Il y a de cela un mois, la présidence française de l'Union Européenne s'ouvrait sur la réunion à Cannes des ministres ayant en charge le dossier de l'immigration dans leur pays respectif. Un accord a été trouvé sur ce sujet entre les 27, ce qui de nos jours, est toujours un petit exploit. Le texte de l'accord met en place une coopération entre les différents pays d'Europe à propos de l'immigration extra-communautaire, et présente dans cette optique les lignes directrices d'une ligne politique commune. Celle-ci s'appuie sur plusieurs principes : rejet des régularisations massives, préférence pour une immigration choisie et maîtrisée, la nécessité d'une intégration des immigrés, retour au pays d'origine pour les immigrés illégaux, notamment. Le fait que ce soit Brice Hortefeux qui ait été à la manœuvre pour la conception de cet accord peut laisser penser que ces prises de positions sont celles de Nicolas Sarkozy, et que le but est de les faire adopter à l'ensemble de l'Europe. Mais s'il s'agit bien de la ligne politique du Président français, il ne fut pas difficile de concevoir une collaboration au niveau européen sur l'immigration, dans la mesure où cette ligne était aussi celle de la plupart des pays européens. Il apparaît en fait que les mesures sur l'immigration que voulaient faire adopter Nicolas Sarkozy lorsqu'il était ministre de l'Intérieur étaient tout à fait semblables à celles appliquées dans le reste de l'Europe. Cela n'a pas empêché certains activistes français d'utiliser les qualificatifs les plus extrêmes pour caractériser cette politique, alors qu'elle était similaire à celles des autres pays développés. Cela permet de mieux comprendre à quel niveau se situe ce débat.

Il est aussi possible de remarquer que ce succès de la part de la présidence française est aussi le résultat d'une concertation entamée bien avant le début de ladite présidence. D'une manière générale, et en dépit des tensions ponctuelles que peut avoir Nicolas Sarkozy et son gouvernement avec l'Union Européenne, il s'avère que depuis l'année dernières, les ministres français sont bien plus présents à Bruxelles pour mener ce travail de fond qui permet une coopération efficace. Cela montre aussi que cette coopération est encore possible sur des sujets où le niveau européen est pertinent, et qu'une certaine communauté d'idées entre les pays peut exister. Actuellement, il s'avère que les pays européens ont tendance à pencher à droite. Seule l'Espagne a été réticente à propos de ce projet d'accord sur l'immigration, celle-ci étant dirigée par un gouvernement de gauche faisant peu de cas de la maîtrise des ses frontières.

A la fin des années 90, l'Europe semblait davantage pencher à gauche. S'il commence à apparaître des alternances politiques pan-européennes, cela peut alors faciliter l'application de vraies politiques au niveau européen. En 2004, le Parti Socialiste français avait fait campagne aux européennes sur le slogan de l'"Europe sociale". Celle-ci ne restera qu'un slogan, si le PS français reste le seul parti de l'Europe à la vouloir. Cela ne fait que justifier la nécessité pour les différents partis politiques d'Europe de travailler ensemble à des programmes commun à chaque courant de pensée dans l'optique des prochains élections européennes en 2009. Car comme le montre l'accord sur l'immigration, il reste de nombreux champs pouvant bénéficier d'une coopération naissant au sein de l'Union Européenne.