Réflexions en cours

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jeudi 15 décembre 2011

François Hollande irresponsable vis-à-vis de l'Europe

Le dernier Conseil Européen a conclu à un accord entre 26 pays pour adopter un nouveau traité ébauchant une politique économique commune. L'un de ses objectifs est de mettre en place des mesures pour assainir les finances publiques des pays européens, et surmonter in fine la crise des dettes souveraines. Mais dès lundi, il fut attaqué par François Hollande, candidat d'un grand parti français à la présidentielle : s'il est élu, il cherchera tout simplement à le renégocier. Peu importe qu'il ait obtenu l'assentiment de 26 pays, un exploit de nos jours, François Hollande cherche à le saborder avant même qu'il soit mis en place. Il veut inclure dans ce traité l'intervention de la Banque Centrale Européenne et des euro-obligations, deux politiques farouchement rejetées par l'Allemagne. Donc il veut en fait mettre à mal l'accord actuel pour aller au clash avec l'Allemagne.

Dans le climat de germanophobie qui règne actuellement au Parti Socialiste, ce n'est pas si étonnant que ça. Mais l'Union Européenne n'a pas été construite avec des politiques de coups de menton. En croyant pouvoir faire cavalier seul sur les questions européennes, François Hollande se montre irresponsable non seulement vis-à-vis de l'Europe et de l'Euro, mais aussi vis-à-vis de la France. Ce qui est malheureux, c'est que dans sa position actuelle, une telle déclaration est propre à affaiblir dès maintenant les économies européennes.

François Hollande ne veut pas non plus voter pour l'inscription de la règle d'or dans la Constitution, une mesure également prévue par cet accord. Les circonstances actuelles ne font pourtant que nous rappeler le danger d'avoir des déficits publics structurels, et la nécessite d'une gestion budgétaire rigoureuse. Mais ce n'est même pas cela qui est contesté : cette opposition ne se fait que sur des bases purement politiciennes. Peu importe l'intérêt général, pour les socialistes, le vrai drame, ce serait de se trouver d'accord ne serait-ce qu'une seule fois avec la majorité. Il y avait pourtant là la possibilité de dépasser les clivages pour travailler ensemble à une mesure salutaire. Or pour le candidat socialiste, il n'y a plus déjà que des calculs électoraux à court terme. On ne peut que regretter l'absence de vision d'ensemble de François Hollande, et espérer qu'avant l'élection, sa "présidentialisation" se fasse davantage par une meilleure maturité intellectuelle que par un port de tête hautain.

lundi 12 décembre 2011

L'influence perdue de la Grande Bretagne en Europe

Le dernier Conseil européen fut le théâtre de mouvements importants pour l'Union Européenne. Certes, il est difficile de savoir si l'accord auquel sont arrivés les dirigeants européen ouvrira la voie de la sortie de la crise des dettes souveraines. Mais il n'en est pas moins significatif. Pour commencer, il s'agit là de la première ébauche de politique économique commune... la politique économique commune en question étant celle de la rigueur budgétaire. On reprend ainsi les critères de convergence de stabilité, mais en se montrant plus strict, et intégrant davantage ces politiques économiques via une coopération renforcée. Le traité n'est pas encore précisément rédigé, mais ses grandes lignes sont connues. Le but étant qu'il soit formellement voté par chaque participant en l'espace de quelques mois, et qu'en attendant, ces grandes lignes soient d'ores et déjà appliquées par les gouvernements actuels.

L'autre évolution significative est la perte presque totale par la Grande Bretagne de son influence dans les institutions européennes. L'euroscepticisme virulent du parti conservateur britannique dessert grandement son pays. Le premier mouvement dans ce sens était le départ de ce parti du Parti Populaire Européen pour un groupe politique eurosceptique mais marginal. Encore récemment, la demande de certains députés d'organiser un référendum de sortie de l'Union Européenne a montré aux autres pays européens que la Grande Bretagne se montrait peu déterminée à jouer son rôle en Europe. Mais le coup de grâce fut la stratégie de négociation irréfléchie adoptée par David Cameron pour ce dernier sommet.

Angela Merkel voulait changer le Traité de Lisbonne pour y intégrer les nouvelles règles de rigueur budgétaire. C'était un objectif compliqué : sa ratification fut difficile, et c'était comme rouvrir la boîte de Pandore. Mais il n'était pas nécessaire de le modifier forcément, il était également possible de rajouter un nouveau traité supplémentaire avec ces nouvelles règles, tel un addendum ne concernant que ceux qui l'auraient signé. David Cameron a rapidement montré ô combien une modification du Traité de Lisbonne serait prise en otage pour tout et n'importe quoi : il s'opposait à toute modification s'il n'obtenait pas que la City soit épargnée de toute réglementation européenne sur les marchés financiers. Vu le rôle de ceux-ci dans le déclenchement de la crise financière de 2008 et sa propagation, c'eut été se tirer une balle dans le pied. Cette demande fut donc refusé nettement par les autres pays européens.

La stratégie britannique se révéla alors faible car l'accord de David Cameron n'était pas obligatoire. Nicolas Sarkozy avait comme plan de secours la possibilité d'un traité supplémentaire ne concernant que les pays de la zone euro. Les 17 pays en faisant parti se mirent rapidement d'accord, remplissant de facto l'objectif initial. En dehors de la Grande Bretagne, les pays n'appartenant pas encore à la zone euro n'ont pas voulu rester sur le bas côté, et ont alors décidé d'accepter également ce traité. La Grande Bretagne se retrouva alors seule, n'ayant ni son mot à dire sur ce traité, ni une garantie que la City sera protégée. On va désormais découvrir que l'on peut avancer sans elle.

Historiquement, la Grande Bretagne s'est attachée à avoir une certaine influence au fil des siècles sur les événements continentaux. Mais dernièrement, elle a cru qu'elle pouvait faire coïncider la politique européenne avec ce qu'elle croît être ses intérêts nationaux. En ne voulant rien concéder et en voulant tout obtenir, elle s'est elle-même mise hors jeu. Et de ce fait, nous assistons à une baisse de la puissance de nos voisins d'outre Manche.

lundi 5 décembre 2011

Pour le PS, l'Allemagne paiera

Le Parti Socialiste a fait une salve de déclarations qui ressemblent à un tir groupé : feu sur l'Allemagne ! Et plus précisément, pour attaquer l'Allemagne, le PS a décidé de la dépeindre comme une menace, en évoquant les pires moment de l'histoire de nos voisins d'outre Rhin, à croire que l'on est en conflit ouvert avec eux. Dans cette catégorie, il y a eu Arnaud Montebourg, qui a accusé la chancelière allemande Angela Merkel de faire "une politique à la Bismarck", démontrant un resurgissement du nationalisme allemand. D'après lui, elle "construit la confrontation pour imposer sa domination". Voilà des propos lamentables, mais le pire c'est qu'ils ne sont pas isolés. En effet, un autre député socialiste, Jean-Marie Le Guen, a comparé la rencontre de Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel et Mario Monti à Strasbourg à celle de Daladier à Munich en 1938, ce qui fait d'Angela Merkel... Adolf Hitler, ni plus ni moins. Voilà pour le sens des proportions. Et ce genre d'analogies continue, avec Julien Dray qui a comparé hier le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon au sabordage de la flotte française face à l'arrivée de l'armée allemande en 1942. Pour les socialistes, le gouvernement allemand est donc comparable aux nazis, et discuter avec lui fait des responsables français des lâches n'ayant pas le courage de lutter.

Aujourd'hui, François Hollande rencontre le SPD allemand, qui n'est pas au pouvoir. Cela ne servira pas à grand chose dans l'immédiat. S'il est élu Président de la République, c'est bien avec Angela Merkel et ce gouvernement que les socialistes trouvent si horrible qu'il devra traiter. En matière de politique européenne, le projet du PS semble considérer que le Parti Socialiste français décidera ce qu'il veut comme il veut. Pourtant, la diplomatie est toujours une affaire de compromis, et par définition, on obtient jamais totalement ce que l'on veut si l'on fait des concessions. Le Parti Socialiste pense qu'un compromis est un signe de lâcheté face à une Allemagne hégémonique. Voilà une vision européenne bien malsaine. Quant aux clichés que les socialistes nourrissent sur nos premiers partenaires, ils sont consternants.

Cette agressivité est d'autant plus forte que la France est en position de faiblesse : elle ne peut pas forcer l'Allemagne à faire quelque chose qu'elle ne veut pas. Le PS voudrait que l'Allemagne vienne plus fort à la rescousse de tous les pays dont les finances publiques n'ont pas été gérées rigoureusement. Comme d'habitude, il défend un Etat Providence où c'est toujours quelqu'un d'autre qui paie. Dans la vision historique des relations franco-allemandes, la référence des socialistes ici, c'est "l'Allemagne paiera", comme lorsqu'il fallait forcer l'Allemagne à payer la reconstruction française après la première guerre mondiale. Mais tout cela appartient au passé, et l'archaïsme économique du PS ne doit pas se transformer en archaïsme diplomatique également.

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