Réflexions en cours

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dimanche 22 janvier 2012

Guerre économique en Iran

Le dernier rapport de l'AIEA (Agence Internationale de l'Energie Atomique) sur l'Iran fut loin d'être positif, c'est le moins que l'on puisse dire. Le pays progresse dans sa quête de l'arme nucléaire, et s'approcherait même du but. Israël, cible directe d'éventuels projectiles de la sorte, est d'ores et déjà sur le pied de guerre, et menace de commencer les bombardements d'un instant à l'autre. Le reste des pays occidentaux ont une approche différente. Il s'agit de la mise en place de nouvelles sanctions. Bien sûr, cela fait plus de trente ans que l'Iran est l'objet de sanctions de toute sorte. Mais ces dernières années, elles ont été particulièrement sévères, avec des effets sensibles sur l'économie iranienne. Celle-ci est sur la voie du délabrement, et la population ressent l'impact non pas d'une guerre militaire conventionnelle, mais bien d'une guerre économique qui est d'ores et déjà en cours.

Et avec les conclusions apportées par ce rapport de l'AIEA, cela ne risque pas de s'améliorer. L'Union Européenne et le Japon vont désormais arrêter d'acheter le pétrole iranien. Certes, il restera d'autres clients potentiels, mais selon la loi de l'offre et de la demande, les prix baisseront fortement. Alors que 80 % des revenus de l'Iran proviennent du pétrole, voilà qui asséchera encore plus l'économie iranienne. Les décisions politiques prises par le pouvoir iranien a dès lors des conséquences très concrètes pour la population, et le doute s'installe dans la population. Le pays s'oriente vers un cul de sac.

C'est pour échapper à de telles sanctions que l'Iran a voulu faire pression sur les pays occidentaux, en menaçant de fermer le détroit d'Ormuz, passage important pour l'acheminement du pétrole. C'est en fait un aveu de faiblesse, puisque l'Iran ne ferait pas de telles menaces s'il n'était pas acculée. En prenant en otage une part importante du pétrole mondiale, il cherche à préserver ses intérêts, mais le blocage en lui-même desservirait le pays. En outre, il s'agit d'un casus belli évident, et chercher à prendre le contrôle d'une zone ne relevant pas de ses eaux territoriales l'exposerait à la répression armée de ses opposants, notamment américains mais pas seulement. On arriverait à une situation inverse à celle irakienne. En Irak, les Etats-Unis ont déclenché le conflit sur le concept de guerre préventive. Là, ce serait l'Iran qui forcerait les hostilités en mer. Mais il s'agit là de guerre conventionnelle, et l'on peut douter de la capacité de résistance de l'armée iranienne lors d'une bataille navale face aux Etats-Unis, qui ont plus de porte-avions que tout le reste du monde réuni.

Personne n'a donc vraiment intérêt à ce qu'il y ait une escalade de la violence. L'idéal serait que les islamistes iraniens cèdent, par pression diplomatique ou sous la pression de la population. Malheureusement, les élections présidentielles de 2009 ont été trafiquées, et le voile vaguement démocratique qui perdurait a disparu. Les dirigeants ne sont pas soumis au peuple par les urnes, et à moins d'une révolte populaire, ne changeront pas de ligne de conduite. Difficile d'être optimiste dans une telle situation, et c'est le peuple iranien qui subit le premier les conséquences de tout ça.

lundi 16 janvier 2012

Ron Paul, l'idole des jeunes

"Dans les années 70, Nixon avait dit aujourd'hui, nous sommes tous keynésiens. Je rêve d'un jour où nous dirons aujourd'hui, nous sommes tous Autrichiens !" Ces mots marquaient un moment marquant du discours que Ron Paul prononçait le soir du caucus républicain en Iowa, il y a de cela deux semaines. Il faisait référence à l'école autrichienne économie, farouche partisane du libéralisme. Aux Etats-Unis, il en est lui-même le combattant le plus acharné. Représentant du Texas au Congrès, il s'est à nouveau présenté à la présidentielle cette année. En lice dans les primaires américaines, il est arrivé deuxième à la fois en Iowa et dans le New Hampshire, un résultat significatif. Il dépasse ainsi tous les candidats qui ont été plus en vue les mois précédents, mis à part Mitt Romney, le probable futur nominé.

Par rapport aux autres candidats, il a un mérite flagrant : celui de la cohérence. Ses convictions libertariennes ne font aucun doute, il ne saurait être accusé d'adopter une posture pour avoir des voix. D'ailleurs, il ne se fait probablement aucune illusion sur ses chances à la présidentielle. Il ne sera pas nominé, mais par rapport à il y a quatre ans, son score progresse, ce qui signifie que ses idées sont plus répandues. Il n'hésite pas à être à la marge de son parti sur des questions importantes. Toujours partisan d'un Etat le plus minimaliste possible, il se prononce contre les opérations militaires américaines à l'étranger, alors que se montrer belliciste est plutôt bien vu chez les autres candidats (cela prouve les capacités de commandant en chef).

Les années précédentes, d'autres candidats avaient obtenu un soutien fort des jeunes pour leurs engagements clairs et leur refus de la guerre en Irak. Howard Dean avait ainsi été un candidat démocrate influent pendant les primaires de 2004, pour ces raisons. C'est son opposition à la guerre qui permit à Barack Obama de se démarquer des autres sénateurs, qui s'y étaient presque tous montré favorables. Curieusement, de l'autre côté du prisme politique, les mêmes convictions (bien que pour des raisons différentes) apportent les mêmes effets. Les militants de Ron Paul sont dévoués et énergiques, bien plus que chez les autres candidats. Grâce à eux, il pourra continuer son plaidoyer du libertarianisme jusqu'à la fin des primaires, il est sûr qu'ils seront toujours là pour le soutenir. Son fils, Rand Paul, est d'ores et déjà sénateur, et s'apprête à poursuivre le combat quand lui, du haut de ses 76 ans, ne le pourra plus.

Aux Etats-Unis, le libertarianisme est toujours une idée neuve. Comme le fut le communisme chez nous, cette doctrine économique poussée à l'extrême offre une solution incroyable à tous les problèmes. Et comme toutes les utopies, elle ne pourra jamais être totalement appliquée. Mais il est déjà intéressant de noter qu'elle pourrait avoir de plus en plus d'influence dans les décennies à venir.

jeudi 5 janvier 2012

Tout sauf Romney ?

La campagne présidentielle américaine a commencé au printemps dernier, et la première primaire républicaine a eu lieu mardi. On a très vite compris quelle serait la question posée par les primaires républicaines : il y a-t-il quelqu'un pour contrer Mitt Romney ? Sarah Palin et Mike Huckabee ne se sont pas présentés. L'ancien gouverneur du Minnesota, Tim Pawlenty, s'est retiré très (trop ?) vite de la course. En conséquence, il ne restait plus comme candidats que Mitt Romney et une incroyable brochettes de personnalités assez consternantes. Mitt Romney, l'ancien gouverneur du Massachusetts, a les mêmes atouts à faire valoir qu'il y a quatre ans. Mais aujourd'hui, être "modéré" est presque une insulte pour les conservateurs américains, et ceux-semblent être prêts à se jeter dans les bras de n'importe qui pour éviter cette personnalité qui se détache de la tête et des épaules des autres.

Au cours des derniers mois, des candidats différents se sont succédés en tête des sondage, alors que Mitt Romney restait solidement installé à la deuxième place. Mais rapidement, leur incompétence s'est révélée au grand jour l'un après l'autre, forçant les anti-Romney à changer de champion. Il y a d'abord eu Michelle Bachmann, sorte de clone de Sarah Palin. Puis il y a eu Rick Perry, doublon de George W. Bush : lui aussi gouverneur du Texas aux ambitions intellectuelles limitées, très religieux et fan des armes à feu. Ses performances lamentables aux débats ont provoqué sa chute. Il y a eu également l'homme d'affaires Hermann Cain qui était fier de ne savoir presque rien sur le monde en dehors des frontières américaines. De multiples scandales sexuels l'ont poussé vers la sortie. Puis il y a eu Newt Gingrich, speaker de la chambre des représentants dans les années 90. Certains le décrivent comme "brillant", mais à vrai dire, il est surtout sournois. Handicapé par un égo démesuré, tout le monde savait qu'il avait une quantité incroyable de squelettes dans le placard. Il a suffi de mentionner qu'une petite partie d'entre eux pour qu'il tombe lui aussi. Reste le libertarien Ron Paul, dont les vues extrême l'empêchent de rassembler une majorité autour de lui, et le dernier choix, Rick Santorum. Celui-ci a eu la chance de voir son tour venir au bon moment, lors de primaire de l'Iowa. Mais il n'est pas du tout à la hauteur, et il fut battu de façon embarrassante de son poste de sénateur en 2006.

Globalement, les candidats sont bien plus mauvais en 2012 qu'en 2008. John McCain, Mike Huckabee ou même Rudy Giuliani semblaient plus au niveau que les candidats actuels. Peut-être que les meilleurs républicains ont préféré attendre 2016 pour se présenter, préférant (probablement à raison) éviter un duel avec Barack Obama. Mais toujours est-il que Mitt Romney est le meilleur des choix proposés. Il est beaucoup haï, et il n'est pas dit du tout que les républicains ont une chance cette fois-ci. Seulement, si ça doit être l'un d'entre eux, autant que ce soit lui.

mardi 3 janvier 2012

Shimon Peres, l'Histoire d'Israël

En 1955, Shimon Peres a déjà 32 ans. Dans le nouveau pays qu'est Israël, il y a beaucoup à faire, et il a déjà eu l'occasion de prendre de multiples responsabilités en faisant partie de ceux qui ont créé cette nation. Il occupe le poste de directeur général du ministère de la défense. Le ministre en titre n'est autre que le Premier ministre, David Ben Gourion. Celui-ci délègue donc les responsabilités à des personnalités non élues : Moshé Dayan pour le côté strictement militaire, Shimon Peres pour le côté politique. Shimon Peres a donc l'autorité nécessaire pour négocier avec d'autres pays des contrats d'armement, et c'est ainsi qu'il passera beaucoup de temps avec la France de la IVème République pour équiper l'armée israélienne. La France acceptera d'autant plus de vendre ces armes qu'Israël accepte de participer à l'opération de Suez contre l'Egypte de Nasser (considéré par le gouvernement français comme étant la force derrière le soulèvement algérien).

C'était il y a 56 ans, et Shimon Peres était déjà au centre du jeu politique du Proche Orient, voire sur certains aspects, du monde, par répercussion. Il est élu député en 1959, et n'a plus quitté la politique après cela. Plusieurs fois Premier ministre, encore plus souvent ministre, c'est en tant que ministre des affaires étrangères qu'il se voit descerner le prix Nobel de la paix en 1994 pour son implication dans le processus d'Oslo. Ce processus ne répondra finalement pas aux espoirs, mais Shimon Peres est désormais Président de la République israélienne. Il a 88 ans, et témoigne d'une longévité politique incroyable. C'est bien simple, il a tout vu de l'Histoire de son pays, il a même bien connu ceux qui ont fait émerger l'idée du sionisme.

Même aux Etats-Unis, où les carrières de sénateurs s'étalant sur des dizaines d'années ne sont pas rares (l'influence s'obtient avec l'ancienneté), personne n'est en politique depuis plus longtemps que Shimon Peres. On peut avoir l'impression que pas grand chose ne change dans la situation du Proche Orient. Ce conflit quasiment inextricable se pose à peu près dans les mêmes termes depuis des dizaines d'années. Mais on se rend compte que le renouvellement politique est relativement faible. Les têtes d'affiche d'aujourd'hui (le Premier ministre Benyamin Netanyahou et le ministre de la défense Ehud Barak) sont les mêmes qu'hier (ils ont tous deux été Premier ministre auparavant). On a désormais l'impression qu'Israël est presque intemporel, mais en voyant que ceux qui ont créé ce pays sont toujours aux affaires, on se rend compte que c'est une nation encore très jeune en fin de compte.

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