Les dirigeants de l'Allemagne, la France, le Royaume-Uni, la Finlande et des Pays-Bas ont signé une lettre demandant au Président de la Commission Européenne, José-Manuel Barroso de geler le budget de l'Union Européenne en termes réels (ce qui signifie une augmentation en ligne avec l'inflation) jusqu'en 2020. Cela vient au terme d'une séquence où le Parlement Européen voulait une augmentation forte du budget 2011 des institutions européennes (supérieure à 5 %), quand le Conseil Européen la voulait limitée à 2,9 % (l'inflation sur les 12 derniers mois dans l'Union Européenne est de 2,3 %). Le Parlement arguait du besoin de moyens engendré par le Traité de Lisbonne, et par l'impossibilité de développer des politiques européennes avec un budget constant. Le Premier ministre britannique, l'eurosceptique David Cameron, voulait lui que le budget baisse pour ne plus représenter que 0,85 % du PIB européen. Finalement, c'est donc comme souvent une solution intermédiaire qui l'a emporté, avec une augmentation de 2,9 % pour 2011 puis une croissance conforme avec l'inflation. Le budget européen devrait donc rester au niveau de 1 % du PIB des pays de l'Union Européenne.

A court terme, il aurait été difficile de faire plus. Chaque pays fait face à une crise économique très difficile, certains gouvernements (à commencer par la Grèce ou l'Irlande) devant faire des coupes très sévères dans leurs budgets, ayant des répercussions brutales sur les vies de leur population. Ces coupes étaient tout à fait nécessaires, mais la Commission Européenne n'était pas la dernière à les réclamer. C'est même en partie son rôle. Elle est donc bien placée pour connaître l'importance d'une gestion saine et du besoin de faire attention à ses dépenses. Elle peut difficilement demander en même temps que les gouvernements diminuent leurs dépenses, tout en leur demandant également de lui augmenter son propre budget. A ce niveau-là, une augmentation de 2,9 % est déjà conséquente.

Pour les horizons plus lointains (comme 2020), il est plus difficile de savoir quelles seront les marges de manœuvre. Il serait présomptueux de déterminer dès maintenant du niveau de budget de l'Union Européenne d'ici 10 ans, alors que tant de choses (comme la situation économique ou même les gouvernements) peuvent changer. Cela veut donc dire que l'on ne peut fixer dans le marbre ni une stabilisation, ni augmentation de ce budget. Un point important dont il faut se soucier est l'adhésion (au moins minimale) des populations aux politiques européennes.

En l'occurrence, ce débat sur la hausse du budget peut être mal compris dans cette période d'efforts. Et ce d'autant plus que les 45 000 fonctionnaires européens ont obtenu devant la Cour de Justice du Luxembourg une hausse de 3,7 % (donc bien supérieure à l'inflation) de leurs salaires, le mécanisme de revalorisation ayant bizarrement été conçu pour que ces hausses soient calculées de façon automatique. Avec de telles structures, l'Union Européenne est donc condamnée à pouvoir faire moins d'année en année avec un budget constant en valeur. C'est désastreux pour l'Union Européenne directement, mais aussi indirectement, vu les répercussions en termes d'image que cela implique. Visiblement, il y a donc des réformes internes possibles pour dégager des moyens supplémentaires. L'Europe ne pourra que se porter mieux si son argent est mieux utilisé.