Le dernier Conseil Européen a conclu à un accord entre 26 pays pour adopter un nouveau traité ébauchant une politique économique commune. L'un de ses objectifs est de mettre en place des mesures pour assainir les finances publiques des pays européens, et surmonter in fine la crise des dettes souveraines. Mais dès lundi, il fut attaqué par François Hollande, candidat d'un grand parti français à la présidentielle : s'il est élu, il cherchera tout simplement à le renégocier. Peu importe qu'il ait obtenu l'assentiment de 26 pays, un exploit de nos jours, François Hollande cherche à le saborder avant même qu'il soit mis en place. Il veut inclure dans ce traité l'intervention de la Banque Centrale Européenne et des euro-obligations, deux politiques farouchement rejetées par l'Allemagne. Donc il veut en fait mettre à mal l'accord actuel pour aller au clash avec l'Allemagne.

Dans le climat de germanophobie qui règne actuellement au Parti Socialiste, ce n'est pas si étonnant que ça. Mais l'Union Européenne n'a pas été construite avec des politiques de coups de menton. En croyant pouvoir faire cavalier seul sur les questions européennes, François Hollande se montre irresponsable non seulement vis-à-vis de l'Europe et de l'Euro, mais aussi vis-à-vis de la France. Ce qui est malheureux, c'est que dans sa position actuelle, une telle déclaration est propre à affaiblir dès maintenant les économies européennes.

François Hollande ne veut pas non plus voter pour l'inscription de la règle d'or dans la Constitution, une mesure également prévue par cet accord. Les circonstances actuelles ne font pourtant que nous rappeler le danger d'avoir des déficits publics structurels, et la nécessite d'une gestion budgétaire rigoureuse. Mais ce n'est même pas cela qui est contesté : cette opposition ne se fait que sur des bases purement politiciennes. Peu importe l'intérêt général, pour les socialistes, le vrai drame, ce serait de se trouver d'accord ne serait-ce qu'une seule fois avec la majorité. Il y avait pourtant là la possibilité de dépasser les clivages pour travailler ensemble à une mesure salutaire. Or pour le candidat socialiste, il n'y a plus déjà que des calculs électoraux à court terme. On ne peut que regretter l'absence de vision d'ensemble de François Hollande, et espérer qu'avant l'élection, sa "présidentialisation" se fasse davantage par une meilleure maturité intellectuelle que par un port de tête hautain.