Réflexions en cours

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jeudi 24 juillet 2008

Droite européenne : besoin d'une clarification

Le gouvernement travailliste de Gordown Brown est au plus bas dans les sondages. Si rien n'est jamais certain en matière d'élections à la venir, le conservateur David Cameron semble promis aujourd'hui à devenir Premier ministre aux prochaines élections générales en 2010. De nos jours, le parti conservateur britannique ne fait pas dans la dentelle en matière de construction européenne : les conservateurs rejettent à peu près tout nouveau projet de l'Union Européenne. Selon eux, l'Union a une vocation de zone de libre échange où est assurée la libre concurrence, le reste n'est vu que comme de la bureaucratie inutile et inefficace. Actuellement, les conservateurs britanniques souhaitent la mort du Traité de Lisbonne, tout comme ils voulaient la mort du Traité Constitutionnel Européen. Ils veulent faire le maximum pour le faire échouer, et sont déterminés à tout bloquer en Europe pour que la Grande Bretagne se libère de tous les traités qu'ils jugent inutiles.

Au Parlement Européen, les tories siègent dans le même groupe que la plupart des partis chrétiens démocrates, qui sont, eux, partisans de la construction européenne. François Bayrou en avait tiré sa conclusion en créant son propre groupe parlementaire et son propre parti politique européen, le Parti Démocrate Européen. Le parti conservateur britannique n'appartient pas vraiment au Parti Populaire Européen, qui est pro-européen, mais son association avec lui dans le même groupe parlementaire empêche un positionnement clair de la droite européenne.

Il est d'ailleurs triste de voir que la droite européenne est autant divisée sur la question de la construction européenne. L'euro-scepticisme exprimé par certains partis tourne parfois au nationalisme, et la haine contre l'Union Européenne fait se rapprocher malgré eux des partis comme les tories britanniques ou le parti polonais Droit et Justice de Lech Kaczynski. Le Parlement Européen a adopté récemment une règle interne pour y diminuer le nombre de groupes politiques. Cela ne doit pas forcément amener les groupes à accueillir des conceptions encore plus diverses, alors que c'est de convergences dont a besoin la politique européenne. Le Parti Populaire Européen devrait, pour bien faire, prendre son indépendance comme groupe politique, et forcer ses membres euro-sceptiques à rejoindre des groupes politiques authentiquement euro-sceptiques. Cela faciliterait les discussions parlementaires, ainsi que la compréhension des débats européens. Quant au cas britannique, on peut y regretter l'absence d'un parti de sensibilité "populaire"...

vendredi 11 juillet 2008

Le message des référendums sur l'Europe

Le référendum organisé en Irlande sur le Traité de Lisbonne a été un échec. De nouvelles institutions ne peuvent être données à l'Union Européenne en l'état, consacrant ainsi le système actuel, où les pouvoirs sont déséquilibrés et qui est globalement peu efficace et pas assez démocratique. Si le Traité de Lisbonne était moins ambitieux que le Traité Constitutionnel, rejeté lui aussi par référendums en France et aux Pays-Bas il y a trois ans, il n'en a pas moins été rejeté. Immédiatement en France, ceux qui avaient souhaité la victoire du non en 2005 se sont réjouis, affirmant avec force que cette fois-ci il fallait tenir compte du message envoyé par les citoyens. Ce serait une bonne idée, si elle pouvait surmonter la question : quel message ?

Le débat irlandais sur la question a été d'un très faible niveau. Un point farfelu qui a été évoqué fut le fait que le Traité de Lisbonne obligerait l'Irlande a accepter l'avortement. Pourtant, sur des bases semblables les partisans du non en France affirment que les mêmes dispositions interdiraient l'avortement. Les euro-sceptiques anglo-saxons pointent du doigt une Europe qui introduit toujours plus de bureaucratie par ses réglementations, alors que les euro-sceptiques français conspuent une Europe trop libérale. Cette foire aux incohérences devient d'autant plus spectaculaire qu'en refusant le Traité de Lisbonne, les Irlandais obligent l'Europe à rester sur le Traité de Nice, qu'ils avaient également rejeté il fut un temps. Et en France, le seul argument intelligible (mais non pas pertinent) des euro-sceptiques portait sur l'inscription dans une constitution des politiques pratiquées par l'Union Européenne. Ce n'est plus le cas dans le Traité de Lisbonne, mais celui-ci est quand même conspué par les euro-sceptiques français, au motif qu'il est directement tiré du Traité Constitutionnel. Seule la partie sur les institutions, qui n'avait posé de problème à personne en 2005, en est directement tirée. Les acharnés de l'opposition à l'Union Européenne se découvrent donc pour la circonstance hostile à ces nouvelles institutions. Cette argumentation se noie dans l'absurde avec l'argument selon lequel il faut rejeter le Traité de Lisbonne parce que l'Europe actuelle n'est pas assez démocratique, alors que ce traité permet justement d'améliorer ce point.

Au final, il est difficile de se définir à la fois comme partisan de la construction européenne et hostile à ces nouveaux traités lorsque l'on voit dans les faits les effets de tels refus. La Pologne, par l'intermédiaire de son Président Lech Kaczynski, semble déjà déterminée à bloquer encore plus toute construction européenne, alors qu'elle avait déjà beaucoup nui à la solidité des institutions pensées dans le cadre du TCE lors de sa renégociation l'année dernière. Au Royaume-Uni, la perspective de voir des conservateurs partisans d'une Union Européenne minimaliste se rapproche à grands pas, comme une menace implacable sur l'Europe. Tout cela montre qu'il n'y a pas de message dans ces référendums perdus, les causes sont trop différentes, et elles sont surtout d'une rationalité bien variable.

Et s'il n'existe aucun message clair, le principal enseignement semble être celui-ci : les peuples d'Europe ne se sentent pas concernés par l'Union Européenne. Le point véritablement à noter en Irlande fut la force de l'abstention, montrant surtout que ceux qui ne comprenaient pas le débat ne préféraient pas s'exprimer. Cette attitude, au moins, a une certaine cohérence. Plus que jamais, la construction européenne a besoin d'être soutenue par la population, et cet élan populaire lui fait actuellement gravement défaut. Il faudra tirer les conséquences du manque de cet aspect politique dans le fonctionnement de l'Union Européenne. Mais aujourd'hui, l'urgence est bel et bien d'arriver à de nouvelles et meilleures institutions. Celles du Traité de Lisbonne peuvent justement donner la possibilité d'un tel élan populaire...

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