et la production de lait était telle que l'Union Européenne était obligée de garder en réserve des stocks énorme que le marché ne pouvait absorber. Afin de mettre un terme à la surproduction, l'Union Européenne a fait évoluer la logique de la PAC, en incitant par des aides les agriculteurs à diminuer leur production.

Cette politique a couté cher à l'Union Européenne, et continue d'être un point de friction entre les différents pays la composant. Mais aujourd'hui, le marché mondial n'est plus le même. Ce lait et ces céréales qui étaient en trop autrefois, on en a besoin désormais. Il est a priori simple de remettre en cause la politique européenne de diminution de la production, et le processus est probablement déjà en cours. Seulement il faudrait être sûr que cette production bénéficie à l'Europe. A l'origine, la PAC avait été encouragée car elle avait notamment l'objectif d'assurer l'autosuffisance alimentaire de l'Europe, lorsqu'elle était en manque à ce niveau-là. Il faudrait donc revenir à cette base, en faisant en sorte que la production issue des sols européens puissent être préemptées pour l'alimentation du continent. Ce serait une façon de moins souffrir de la hausse de la demande d'autres pays, qui se répercutent sur les prix des produits européens. De plus, ce ne serait que justice dans la mesure où l'Union Européenne a pendant des années dépensé des sommes astronomiques pour maintenir les cours et permettre la survie de nombreux agriculteurs. Il est donc temps que le mécanisme joue désormais à notre avantage et permette de limiter la hausse des prix des produits agricoles venant d'Europe, pour la consommation de ses habitants. L'exportation vient quand l'autosuffisance alimentaire est réalisée, l'Europe produit certainement plus qu'elle ne consomme, mais elle n'a pas à souffrir automatiquement des hausses des cours provenant de pays dont la production ne suit pas l'envol de la consommation.

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