Le paysage politique abonde à nouveau en candidats à la présidentielle, et ceux-ci s'inquiètent de ne pas pouvoir prendre part au scrutin. Certains souhaitent que les parrainages des maires se fassent de façon non publique, dans une étonnante volonté de réduire la transparence en politique, alors qu'il s'agit là d'élus dont les décisions doivent pouvoir être évaluées par leurs électeurs. D'autres pointent du doigt des pressions exercées par des grands partis sur les maires pour qu'ils ne parrainent pas des candidats de petits partis. Enfin, il y en a aussi qui préféreraient un autre système, à base de parrainage populaire...

Tout cela fait en fait partie du folklore habituel de la présidentielle. Récolter 500 parrainage de maires, pour un candidat qui compte peu de militants, c'est bien évidemment dur. Pourtant, on ne peut pas dire que l'élection présidentielle soit verrouillée. Depuis 1974, il y a eu à chaque scrutin entre 9 et 16 candidats. C'est plus que le nombre de vrais tendances politiques distinctes. Du coup, on se retrouve avec des candidats qui n'ont qu'une seule thématique, et sont dépourvus de réflexions en dehors. Par exemple, quelles sont les orientations de Chasse, Pêche, Nature et Tradition en matière de politique internationale ? Les "petits candidats" ont beau se plaindre, ils sont toujours là le jour de l'élection. Avoir trois candidats trotskistes à une telle élection est quand même un exploit en soi pour la France.

On voit donc qu'ils arrivent donc à se présenter malgré tout. C'est après tout normal : le principe d'une démocratie, c'est que si quelqu'un pense pouvoir faire mieux que le pouvoir en place, il doit pouvoir proposer sa candidature pour le remplacer. Les maires représentent un filtre nécessaire : on peine à imaginer qu'il y ait encore plus de candidats. Avoir une vingtaine de noms finirait par tuer le débat de fait. En effet, en période de campagne officielle, les médias audiovisuels sont tenus de respecter une égalité de temps de parole entre chaque candidat. Et c'est paradoxalement en campagne officielle que les médias diminuent leur temps d'antenne qui y consacrée, vu qu'il est compliqué de respecter une telle égalité entre tant de personnes.

Pas besoin d'une quelconque réforme donc. Et comme les concurrents à une même élection s'opposent, ils n'ont pas à se donner de coup de main. Difficile donc de reprocher aux partis de demander à leurs adhérents de ne pas soutenir une candidature extérieure. Les maires indépendants, ce n'est pas ce qui manque en France. D'ici quelque mois, on verra à nouveau que les "petits candidats" auront réussi à se frayer un chemin jusqu'à l'élection.