Réflexions en cours

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mercredi 25 juin 2008

Le référendum pan-européen

L'échec du référendum irlandais portant sur le Traité de Lisbonne a porté un nouveau coup dur à la construction européenne. La participation a été très faible, l'abstention atteignant 47 %. En conséquence, seuls 109 964 suffrages ont fait la différence, et bloquent l'adoption d'institutions européennes plus efficaces. C'est bien peu, par rapport au 500 millions d'habitants de l'Union Européenne. Certains parmi les fédéralistes européens refusent ce blocage démocratique par une si petite minorité. Comme après les référendums français et néerlandais, ils préconisent l'utilisation d'un référendum pan-européen, qui poserait la même question le même jour à l'ensemble des électeurs de l'Union Européenne. Dans leur idée, cela éviterait qu'un pays bloque tous les autres, tout en faisant appel à la légitimité populaire. C'est aussi le raisonnement adopté dans le cadre d'éventuels référendums sur l'adhésion de nouveaux membres : la France n'aurait pas le droit de décider seule d'un possible refus de la Turquie par exemple, il faudrait que tous les citoyens européens s'expriment sur la question.

Mais cela veut dire qu'un pays qui ne serait majoritairement pas d'accord sur une décision fondamentale pourrait se la voir imposée. Cela n'a de sens que si le concept de nation n'est plus opérant, si la souveraineté s'exprime uniquement au niveau européen. La prise de décision au niveau européen peut très bien se concevoir pour les affaires dont le traitement est pertinent à ce niveau-là, et ces domaines doivent être acceptés au préalable par tous les pays. Mais pour cela, il faut que chaque pays ait auparavant donné son accord sur ce transfert de compétence. Ici, les partisans d'un référendum pan-européen souhaitent donc créer une Europe fédérale en s'appuyant sur une disposition qui présuppose déjà l'existence d'un fédéralisme très poussé. Ils s'illusionnent malheureusement en croyant que c'est possible. La construction européenne ne doit pas être forcée à ce point.

En plus, rien ne permet d'être vraiment sûr que les résultats de tels référendums pan-européens seraient conformes aux souhaits de ceux qui en préconisent l'utilisation. Les blocages seraient alors vraiment définitifs. Et il n'est pas dit qu'il soit possible d'organiser un référendum dans toute l'Europe, dans la mesure où le référendum n'est plus une pratique allemande depuis le IIIème Reich. Les partisans du référendum pan-européen sont donc sincères dans leur démarche, mais ils souhaitent voir arriver la construction européenne à son terme bien plus tôt que ce qui est possible. Ils oublient surtout que la démarche fédéraliste ne doit pas aller contre les nations qui composent l'Europe, elles forment le socle solide de ses différents pays et l'Histoire a prouvé les échecs de ceux qui ont cru pouvoir ignorer ce facteur. La construction européenne est un travail long et difficile, elle prendra encore des décennies avant d'arriver à sa forme finale, et même à ce moment là, elle devra respecter avec soin les différentes nations européennes. En conséquence, il ne peut être question d'un référendum pan-européen dans un avenir proche.

mercredi 11 juin 2008

La roulette irlandaise

En Irlande, tous les traités européens doivent être approuvés par référendum. Cela avait déjà été difficile pour le Traité de Nice, cela semble être encore plus dur pour le Traité de Lisbonne, dont le sort s'y joue demain. Les sondages se contredisent sur l'issue du scrutin, mais se rejoignent pour noter la forte proportion d'indécis. Si les choses sont aussi incertaines, c'est que le débat n'est pas clair en Irlande. A l'instar de ce qu'il s'était passé en France en 2005, les arguments les plus improbables sont mis en avant par les partisans du non dans le but d'instaurer la confusion dans la tête des électeurs. L'analyse réfléchie n'a pas voix au chapitre, et cette consultation sert surtout à faire la liste des préoccupations des Irlandais. Mais pour résumer, si l'Irlande a beaucoup profité de son intégration dans l'Union Européenne, les Irlandais angoisseraient de l'arrivée des pays de l'est en son sein, menaçant de se voir attribués une grande partie des aides structurelles européennes qui ont fait leur bonheur jusqu'à présent. Hors c'est justement l'arrivée de ces nouveaux pays que le Traité de Lisbonne encadre, entre autres.

Si le "non" venait à l'emporter, et que cette explication venait à s'imposer, cela montrerait surtout les considérations égoïstes qui demeurent dans l'Union Européenne. Dès lors, quelle peut être l'avenir de celle-ci ? Après la crise de 2005, l'Europe se relèverait encore plus difficilement d'un nouveau coup fatal. Les anti-Européens fondent de grand espoir dans le résultat de demain, et le risque pour la construction européenne n'est pas faible. Pour ceux qui sont en faveur de cette dernière, l'inquiétude est grande. Cela revient à jouer l'avenir sur un coup de roulette russe, avec un barillet assez bien remplie. Mais en attendant le résultat, face à l'impuissance des pro-Européens non Irlandais dans ce débat, la seule chose à faire reste de compter sur la sagesse du peuple irlandais, ils ont eux au moins pu voir où les "non" français et néerlandais avaient aboutis : au recul de l'Europe. Ils doivent pouvoir en tirer les conséquences.

vendredi 6 juin 2008

Qui est votre candidat ?

Plusieurs associations pro-européennes (dont le Mouvement Européen) ont décidé de lancer une initiative demandant aux différents partis politiques de chaque pays de l'Union Européenne de désigner leur candidat au poste de Président de la Commission Européenne, et ce avant les élections européennes de 2009. L'idée est que celles-ci se fassent avec un enjeu clair : le parlement européen qui en sera issu aurait alors un mandat pour désigner le Président de la Commission, ce qui se ferait concrètement lors de l'approbation de celui-ci par le parlement (ou même de sa désignation, si le Traité de Lisbonne est opérationnel d'ici là). Si les partis politiques annoncent le candidat qu'ils soutiennent, la désignation du Président de la Commission Européenne se ferait alors de manière transparente et démocratique, et vu l'influence qu'a celui qui occupe ce poste, il est largement souhaitable que l'on sorte des désignations faites à la suite de négociations obscures lors des Conseils Européens. De plus, cela permettrait de donner un élément de débat pour l'élection du parlement européen, et ainsi de favoriser la discussion sur l'évolution de l'Europe que souhaite les peuples européens, en lieu et place des débats purement nationaux souvent accompagnés d'absentéisme élevé.

Cette initiative en faveur de la démocratie européenne est donc une bonne idée qu'il faut aider. Pour cela, une pétition a été mise en place sur un site expliquant également cette prise de position en détails. Tous les courants d'idée d'Europe ont à y gagner.

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