Le Parti Socialiste a fait une salve de déclarations qui ressemblent à un tir groupé : feu sur l'Allemagne ! Et plus précisément, pour attaquer l'Allemagne, le PS a décidé de la dépeindre comme une menace, en évoquant les pires moment de l'histoire de nos voisins d'outre Rhin, à croire que l'on est en conflit ouvert avec eux. Dans cette catégorie, il y a eu Arnaud Montebourg, qui a accusé la chancelière allemande Angela Merkel de faire "une politique à la Bismarck", démontrant un resurgissement du nationalisme allemand. D'après lui, elle "construit la confrontation pour imposer sa domination". Voilà des propos lamentables, mais le pire c'est qu'ils ne sont pas isolés. En effet, un autre député socialiste, Jean-Marie Le Guen, a comparé la rencontre de Nicolas Sarkozy avec Angela Merkel et Mario Monti à Strasbourg à celle de Daladier à Munich en 1938, ce qui fait d'Angela Merkel... Adolf Hitler, ni plus ni moins. Voilà pour le sens des proportions. Et ce genre d'analogies continue, avec Julien Dray qui a comparé hier le discours de Nicolas Sarkozy à Toulon au sabordage de la flotte française face à l'arrivée de l'armée allemande en 1942. Pour les socialistes, le gouvernement allemand est donc comparable aux nazis, et discuter avec lui fait des responsables français des lâches n'ayant pas le courage de lutter.

Aujourd'hui, François Hollande rencontre le SPD allemand, qui n'est pas au pouvoir. Cela ne servira pas à grand chose dans l'immédiat. S'il est élu Président de la République, c'est bien avec Angela Merkel et ce gouvernement que les socialistes trouvent si horrible qu'il devra traiter. En matière de politique européenne, le projet du PS semble considérer que le Parti Socialiste français décidera ce qu'il veut comme il veut. Pourtant, la diplomatie est toujours une affaire de compromis, et par définition, on obtient jamais totalement ce que l'on veut si l'on fait des concessions. Le Parti Socialiste pense qu'un compromis est un signe de lâcheté face à une Allemagne hégémonique. Voilà une vision européenne bien malsaine. Quant aux clichés que les socialistes nourrissent sur nos premiers partenaires, ils sont consternants.

Cette agressivité est d'autant plus forte que la France est en position de faiblesse : elle ne peut pas forcer l'Allemagne à faire quelque chose qu'elle ne veut pas. Le PS voudrait que l'Allemagne vienne plus fort à la rescousse de tous les pays dont les finances publiques n'ont pas été gérées rigoureusement. Comme d'habitude, il défend un Etat Providence où c'est toujours quelqu'un d'autre qui paie. Dans la vision historique des relations franco-allemandes, la référence des socialistes ici, c'est "l'Allemagne paiera", comme lorsqu'il fallait forcer l'Allemagne à payer la reconstruction française après la première guerre mondiale. Mais tout cela appartient au passé, et l'archaïsme économique du PS ne doit pas se transformer en archaïsme diplomatique également.