Réflexions en cours

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lundi 9 juillet 2012

Comment faire un nationalisme européen

Les fédéralistes européens se heurtent fréquemment à un obstacle de taille : il n'y a pas de nation européenne. Alors que nous nous sommes habitués au cadre de l'Etat nation, les citoyens des pays européens n'ont pas vraiment conscience d'avoir l'avenir en commun. Pire, dans plusieurs pays, dont la France, le nationalisme représente un mouvement important, parfois encore en progression. "Le patriotisme, c'est l'amour de son pays, le nationalisme, c'est la haine des autres pays" dit-on. L'Europe est bien placée pour connaître tous les effroyables dégâts, elle en a payé les conséquences dans deux guerres mondiales qui se sont déroulées sur son territoire. Le nationalisme s'est développé au XIXème siècle. A l'époque, les choses semblaient en apparence plus calmes, mais le long mouvement de formation des nations était comme un marmite qui bouillait de plus au plus, jusqu'à finalement exploser.

La formation d'une nation ne passe heureusement pas forcément par la désignation d'un ennemi à combattre, justifiant que l'on se regroupe comme un peuple uni. Mais l'artifice a été employé par des idéologues apprentis sorciers dans de nombreux cas. En France, pour les révolutionnaires, les nobles, d'abord français, puis étrangers, ont représenté un bouc émissaire justifiant un pays uni, centralisé, au delà des particularismes régionaux. En Grèce, la lutte contre les Ottomans turcs a été le mouvement historique permettant d'arriver à l'indépendance. En Italie, l'unification d'un pays morcelé s'est faite contre la domination autrichienne, dont l'origine remontait pourtant à Charlemagne. Et l'Allemagne divisée a même trouvé en la France un adversaire de circonstance permettant de justifier la création du second Empire allemand en 1871.

Est-il impossible qu'il y ait des nationalistes européens ? Posons la question sous d'autres termes : s'il y avait des nationalistes européens, comment feraient-ils pour lancer un mouvement populaire attisant les passions, menant à l'unité à travers la confrontation contre un adversaire plus ou moins justifié ? Eh bien quand on voit les nationalistes de chaque pays européen, on ne peut évidemment pas dire qu'ils soient très favorables à la construction européenne. Mais un autre de leurs points communs est leur rejet de l'Islam, vue comme une menace pour leurs valeurs nationales individuelles.

L'Histoire est bien sûr instrumentalisée par les nationalistes de tous poils. Et à travers les habituelles simplifications souvent abusives, d'un point de vue historique, les musulmans se retrouveraient facilement à être désignés comme les adversaires séculaires des Européens dans leur ensemble. Les nationalistes présenteraient alors les invasions sarrasines et mahométanes comme un mouvement global contre lequel les Européens se seraient illustrés. La bataille de Poitiers de 732, où Charles Martel porte le coup d'arrêt à l'expansion musulmane dans l'Europe de l'ouest est déjà assez célèbre. L'Espagne mettra des centaines d'années à opérer la reconquête jusqu'au bout de l'Andalousie. Dans l'Europe du sud est, la chute de Constantinople de 1453 est emblématique de la poussée ottomane dans cette région, et est suivie de deux siècles de conflits avec le Saint Empire Romain Germanique. La bataille de Vienne de 1683 est le pendant de la bataille de Poitiers.

Alors que la religion musulmane prenait de l'ampleur autour de la Méditerranée, les royaumes occidentaux ont tenté ce qui peut s'apparenter à des contre offensives, les croisades. Mais alors que les papes appelaient régulièrement à des croisades, d'abord au Proche Orient, ensuite pour secourir l'Empire byzantin attaqué, les rois de l'Europe de l'ouest préféraient guerroyer les uns contre les autres. Cette désunion pourrait alors être présentée comme un facteur nuisible à l'Europe et à ses intérêts, surtout face à un défi commun.

Dans un tel cadre, le principal élément "unificateur" de l'Europe se trouverait donc être la religion chrétienne, ou au minimum la culture chrétienne. On comprend mieux le débat qu'avait provoqué la possibilité d'inscrire la référence aux "racines chrétiennes de l'Europe" dans le Traité Constitutionnel Européen au moment de son élaboration. Alors que tout débat autour de l'Islam est plus que jamais hautement inflammable, et que l'avenir des pays musulmans autour de la Méditerranée reste incertain, le terrain est probablement propice pour ce genre de mouvement explosif. Il faut donc faire attention : jusqu'à présent, il n'y a pas eu de liaison entre les différents nationalismes "nationaux" des pays Européens. Et pour cause, puisqu'ils sont trop occupés à servir de boucs émissaires les uns aux autres. Mais si un jour ils se trouvent un bouc émissaire commun, le problème du nationalisme changerait totalement de dimension.

dimanche 1 juillet 2012

Pour vos vacances, allez en Grèce !

En Grèce, rien n'est réglé. Le pays croit encore avoir le luxe de se permettre des crises politiques, ce qu'on a vu avec des élections législatives qu'il a fallu refaire après avoir constaté qu'elles n'avaient pu porter une majorité au pouvoir. D'un côté, l'exaspération pousse les Grecs à voter pour des partis extrémistes. De l'autre, ils continuent de croire qu'ils traversent certes une grave crise économique, mais qu'elle n'est pas pire qu'ailleurs. En fin de compte, ils continuent de croire qu'ils peuvent avoir le beurre et l'argent du beurre, c'est à dire continuer à avoir l'euro comme monnaie, mais sans passer par les (très dures) réformes imposées par les bailleurs de fonds internationaux. Ces dernières décennies, ils ont connu une forte croissance et même une certaine prospérité en vivant à crédit. Ils peinent à comprendre que c'est tout une philosophie de vie qui doit changer.

La France n'est pas fort bien placée pour donner des leçons à la Grèce, vu qu'elle a les mêmes torts, ils sont simplement un peu moins prononcés. La situation à long terme de la Grèce est encore incertaine, et il lui faut toujours éviter de retourner au tiers monde. Elle n'a pas beaucoup d'industrie, mais elle a au moins une activité économique qui était une force : le tourisme. Seulement, le tourisme est lui aussi gravement handicapé à cause de cette crise économique. Non pas que les touristes aient tellement moins de moyens pour visiter le pays, mais ils semblent en avoir moins envie. Les reportages sur la Grèce sont parfois caricaturaux, et peignent un pays où plus rien ne fonctionne. Ce n'est pas la réalité. Toutes les infrastructures sont intactes, et la capacité de la Grèce a accueillir les visiteurs reste la même par rapport à il y a quelques années. L'accueil des Grecs est extrêmement chaleureux, et il y a de la place dans les hôtels. A vrai dire, l'infortunée désertion du pays par les touristes se voit rapidement dans les salles de restauration des établissements, bien peu occupées par rapport à leur capacité.

Evidemment, les monuments grecs n'ont pas bougé d'un millimètre. C'est un pays qui a une histoire passionnante, et dont l'influence a été primordiale pour le monde entier. Le voyage en Grèce est comme un pélerinage qu'il faut faire une fois dans sa vie, et vu le besoin désespéré des Grecs pour un peu d'activité économique, c'est une excellente idée que de le faire maintenant. Après tout, comme pour tout le monde, il vaut mieux que les Grecs vivent de leur travail plutôt qu'à crédit, et pour les Européens, quitte à donner de l'argent aux Grecs, autant avoir une prestation en contrepartie. C'est donc l'heure d'aller en Grèce !

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