Le 44ème Président des Etats-Unis sera élu dans un mois maintenant. La vraie campagne a commencé en août, et depuis la grande compétition des publicités télévisées politiques bat son plein. Plus l'on se rapproche de l'élection, et plus elles sont de mauvaise foi, accumulant les sophismes et les mises en causes douteuses. Si les candidats se consacrent bel et bien à faire campagne dans tout le pays, leurs efforts ont moins d'impact médiatique qu'en 2004, la crise financière et les questions internationales brûlantes laissent parfois l'élection en second plan. Alors que le psychodrame se poursuit au Congrès au sujet de l'adoption du plan Paulson, les candidats semblent même avoir une influence anecdotique. C'est pourtant dans ce cadre que se forment et se figent les opinions des électeurs quant à leur prochain Président.

Dans ce contexte, le candidat républicain John McCain est en posture difficile : toutes les difficultés que connaissent actuellement l'Amérique ne sont que l'héritage de la présidence Bush, et John McCain ne propose rien qui soit si différent de son possible prédécesseur. La convention démocrate, fin août, fut un grand succès, et le discours que tint Barack Obama à cette occasion devait lui apporter un grand élan populaire en sa faveur. En revanche, la convention républicaine semblait devoir faire face à la morosité, et ce d'autant plus qu'elle avait été tronquée d'une journée pour cause d'ouragan en Louisiane. En choisissant Sarah Palin, la gouverneure de l'Alaska, comme sa colistière, John McCain a fait un pari : celle-ci n'avait que deux années d'expérience, dans un Etat éloigné et peu peuplé et n'apparaissait donc pas comme une possible occupante de la Maison Blanche. Mais elle appartient au courant de la droite sociale et religieuse, et elle dispose d'une fraîcheur qui passe bien devant les caméras, et en dénotant de façon aussi forte par rapport au reste de la classe politique siégeant à Washington, se révèle être une image du changement.

De son côté,Barack Obama a demandé au sénateur Joe Biden d'être son colistier. Ce dernier siège au Sénat depuis 1972, et s'il ne peut être accusé de manquer d'expérience, il trouble le message de changement qu'apportait justement le candidat démocrate : comment penser que Joe Biden peut changer davantage les choses alors qu'il est au premier plan depuis plus de 35 ans ? Le contraste est fort avec Sarah Palin. Le débat qui a eu lieu hier soir n'a pas changé grand chose toutefois, si ce n'est de montrer l'aisance des deux colistiers sur la forme. Ce n'était pas évident pour Sarah Palin, qui apparait quand même manquer de préparation et de connaissances dans ses interviews télévisées. Depuis son apparition sur la scène médiatique nationale, elle a été étrillée par les journalistes, et à juste raison à vrai dire. Un constat demeure : elle a exactement le même profil que celui que George W. Bush avait en 2000, et elle n'apparaît en rien moins qualifiée en comparaison. Evidemment, George Bush est clairement le pire président qu'ait connu les Etats-Unis au vu de son bilan, et donc les critiques envers Sarah Palin sont justifiées, surtout lorsque l'on connaît l'âge et la santé parfois fragile du candidat républicain. Mais comment se fait-il que personne ne se soit posé de questions en 2000, lorsque George Bush se présentait pour diriger les Etats-Unis, alors qu'il en avait pas les compétences ?

Mais il serait inutile de surestimer l'impact qu'ont les candidats à la vice-présidence. Le jour du vote, ce seront bien pour ou contre Barack Obama et John McCain que les électeurs se décideront. Aujourd'hui, il serait surprenant que John McCain parvienne à l'emporter. Il faut se souvenir néanmoins que lors des primaires républicaines, il apparaissait déjà comme hors de la course lors de l'été 2007. Contre toute attente, il a réussi à décrocher la nomination de façon nette. Il serait dès lors présomptueux de l'enterrer trop tôt à nouveau.