Réflexions en cours

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mardi 30 décembre 2008

De Paris à Prague

En septembre 1938, alors que la France signait les Accords de Munich scellant le sort de la Tchécoslovaquie, un général français en poste à Prague demanda à être relevé de ses fonctions, et se plaça a la disposition de l'armée tchécoslovaque. Louis-Eugène Faucher était en Tchécoslovaquie depuis 1919, y dirigeait la mission militaire française devant former l'armée tchécoslovaque depuis 1926, et ne voulait pas abandonner ce pays que la France avait aidé à obtenir son indépendance. Aujourd'hui, cet acte d'honneur figure en bonne place dans les épisodes de la relation franco-tchèque. Si seul un homme était conscient de la rupture qui se produisait entre les Français et les Tchèques, les bases d'une amitié sincère entre les deux pays en seraient forcément compromises.

Aujourd'hui, la République Tchèque semble n'avoir qu'une foi très modéré dans la construction européenne. En raison des événements historiques passés, on peut comprendre que la fidélité des Tchèques aille davantage envers les Etats-Unis que vers les autres pays du continent. Et, conséquence d'un atlantisme résolu, les projets de politiques européennes autres que celles de déréglementation et de libre échange sont mal vues par le pouvoir politique tchèque. Le passage de témoin entre Paris et Prague devient donc délicat, tant les différences d'opinion sont marquées entre les deux capitales. En étant le premier pays d'Europe de l'est à prendre la Présidence du Conseil Européen, la République Tchèque pourrait marquer le symbole du retour d'une moitié du continent au premier plan des affaires européennes. Malheureusement, le Président tchèque, Vaclav Klaus, est si virulent dans son euro-scepticisme que l'on en vient à se demander pour quelles raisons le pays a-t-il demandé à adhérer à l'Union Européenne. Après tout, ceux qui l'ont créé, au premier rang desquels Jean Monnet et Robert Schuman, n'ont jamais fait de mystère sur la vocation fédéraliste du projet politique naissant.

Toujours est-il que le 1er janvier 2009 marquera à la fois la fin de la présidence française et le début de la présidence tchèque. Le moins que l'on puisse dire est que la présidence française fut une présidence active. Le Président Nicolas Sarkozy s'y est beaucoup investi, et n'a pas hésité à bousculé ses partenaires pour faire avancer les dossiers. Cela a pu être diversement apprécié, mais cela a bien produit des résultats. Au final la présidence française peut notamment être satisfaite d'avoir permis un pacte sur l'immigration et un traité sur la sauvegarde de l'environnement, lancé l'Union pour la Méditerranée, apaisé les Irlandais quant aux réformes institutionnelles, et bien sûr coordonné les réponses des pays européens aux crises géorgienne et financière. Evidemment tout n'est pas réglé, et de nombreux dossiers sont encore en souffrance, mais en terme d'accomplissements, le niveau est bien au-delà de la moyenne des autres présidences.

De son côté, la nouvelle personne en charge de la présidence du Conseil Européen, Mirek Topolanek, le Premier ministre tchèque, devra commencer par faire adopter le Traité de Lisbonne par le Parlement. C'est en effet indispensable pour que la République Tchèque dispose de suffisamment de poids pour faire avancer les dossiers européens. La présidence tchèque suivra trois priorités : l'Economie, la place de l'Europe dans le monde et l'Energie. Pour ce qui est de l'économie, en n'ayant pas l'euro comme monnaie, les problématiques tchèques vont différer de 16 d'une majorité des autres pays européens. Le dossier de l'énergie sera intéressant à traiter, à commencer par la question de l'approvisionnement de l'Europe en gaz. Pour ce sujet, les relations des Tchèques avec les Russes sont notoirement très difficiles. D'une façon générale, comme les attentes vis-à-vis de la présidence tchèque sont faibles, elle aura bien plus de chances de surprendre positivement.

samedi 13 décembre 2008

Traité de Lisbonne : achèvement des ratifications en vue

Brian Cowen, le Premier ministre irlandais, a enfin admis l'idée d'organiser un nouveau référendum sur le Traité de Lisbonne. Après le résultat négatif du référendum du printemps dernier, l'Irlande risquait d'être le seul pays à ne pas avoir ratifié le Traité de Lisbonne. Elle est d'ailleurs l'un des deux derniers pays à ne pas encore l'avoir fait. Un par un, tous les autres l'ont ratifié, ce qui a fait un rythme élevé pour ces 25 pays, dans la mesure où le Traité de Lisbonne a été signé il y un an précisément, le 13 décembre 2007. Il faut dire que l'Union Européenne a bien besoin de sortir des dispositions du Traité de Nice, et l'échec du Traité Constitutionnel Européen n'a fait que ralentir la mise en place de changements institutionnels qui devenaient vraiment urgents. La Présidence française du Conseil Européen a montré le besoin d'un leadership fort de l'Union Européenne, que la présidence tournante rend très aléatoire.

L'autre pays qui n'a pas encore ratifié le Traité de Lisbonne est la République Tchèque. Le Président Tchèque, Vaclav Klaus, est un eurosceptique qui, en fin de compte, ne sert pas très bien la position tchèque en Europe par sa mauvaise volonté. Le Premier ministre, Mirek Topolanek, est plus ouvert à l'Union Européenne, mais n'en fait pas vraiment une priorité : alors que le Traité aurait du être ratifié cette semaine par le Parlement Tchèque, cela a été reporté de plusieurs mois pour d'obscures raisons de politique intérieure. En fin de compte, la situation tchèque ressemble à celle polonaise, l'attitude outrageusement égoïste en moins.

Au bout du compte, la République Tchèque et l'Irlande pourront avoir ratifié le Traité de Lisbonne d'ici l'été (si le peuple l'Irlande se penche sur les vraies questions du Traité), mais les élections européennes de juin prochain se feront encore très certainement sous les règles du Traité de Nice. Au moins les candidats peuvent-ils devancer les évolutions institutionnelles en faisant en sorte que les différentes campagnes portent sur des éléments de politiques européennes plutôt que sur des questions purement nationales. Et qu'en retour, les citoyens européens embrassent ces thèmes qui ont des répercussions immenses sur leurs vies, parfois même sans qu'ils ne le sachent.

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