Réflexions en cours

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mercredi 29 octobre 2008

Gordon Brown tient bon

La présidentielle américaine de 2000 était assez curieuse : le bilan de Bill Clinton était bon, mais celui-ci ne pouvait se représenter. Son vice-Président, Al Gore, aurait du être élu sans difficultés. Mais de nombreux citoyens américains n'étaient pas enthousiasmés par l'élection. L'abstention fut énorme. Le programme de George Bush, alors gouverneur du Texas, s'était limité à quelques principes. Essentiellement, le message était qu'il fallait diminuer les impôts. Cela était envisageable car Bill Clinton avait réussi à rééquilibrer le budget et à produire plusieurs années consécutives d'excédent. Voilà pour le programme. Le reste s'appuyait sur la personnalité de George Bush, un conservateur capable de compassion, et sympathique de surcroît. Au final, il a remporté l'élection, même si ce fut serré. Il bénéficia de la lassitude envers les démocrates. Au Royaume-Uni, les tories auraient pu se contenter de suivre un tel plan. Leur nouveau leader, David Cameron, est jeune, prometteur et télégénique. Contrairement à ses prédécesseurs à la tête du parti conservateur, il ne promet plus grand chose de différent par rapport aux travaillistes, si ce n'est la même chose mais en mieux. La lassitude envers le Labour est réelle, elle avait motivée le départ de Tony Blair, affaibli au fur et à mesure par l'envoi de troupes britanniques en Irak, mais son remplaçant, le terne Gordon Brown n'échappait aux difficultés de la gestion de divers scandales s'accumulant avec les années.

Seulement la crise financière a permis de remettre en question ce processus qui devait apporter sur un plateau le pouvoir aux conservateurs. Mais ce fut surtout pour Gordon Brown l'occasion de reprendre la main par temps de crise. Son plan visant à protéger les banques britanniques a été si bien reçu qu'il a servi d'inspiration à celui suivi par le reste de l'Europe. Depuis, il est considéré comme certains comme un sauveur, un homme d'expérience sur lequel l'on peut compter, et qui, après une dizaine d'années passées aux finances de la Grande Bretagne, a les armes pour faire face aux difficultés économiques. C'est d'ailleurs dans ce même moment qu'il a rappelé Peter Mandelson de Bruxelle, afin de l'aider à surmonter ces difficultés. Au passage, le départ de Peter Mandelson de la Commission Européenne ne sera pas forcément regretté partout en Europe, et notamment à Paris...

Gordon Brown n'est pas sauvé pour autant. Il a peut-être sorti la tête hors de l'eau, mais il nage toujours en pleine tempête. Les tories doivent néanmoins maintenant se demander ce qu'ils ont à proposer.Au lieu de compter sur la seule lassitude, ils augmenteraient considérablement leur chance s'ils avaient un projet alternatif à proposer. Depuis l'arrivée de Tony Blair au pouvoir, ils ont souvent été une caricature d'eux-mêmes. Le New Labour avait réussi a élargir son champ d'action en se recentrant, peut-être David Cameron peut-il aussi faire évoluer les positions de son parti sur certains thèmes. Aujourd'hui, la coopération européenne apparaît comme un outil utile pour faire face aux difficultés mondiales. Accepter de prendre place dans la politique européenne pourrait être une voie à explorer pour les conservateurs. Les deux dernières alternances britanniques, avec Margaret Thatcher et Tony Blair, ont été l'occasion de profonds changements idéologiques. Les conservateurs devraient être prêt à en apporter un nouveau s'ils veulent conquérir le pouvoir, car actuellement, Gordon Brown tient bon.

samedi 18 octobre 2008

L'éternel défi d'Israel

Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a été poussé à la démission à cause d'encombrantes affaires de corruption. La ministre des Affaires étrangères du gouvernement qu'il dirigeait, Tzipi Livni, a remporté les primaires internes au parti actuellement au pouvoir, Kadima. Elle a été chargée par le Président israélien, Shimon Peres, de former un gouvernement, une tâche rendue difficile par l'opposition du parti de droite, le Likud. Cela fait deux ans maintenant que le fondateur de Kadima, Ariel Sharon, se trouve dans le coma. Considéré à l'origine comme un faucon en matière de relations avec la Palestine, il a surpris en se montrant disposé à faire progresser la paix. Il a ainsi compris que le maintien de colonies israéliennes dans les territoires attribués aux Palestiniens selon les frontières de 1967 représentait une plaie ouverte à toute tentative de paix. En effet, s'il n'est pas question de minimiser les effets dévastateurs de l'extrémisme d'une partie des Palestiniens, le non-respect par un Etat démocratique de décisions prises lors d'accords de paix nuit gravement aux relations avec l'ensemble des Palestiniens et génère quotidiennement de la haine. Pour dire les choses clairement, les Palestiniens, qui n'avaient déjà pas bien vécu l'établissement de l'Etat d'Israël au Proche Orient, ont le sentiment de se faire voler toujours davantage de terres par les Israéliens. Pour qu'il puisse y avoir coexistence, il doit y avoir respect mutuel.

Or il s'avère que les mouvements de colons restent toujours aussi actifs, et continuent d'agrandir celles existantes en Cisjordanie, ainsi que d'en établir de nouvelles. Les colons obéissent à des injonctions religieuses et idéologiques, et ce faisant, n'envisagent pas véritablement le maintien de la Palestine. La paix, dès lors, n'est pas un objectif pour eux. Leur responsabilité est comparable à celle des fondamentalistes du Hamas dans le maintien de cet interminable conflit. Si de nombreux hommes ont consacré leur vie à la paix, d'autres semblent dévoués à continuer une guerre ancestrale.

Le dernier passage d'Ariel Sharon au pouvoir avait permis deux réussites. D'une part, il a permis de limiter le nombre d'attentats suicide commis par des terroristes palestiniens en construisant un mur autour de la Cisjordanie. Ce mur est certes un symbole atroce de défiance, et surtout, il a été construit à l'intérieur de la "ligne verte" qui constitue la frontière palestinienne. Ce faisant, la Palestine a perdu une partie de son territoire. Israel promet des compensations. D'autre part, Ariel Sharon avait également réussi à faire évacuer les colons de la Bande de Gaza. Ce mouvement était nécessaire, mais il reste incomplet. Les colonies établies en Cisjordanie doivent également être démantelées. Ehud Olmert, qui a succédé à Ariel Sharon, a lui échoué sur ces mêmes plans. Son intervention militaire au Liban n'a pas permis d'affaiblir le Hezbollah, qui par ses roquettes, nuit à la sécurité d'Israel. Quant aux colonies, elles se sont largement développées au cours de ces deux années et demi. En dépit des protestations des Etats-Unis, le gouvernement israélien a laissé faire un mouvement qui ne peut avoir que des conséquences fâcheuses. La Cisjordanie est de plus en plus recouverte de colonies, et les colons semblent plus décidés que jamais à y rester, n'hésitant plus à recourir à la violence au besoin.

En fermant les yeux, Ehud Olmert est coupable de laisser la situation empirer. L'apparence de calme actuel est trompeuse, dans la mesure où ces mois de paix ne serviront, comme à chaque fois, à préparer la prochaine période de guerre. Construire la paix est pour Israël un éternel défi. Le gouvernement sortant semble l'avoir oublié. Tzipi Livni devra se souvenir qu'en plus de demander aux Palestiniens de faire leur part pour permettre la paix, elle devra également faire la sienne. Et à ce titre, la colonisation est un problème dont la gravité s'accroit de jour en jour.

vendredi 3 octobre 2008

Presidential update

Le 44ème Président des Etats-Unis sera élu dans un mois maintenant. La vraie campagne a commencé en août, et depuis la grande compétition des publicités télévisées politiques bat son plein. Plus l'on se rapproche de l'élection, et plus elles sont de mauvaise foi, accumulant les sophismes et les mises en causes douteuses. Si les candidats se consacrent bel et bien à faire campagne dans tout le pays, leurs efforts ont moins d'impact médiatique qu'en 2004, la crise financière et les questions internationales brûlantes laissent parfois l'élection en second plan. Alors que le psychodrame se poursuit au Congrès au sujet de l'adoption du plan Paulson, les candidats semblent même avoir une influence anecdotique. C'est pourtant dans ce cadre que se forment et se figent les opinions des électeurs quant à leur prochain Président.

Dans ce contexte, le candidat républicain John McCain est en posture difficile : toutes les difficultés que connaissent actuellement l'Amérique ne sont que l'héritage de la présidence Bush, et John McCain ne propose rien qui soit si différent de son possible prédécesseur. La convention démocrate, fin août, fut un grand succès, et le discours que tint Barack Obama à cette occasion devait lui apporter un grand élan populaire en sa faveur. En revanche, la convention républicaine semblait devoir faire face à la morosité, et ce d'autant plus qu'elle avait été tronquée d'une journée pour cause d'ouragan en Louisiane. En choisissant Sarah Palin, la gouverneure de l'Alaska, comme sa colistière, John McCain a fait un pari : celle-ci n'avait que deux années d'expérience, dans un Etat éloigné et peu peuplé et n'apparaissait donc pas comme une possible occupante de la Maison Blanche. Mais elle appartient au courant de la droite sociale et religieuse, et elle dispose d'une fraîcheur qui passe bien devant les caméras, et en dénotant de façon aussi forte par rapport au reste de la classe politique siégeant à Washington, se révèle être une image du changement.

De son côté,Barack Obama a demandé au sénateur Joe Biden d'être son colistier. Ce dernier siège au Sénat depuis 1972, et s'il ne peut être accusé de manquer d'expérience, il trouble le message de changement qu'apportait justement le candidat démocrate : comment penser que Joe Biden peut changer davantage les choses alors qu'il est au premier plan depuis plus de 35 ans ? Le contraste est fort avec Sarah Palin. Le débat qui a eu lieu hier soir n'a pas changé grand chose toutefois, si ce n'est de montrer l'aisance des deux colistiers sur la forme. Ce n'était pas évident pour Sarah Palin, qui apparait quand même manquer de préparation et de connaissances dans ses interviews télévisées. Depuis son apparition sur la scène médiatique nationale, elle a été étrillée par les journalistes, et à juste raison à vrai dire. Un constat demeure : elle a exactement le même profil que celui que George W. Bush avait en 2000, et elle n'apparaît en rien moins qualifiée en comparaison. Evidemment, George Bush est clairement le pire président qu'ait connu les Etats-Unis au vu de son bilan, et donc les critiques envers Sarah Palin sont justifiées, surtout lorsque l'on connaît l'âge et la santé parfois fragile du candidat républicain. Mais comment se fait-il que personne ne se soit posé de questions en 2000, lorsque George Bush se présentait pour diriger les Etats-Unis, alors qu'il en avait pas les compétences ?

Mais il serait inutile de surestimer l'impact qu'ont les candidats à la vice-présidence. Le jour du vote, ce seront bien pour ou contre Barack Obama et John McCain que les électeurs se décideront. Aujourd'hui, il serait surprenant que John McCain parvienne à l'emporter. Il faut se souvenir néanmoins que lors des primaires républicaines, il apparaissait déjà comme hors de la course lors de l'été 2007. Contre toute attente, il a réussi à décrocher la nomination de façon nette. Il serait dès lors présomptueux de l'enterrer trop tôt à nouveau.

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