Réflexions en cours

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lundi 20 décembre 2010

Entre la hausse et la baisse du budget européen

Les dirigeants de l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Finlande et des Pays-Bas ont signé une lettre demandant au Président de la Commission Européenne, José-Manuel Barroso de geler le budget de l'Union Européenne en termes réels (ce qui signifie une augmentation en ligne avec l'inflation) jusqu'en 2020. Cela vient au terme d'une séquence où le Parlement Européen voulait une augmentation forte du budget 2011 des institutions européennes (supérieure à 5 %), quand le Conseil Européen la voulait limitée à 2,9 % (l'inflation sur les 12 derniers mois dans l'Union Européenne est de 2,3 %). Le Parlement arguait du besoin de moyens engendré par le Traité de Lisbonne, et par l'impossibilité de développer des politiques européennes avec un budget constant. Le Premier ministre britannique, l'eurosceptique David Cameron, voulait lui que le budget baisse pour ne plus représenter que 0,85 % du PIB européen. Finalement, c'est donc comme souvent une solution intermédiaire qui l'a emporté, avec une augmentation de 2,9 % pour 2011 puis une croissance conforme avec l'inflation. Le budget européen devrait donc rester au niveau de 1 % du PIB des pays de l'Union Européenne.

A court terme, il aurait été difficile de faire plus. Chaque pays fait face à une crise économique très difficile, certains gouvernements (à commencer par la Grèce ou l'Irlande) devant faire des coupes très sévères dans leurs budgets, ayant des répercussions brutales sur les vies de leur population. Ces coupes étaient tout à fait nécessaires, mais la Commission Européenne n'était pas la dernière à les réclamer. C'est même en partie son rôle. Elle est donc bien placée pour connaître l'importance d'une gestion saine et du besoin de faire attention à ses dépenses. Elle peut difficilement demander en même temps que les gouvernements diminuent leurs dépenses, tout en leur demandant également de lui augmenter son propre budget. A ce niveau-là, une augmentation de 2,9 % est déjà conséquente.

Pour les horizons plus lointains (comme 2020), il est plus difficile de savoir quelles seront les marges de manœuvre. Il serait présomptueux de déterminer dès maintenant du niveau de budget de l'Union Européenne d'ici 10 ans, alors que tant de choses (comme la situation économique ou même les gouvernements) peuvent changer. Cela veut donc dire que l'on ne peut fixer dans le marbre ni une stabilisation, ni augmentation de ce budget. Un point important dont il faut se soucier est l'adhésion (au moins minimale) des populations aux politiques européennes.

En l'occurrence, ce débat sur la hausse du budget peut être mal compris dans cette période d'efforts. Et ce d'autant plus que les 45 000 fonctionnaires européens ont obtenu devant la Cour de Justice du Luxembourg une hausse de 3,7 % (donc bien supérieure à l'inflation) de leurs salaires, le mécanisme de revalorisation ayant bizarrement été conçu pour que ces hausses soient calculées de façon automatique. Avec de telles structures, l'Union Européenne est donc condamnée à pouvoir faire moins d'année en année avec un budget constant en valeur. C'est désastreux pour l'Union Européenne directement, mais aussi indirectement, vu les répercussions en termes d'image que cela implique. Visiblement, il y a donc des réformes internes possibles pour dégager des moyens supplémentaires. L'Europe ne pourra que se porter mieux si son argent est mieux utilisé.

mardi 7 décembre 2010

Les opportunités de la crise de l'euro

L'actualité donne de bonnes raisons de penser que l'euro n'est pas dans une bonne passe. La quasi-faillite de la Grèce, la déroute de l'Irlande, les unes alarmistes sur une contagion de ces problèmes à d'autres pays... Autant d'épisodes qui peuvent rendre nerveux. Alors on peut suivre l'attitude de la presse, et s'interroger sur la catastrophe qui nous attend tous. On peut ensuite suivre l'attitude des marchés financiers, et se laisser aller à la psychose en faisant n'importe quoi. Certains seront tentés d'en profiter pour tirer individuellement leur épingle du jeu. Mais on peut aussi tenter de voir ce que tout cela peut donner de bon.

Pour cela, inutile de nier les aspects négatifs de la crise actuelle. Les incertitudes rendent nerveux les créanciers, ce qui renchérit les taux d'intérêt et alourdit les difficultés des différents États, dans un tragique cercle vicieux. Pourtant, il ne saurait être véritablement question de la fin de l'euro. Déjà, sa fin générerait une crise économique pire que celle actuelle, et serait tragique pour les pays les plus faibles. Ensuite, les raisons qui ont poussé à la création de la monnaie unique demeureraient. Si actuellement le monde subit une guerre de monnaies entre l'euro, le dollar ou le yuan, sans l'euro, on aurait aussi le retour de celle entre le Franc, le Mark ou la Lire. Le passé nous l'a appris, à ce petit jeu là, les seuls gagnants étaient les Allemands. D'où la leçon qui en a été tirée, celle de devoir s'aligner sur eux.

La monnaie unique épargne aux particuliers et aux entreprises européennes des risques énormes de change. Le gain est donc clair. Comme la situation actuelle, il y a tout de même des problèmes. Hors l'euro est un projet ambitieux, il n'est donc pas scandaleux qu'il y ait des ajustements, de nouvelles actions à entreprendre. Et même si les dirigeants européens peuvent souvent se montrer lents à se coordonner entre eux, ils restent toujours conscients de leurs devoirs. Et il y a d'ores et déjà une leçon manifeste à tirer de tout cela. C'est celle qu'un pays ne doit pas avoir de déficits publics structurels. En effet, le recours à l'endettement le met à la merci de marchés financiers erratiques. Et lorsque l'endettement est si habituel qu'il est vital pour faire tourner l'administration courante, la menace de ne pas trouver de préteurs devient immédiatement gravissime.

Dès lors, la volonté de l'Allemagne que différencier les taux d'intérêts de la dette pour chaque pays va dans le bons sens. Il n'était pas normal que la Grèce puisse emprunter au même taux que les pays les plus vertueux, l'encourageant ainsi à vivre à crédit. La France elle-même est forcée à rétablir des comptes publics rigoureux. Auparavant, la Commission Européenne faisait les gros yeux lorsque les objectifs de déficits publics n'étaient pas tenus. Mais la meilleure motivation pour changer est celle qui vient de soi-même. Le spectacle d'économies menacées de faillite est suffisamment convaincant pour que le plus grand nombre comprenne spontanément les raisons qui poussent à une politique raisonnable en la matière.

Et puis ne négligeons pas un autre aspect immédiat : ces incertitudes font baisser le cours de la monnaie unique. Alors que la Fed américaine en est réduite à faire tourner la planche à billets, ces mésaventures nous permettent de ne pas voir le cours de notre monnaie s'envoler. C'est donc une chance de préserver notre croissance économique. On est encore bien loin d'un euro vraiment faible, en terme de parité de pouvoir d'achat, l'euro est même encore largement surévalué. Nous n'avons donc pas à nous en faire de ce côté là. Un euro entre 1 et 1,20 dollar serait même très bien pour permettre à nos économies de respirer davantage, pendant que les Etats devront les sevrer de l'argent public encore trop facilement dépensé.

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