Le Premier ministre israélien Ehud Olmert a été poussé à la démission à cause d'encombrantes affaires de corruption. La ministre des Affaires étrangères du gouvernement qu'il dirigeait, Tzipi Livni, a remporté les primaires internes au parti actuellement au pouvoir, Kadima. Elle a été chargée par le Président israélien, Shimon Peres, de former un gouvernement, une tâche rendue difficile par l'opposition du parti de droite, le Likud. Cela fait deux ans maintenant que le fondateur de Kadima, Ariel Sharon, se trouve dans le coma. Considéré à l'origine comme un faucon en matière de relations avec la Palestine, il a surpris en se montrant disposé à faire progresser la paix. Il a ainsi compris que le maintien de colonies israéliennes dans les territoires attribués aux Palestiniens selon les frontières de 1967 représentait une plaie ouverte à toute tentative de paix. En effet, s'il n'est pas question de minimiser les effets dévastateurs de l'extrémisme d'une partie des Palestiniens, le non-respect par un Etat démocratique de décisions prises lors d'accords de paix nuit gravement aux relations avec l'ensemble des Palestiniens et génère quotidiennement de la haine. Pour dire les choses clairement, les Palestiniens, qui n'avaient déjà pas bien vécu l'établissement de l'Etat d'Israël au Proche Orient, ont le sentiment de se faire voler toujours davantage de terres par les Israéliens. Pour qu'il puisse y avoir coexistence, il doit y avoir respect mutuel.

Or il s'avère que les mouvements de colons restent toujours aussi actifs, et continuent d'agrandir celles existantes en Cisjordanie, ainsi que d'en établir de nouvelles. Les colons obéissent à des injonctions religieuses et idéologiques, et ce faisant, n'envisagent pas véritablement le maintien de la Palestine. La paix, dès lors, n'est pas un objectif pour eux. Leur responsabilité est comparable à celle des fondamentalistes du Hamas dans le maintien de cet interminable conflit. Si de nombreux hommes ont consacré leur vie à la paix, d'autres semblent dévoués à continuer une guerre ancestrale.

Le dernier passage d'Ariel Sharon au pouvoir avait permis deux réussites. D'une part, il a permis de limiter le nombre d'attentats suicide commis par des terroristes palestiniens en construisant un mur autour de la Cisjordanie. Ce mur est certes un symbole atroce de défiance, et surtout, il a été construit à l'intérieur de la "ligne verte" qui constitue la frontière palestinienne. Ce faisant, la Palestine a perdu une partie de son territoire. Israel promet des compensations. D'autre part, Ariel Sharon avait également réussi à faire évacuer les colons de la Bande de Gaza. Ce mouvement était nécessaire, mais il reste incomplet. Les colonies établies en Cisjordanie doivent également être démantelées. Ehud Olmert, qui a succédé à Ariel Sharon, a lui échoué sur ces mêmes plans. Son intervention militaire au Liban n'a pas permis d'affaiblir le Hezbollah, qui par ses roquettes, nuit à la sécurité d'Israel. Quant aux colonies, elles se sont largement développées au cours de ces deux années et demi. En dépit des protestations des Etats-Unis, le gouvernement israélien a laissé faire un mouvement qui ne peut avoir que des conséquences fâcheuses. La Cisjordanie est de plus en plus recouverte de colonies, et les colons semblent plus décidés que jamais à y rester, n'hésitant plus à recourir à la violence au besoin.

En fermant les yeux, Ehud Olmert est coupable de laisser la situation empirer. L'apparence de calme actuel est trompeuse, dans la mesure où ces mois de paix ne serviront, comme à chaque fois, à préparer la prochaine période de guerre. Construire la paix est pour Israël un éternel défi. Le gouvernement sortant semble l'avoir oublié. Tzipi Livni devra se souvenir qu'en plus de demander aux Palestiniens de faire leur part pour permettre la paix, elle devra également faire la sienne. Et à ce titre, la colonisation est un problème dont la gravité s'accroit de jour en jour.