Réflexions en cours

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jeudi 29 janvier 2009

10 ans d'euro

Le 1er janvier 1999 marquait la naissance de l'euro, la monnaie commune de 11 pays d'Europe. La monnaie unique constituait la 3ème phase de l'Union Economique et Monétaire, dont le but était de mettre fin aux nuisances des variations de taux de change entre les pays européens. Dans le commerce international, ces variations de taux de change ont toujours représenté des difficultés, leurs évolutions étant bien trop brusques par rapport aux économies. Les économies européennes étant de plus en plus liées les unes aux autres, instaurer des taux de change fixes devenait une nécessité, et le meilleur moyen d'y arriver était la monnaie unique. Ces considérations, si elles touchent peu les citoyens directement dans leur vie quotidienne, n'en sont pas moins essentielles. Il suffit de voir pour cela comment les évolutions comparées de l'euro, de la livre, du dollar ou du yuan continuent d'affecter l'économie pour s'en convaincre. Dans le commerce international, les problèmes monétaires plongent régulièrement des pays dans des crises aigües.

10 ans plus tard, c'était au tour de la Slovaquie de devenir le seizième pays de la zone euro. Cette nouvelle entrée tend à prouver que l'euro est un succès durable, puisqu'il continue à attirer des nouveaux pays. C'est vrai des pays de l'Europe de l'est, qui ont adhéré à l'Union Européenne qu'en 2004 ou 2007, mais cela devient de plus en plus vrai également pour des pays plus anciens pour lesquels la fin de la monnaie nationale était une question taboue. Ainsi, le Danemark recommence à s'intéresser à la question après s'être prononcé autrefois contre. Il faut dire que la non-appartenance du Danemark à la zone euro les force à avoir des taux d'intérêts supérieurs à ceux pratiqués par la Banque Centrale Européenne. En période de crise, cela compte. Et d'ailleurs l'euro constitue un formidable bouclier face aux attaques monétaires qui n'auraient pas manqué de s'abattre sur plusieurs pays de la zone euro lors de la crise actuelle. L'exemple de la Grande Bretagne en est un exemple frappant : la livre sterling chute actuellement, tombant à des niveaux extrêmement bas, approchant même la parité avec l'euro. Cela se traduira par un renchérissement immédiat des biens importés, une évolution susceptible de diminuer significativement le pouvoir d'achat des ménages britanniques. Autrefois impensable, la possibilité d'une adhésion à l'euro commence à refaire surface.

Le danger étant d'en arriver à une situation aussi grave que l'Islande, dont la monnaie s'est effondrée avec l'ensemble du système financier, plongeant le pays dans le désarroi le plus total. Aujourd'hui, ce minuscule pays en terme de population (ayant même moins d'habitants que le Luxembourg) cherche de façon paniquée comment pouvoir adopter l'euro au plus vite. Cela prouve bien la force représentée par la protection d'un groupe entier, un atout évident face aux dangers de la solitude monétaire.

Bien sûr, partager la même monnaie nécessite d'avoir des politiques économiques communes. Mais dès que les économies sont ouvertes les unes aux autres, c'est loin d'être un mal. Du haut de ses dix ans, l'euro est donc appelé à vivre longtemps et à devenir la monnaie d'un nombre encore croissant de populations.

vendredi 16 janvier 2009

L'Espagne cherche à revenir sur ses régularisations massives d'immigrés

De par sa position géographique, l'Espagne est un pays facilement atteignable par les migrants d'origine africaine. D'abord par les enclaves de Ceuta et Melilla, puis via les îles Canaries, les flux d'immigration clandestine visant l'Europe ont été forts à destination de l'Espagne. Celle-ci a mis en place des mesures pour les limiter, mais la portée de telles politiques a été limitées par plusieurs régularisations massives qui ont eu pour effet d'encourager davantage l'immigration clandestine. Le gouvernement de José Luis Zapatero estimait, pour sa part, que l'immigration contribuait à la forte croissance de l'économie espagnole. En effet, l'agriculture était alors en pénurie de main d'œuvre, et les immigrés comblait ce manque pour des salaires très faibles. Mais aujourd'hui, la situation économique n'est plus du tout la même. Il s'avère que si l'économie espagnole a connu d'abord une croissance fondée sur le rattrapage des autres pays occidentaux, elle a ensuite été maintenue par un boom de l'immobilier qui a servi de moteur pour l'économie pendant plusieurs années. A tel point que le BTP représentait une part considérable de la population, demandant l'afflux de travailleurs provenant d'autres métiers. C'est de cette façon que de nombreux Espagnols ont quitté le travail agricole pour le bâtiment, un domaine plus rémunérateur comparativement parlant. D'où la pénurie subséquente dans les exploitations agricoles...

L'envol du marché de l'immobilier a eu comme conséquence de générer une bulle, qui a fini par crever avec la crise économique mondiale. Les projets ont alors été stoppés, et les licenciements ont été massifs dans ce secteur, se répercutant sur toute l'économie espagnole. En 2008, le nombre de chômeurs a augmenté d'un million de personnes, une hausse d'environ 50 %. Il n'existait alors plus aucune pénurie, le nombre de travailleurs excédant alors largement les emplois disponibles, et ce de façon d'autant plus grande que les régularisations massives ont alimenté cette augmentation de la main d'œuvre.

Aujourd'hui, le gouvernement espagnol prend conscience des difficultés posées par la situation. Il met en place des politiques incitant les travailleurs immigrés à retourner dans leur pays d'origine, quitte à payer là-bas les indemnités de chômage de ces travailleurs pendant trois ans. Le but étant de diminuer l'offre de travail, et limiter les effets d'un déséquilibre brutal qui déstabilise l'économie espagnole. Le risque étant l'apparition de tensions entre travailleurs... L'Espagne, hier considérée comme un exemple, est aujourd'hui un pays traversant un contrecoup violent, auquel elle n'était pas préparée.

dimanche 11 janvier 2009

L'Europe par et pour le peuple

En tant que telle, l'idée de construction européenne est plutôt bien accueillie par les différentes populations concernées. Cela se complique néanmoins quant il est fait référence aux institutions européennes existantes, dont l'action est souvent bien peu populaire. Le problème étant que la majorité des gens ne les comprennent pas, les trouvent très éloignées et surtout considèrent que leurs décisions tombent d'en haut, sans concertation ni recours. D'une manière générale, le reproche de technocratisme est fait à l'Union Européenne. Une bureaucratie bruxelloise a obtenu un pouvoir fort au fil des années, mais n'est pas comptable de la façon dont elle l'utilise. Le reproche, systématique, n'est parfois pas sans fondement. La Commission Européenne, notamment, subit dans son action un manque criant de légitimité. Le Conseil Européen est composé des gouvernements des différents pays européens, et chacun de ses gouvernements provient du suffrage populaire. Le Parlement Européen est lui aussi issu de la volonté populaire. La Commission, si puissante, est nommée puis confirmée par ces deux institutions, dont le rôle n'est déjà pas clair dans la tête des citoyens européens. Cela ne suffit pas.

Le projet européen est trop important pour n'être le jouet que des fonctionnaires européens, ou même au mieux, des élites qui arrivent à comprendre comment s'articulent les différents organismes. Dans chaque État, la démocratie permet d'exprimer la volonté populaire dans le but de la recherche de l'intérêt général. Les différents gouvernements sont donc issus du peuple, et doivent travailler pour le bien-être du peuple. Les deux termes sont indissociables, la démocratie permettant évidemment de contrôler l'action publique. Il n'y a pas de raison qu'il en soit autrement pour l'action publique menée au niveau européen. Elle doit elle aussi se faire par le peuple, et pour le peuple.

C'est là la clé de tous les tourments que connaît actuellement la construction européenne. Ce principe essentiel est trop souvent oublié, et les peuples d'Europe doivent être au cœur de tout ce qui est fait par l'Europe en tant que projet collectif. Cela suppose une meilleure couverture médiatique des institutions européennes, mais cela demande surtout davantage de démocratie, de façon plus directe. Le problème de l'Europe, ce n'est pas son côté politique, bien au contraire. C'est le manque de vie politique qui en ronge ses bases. L'Europe a besoin d'être prise en main par le commun des mortels, pour que les peuples d'Europe soit à la fois à l'origine et la destination de son action. Telle est la meilleure réponse à donner aux nombreux doutes.

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