mercredi 3 février 2010
Après l'échec de Copenhague, une analyse américaine
Par xerbias, mercredi 3 février 2010 à 12:45 :: Monde
A la suite du sommet de Copenhague, le site d'information américain Politico a demandé à plusieurs personnalités leurs réactions. Parmi celles-ci, l'intervention de Walter Russel Mead mérite un coup d'oeil. Il est politologue au Conseil des relations étrangères (Council on Foreign Relations, think tank non partisan qui publie la célèbre revue bi-mensuelle Foreign Affairs), et est spécialiste de la politique étrangère des États-Unis. Si Copenhague a été vu comme un terrible échec en Europe, on peut se rendre compte que le résultat fut plus diversement apprécié à travers le monde. Dans son article, il distingue notamment les gagnants des perdants du sommet :
Du côté des gagnants on retrouve notamment :
- Barack Obama. "Quoiqu'on pense du résultat, cela a montré qui est le plus important leader du monde."
- les États-Unis de la même manière. "Tout le monde n'a pas aimé ce que nous avons fait ou non à Copenhague, mais tout le monde sait que les Etats-Unis sont toujours en tête lorsqu'il s'agit de déterminer le destin de la planète."
- la Chine : "Après les États-Unis, la Chine a clairement été la voix la plus importante dans les discussions."
- l'Arabie Saoudite : "Dormez bien, chers cheikhs. Rien de mal n'arrivera à votre industrie pétrolière dans l'immédiat."
Du côté des perdants, Walter Russell Mead pointe du doigt les pays du tiers monde, coupables à ses yeux d'avoir voulu se faire mousser en menaçant d'empêcher un accord en jouant de leurs vétos. Le résultat ridicule du sommet et le fait que tout le monde s'en moque montreraient que ce sont eux les victimes de leur propre attitude. Mais l'auteur distingue surtout l'Europe comme grande perdante, et pour cela n'évite pas les mots cruels :
"Il y a 100 ans, l'Europe régnait littéralement sur le monde. L'Europe a essayé de s'emparer spécifiquement de la question du changement climatique, mais elle n'étais pas de la partie quand les Cinq Grand [les États-Unis, la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud] ont établi l'accord de Copenhague - et l'accord était bien éloigné de ses attentes. J'ai écrit auparavant comment l'Europe regarde les États-Unis de la façon dont le Coyote regarde Bip Bip. Le Coyote est intelligent, sophistiqué et technologiquement évolué. Bip Bip est un bouffon ignorant. Mais d'une manière ou d'une autre, le Coyote n'attrape jamais Bip Bip. Cette semaine, le Coyote est tombé dans un autre gouffre alors que Bip Bip accélérait."
Cette intervention est un bon aperçu de la vision américaine du sommet de Copenhague. Pendant que les médias européens se passionnaient pour ce sommet, ceux d'outre Atlantique en parlaient très peu, et nombre de commentateurs relativisait son importance, quand ils ne remettaient pas tout simplement en doute la réalité du changement climatique. En Amérique et encore plus en Chine, on se félicite d'avoir obtenu le dernier mot, ce qui prouverait leur puissance internationale. En filigrane, on peut voir comme opinion "peu importe que la planète aille à sa destruction du moment que ça soit nous qui ayons pris cette décision". Le multilatéralisme si cher à l'Europe est moqué, de même que son approche rationnelle des problèmes. Une difficulté de taille est laissée de côté : l'Europe ne peut sauver le monde à elle seule.
Du côté des gagnants on retrouve notamment :
- Barack Obama. "Quoiqu'on pense du résultat, cela a montré qui est le plus important leader du monde."
- les États-Unis de la même manière. "Tout le monde n'a pas aimé ce que nous avons fait ou non à Copenhague, mais tout le monde sait que les Etats-Unis sont toujours en tête lorsqu'il s'agit de déterminer le destin de la planète."
- la Chine : "Après les États-Unis, la Chine a clairement été la voix la plus importante dans les discussions."
- l'Arabie Saoudite : "Dormez bien, chers cheikhs. Rien de mal n'arrivera à votre industrie pétrolière dans l'immédiat."
Du côté des perdants, Walter Russell Mead pointe du doigt les pays du tiers monde, coupables à ses yeux d'avoir voulu se faire mousser en menaçant d'empêcher un accord en jouant de leurs vétos. Le résultat ridicule du sommet et le fait que tout le monde s'en moque montreraient que ce sont eux les victimes de leur propre attitude. Mais l'auteur distingue surtout l'Europe comme grande perdante, et pour cela n'évite pas les mots cruels :
"Il y a 100 ans, l'Europe régnait littéralement sur le monde. L'Europe a essayé de s'emparer spécifiquement de la question du changement climatique, mais elle n'étais pas de la partie quand les Cinq Grand [les États-Unis, la Chine, le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud] ont établi l'accord de Copenhague - et l'accord était bien éloigné de ses attentes. J'ai écrit auparavant comment l'Europe regarde les États-Unis de la façon dont le Coyote regarde Bip Bip. Le Coyote est intelligent, sophistiqué et technologiquement évolué. Bip Bip est un bouffon ignorant. Mais d'une manière ou d'une autre, le Coyote n'attrape jamais Bip Bip. Cette semaine, le Coyote est tombé dans un autre gouffre alors que Bip Bip accélérait."
Cette intervention est un bon aperçu de la vision américaine du sommet de Copenhague. Pendant que les médias européens se passionnaient pour ce sommet, ceux d'outre Atlantique en parlaient très peu, et nombre de commentateurs relativisait son importance, quand ils ne remettaient pas tout simplement en doute la réalité du changement climatique. En Amérique et encore plus en Chine, on se félicite d'avoir obtenu le dernier mot, ce qui prouverait leur puissance internationale. En filigrane, on peut voir comme opinion "peu importe que la planète aille à sa destruction du moment que ça soit nous qui ayons pris cette décision". Le multilatéralisme si cher à l'Europe est moqué, de même que son approche rationnelle des problèmes. Une difficulté de taille est laissée de côté : l'Europe ne peut sauver le monde à elle seule.