Réflexions en cours

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lundi 27 septembre 2010

Qui veut vraiment la paix au Proche Orient ?

La relance du processus de paix ces dernières semaines ne s'est pas fait dans dans une grande euphorie, c'est le moins que l'on puisse dire. L'année dernière, les relations entre Israël et les Etats-Unis, son principal allié, s'était nettement distendues. L'annonce de la reprise de la colonisation à Jérusalem Est lors d'une visite de Joe Biden avait été mal perçue par l'administration américaine. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a donc accepté de s'engager dans des discussions visant à rétablir la paix, suivant largement l'initiative de Barack Obama. De son côté, Mahmoud Abbas, le Président de l'Autorité palestinienne, a lui aussi accepté de reprendre le processus de paix. Après tout, c'est sa raison d'être. Le Fatah, dont il est issu, est le parti avec lequel on peut discuter. Donc il discute. Mais quel poids a-t-il ? Il semble d'ores et déjà méprisé par ses interlocuteurs. Il avait demandé que le moratoire relatif sur la colonisation en Cisjordanie (qui empêche de débuter de nouvelles constructions, pas de continuer celles en cours) soit reconduit comme condition pour continuer les discussions à peine entamées. Depuis ce matin, ce n'est plus le cas : les colons peuvent continuer à construire de nouvelles installations dans ce qu'ils appellent la Judée.

Il ne faut pas attendre grand chose de Benjamin Netanyahu. Il critiquait Ariel Sharon quand celui-ci était aux responsabilités. Celui-ci, pourtant initialement décrit comme un faucon, avait décidé de vraies mesures pour la paix, telle que le démantèlement des colonies de la bande de Gaza. La virulence des critiques de Benjamin Netanyahu avait même incité Ariel Sharon à quitter le Likud pour former son propre parti centriste, Kadima. Malheureusement, l'investissement n'a pas donné les fruits attendus. La bande de Gaza, désormais débarrassée des colonies israéliennes, n'a rien trouvé de mieux que de choisir d'être dirigée par les extrémistes du Hamas et de lancer des roquettes sur Israël. La réaction israélienne fut d'y mener une opération armée, et d'enclaver complètement ce territoire. Aujourd'hui, cette situation fait bien les affaires du Hamas, qui tient désormais totalement en son pouvoir la bande de Gaza, gagnant même beaucoup d'argent sur les trafics entre le territoire et l'extérieur.

Du côté d'Israël, les élections ne furent pas davantage favorables aux partisans de la paix. Benjamin Netanyahu avait déjà été porté au pouvoir après l'assassinat d'Yitzhak Rabin, pourtant artisan d'un processus de paix qui se voulait décisif. Lors des dernières législatives, le vote des électeurs israéliens a mis l'accent sur le Likud et les partis d'extrème droite. Ils ont formé une coalition qui a même été ralliée par le parti travailliste, celui-ci ayant accepté pour le coup de renoncer à changer d'opinions pour s'y fondre. Actuellement, la population israélienne se moque bien du processus de paix d'après les enquêtes d'opinion. Et chez les Palestiniens, y compris du côté de la Cisjordanie, la haine est toujours féroce envers leurs voisins. Rien ne permet de penser que les braises soient éteintes.

Au bout du compte, on se demande si ceux qui recherchent la paix au Proche Orient y sont vraiment une majorité. Chacun veut Israël comme la capitale de son étant, l'un veut pouvoir coloniser son voisin sans souci, l'autre veut bénéficier d'un "droit au retour" sur les terres israéliennes, et personne ne se montre mesuré et raisonnable. Kadima n'est plus au pouvoir, et avait lâché beaucoup de bride sur la colonisation. Le Fatah ne dispose pas d'une légitimité forte, et est constamment menacé de voir ses compromis remis en cause par la population palestinienne. Cette relance du processus de paix s'apparente pour l'instant à une comédie de gestes désenchantée, où tout le monde ferait semblant de jour le rôle qui lui est imparti, mais où personne ne serait dupe. On peut encore continuer bien des décennies comme cela, et même au-delà.

mercredi 15 septembre 2010

Pas de guerre entre démocraties

Prenons quelques critères simples pour qualifier les Etats qui sont démocratiques :
  • pluralité des candidats aux responsabilités nationales et liberté de se présenter aux élections
  • élections libres, régulières, non truquées, au suffrage universel
  • liberté de la presse.
Si l'on retient donc les Etats qui ont respecté ces critères, il est intéressant de noter (à la suite de Michael Doyle, professeur en relations internationales) qu'il n'y a quasiment pas eu de guerre au cours de l'Histoire entre de telles démocraties. Bien sûr, il y a parfois eu des guerres civiles, internes aux pays démocratiques, et bien des tensions entre les pays. Mais l'on peine à trouver d'exemple flagrant de conflit ouvert entre deux démocraties. Les guerres entre l'Inde et le Pakistan ont par exemple à chaque fois eu lieu lorsque c'était une junte militaire qui était à la tête du Pakistan. La guerre des Malouines opposait également une démocratie, le Royaume-Uni, à un pays alors sous régime militaire, l'Argentine. Cela tend certainement à montrer que si le fonctionnement démocratique n'annule pas les intérêts divergents entre nations, il permet néanmoins d'aplanir plus facilement les différents. La raison et la diplomatie finissent par l'emporter à chaque fois.

Ce fait est frapant, et permet d'ailleurs de comprendre les ambitions naïves de George W. Bush. Celui-ci croyait qu'en installant des démocraties en Irak et en Afghanistan, cela éviterait de facto le risque de guerre. L'invasion de l'Irak avait pour but assumé de pacifier tout le proche et le moyen orient. Il faut seulement être prudent sur la causalité : comme la suite des événements tend à le montrer, ce n'est pas les seules institutions qui permettent une vie paisible. La démocratie est surtout le signe d'une mentalité apaisée, et c'est celle-ci qui permet la paix. En Irak et en Afghanistan, la démocratie n'était pas forcément quelque chose d'évident pour des habitants longtemps habitués à des régimes brutaux. Voilà pourquoi ces pays doivent encore se démener avec la guerre civile et une corruption hors de proportion.

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