Réflexions en cours

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mercredi 21 février 2007

Relents de guerre froide

Au lendemain du 11 septembre 2001, les relations diplomatiques entre la Russie et les Etats-Unis étaient excellentes. Les deux pays s'étaient mis d'accord sur le front de la lutte contre le terrorisme : en Tchétchénie pour la Russie, en Afghanistan pour les Etats-Unis. C'était l'époque où Vladimir Poutine était l'invité de George Bush dans son ranch texan de Crawford, chacun laissant l'autre faire sa guerre personnelle. Aujourd'hui, des tensions apparaissent, comme on peut le voir actuellement avec l'installation d'anti-missiles américains dans des pays de l'Europe de l'Est. Un bon nombre de pays de l'ancien bloc soviétique ont en effet intégré l'OTAN, et font donc partie de la zone d'influence des Etats-Unis. Ces derniers ont donc voulu profiter de cet avantage stratégique pour y installer des rampes de lancement d'anti-missiles, afin de contrer les menaces des "Etats voyous" qui pourraient affecter leurs alliés. Mais la Russie voit dans ce mouvement une entorse aux accords de désarmement qui ont permis la détente entre les deux blocs. Ces anti-missiles sont donc vus comme hostiles pour la Russie, qui prévient les pays de l'Europe de l'est des dangers qu'il y aurait à rentrer dans un tel jeu. Mise à part que les systèmes de missiles américains sont désormais installés en Europe de l'est au lieu de la RFA, on se croirait revenu au temps de la guerre froide, où chaque bloc tenait en joue l'autre par ses missiles, quitte à signer des traités de désarmements de temps en temps pour apaiser les tensions.

Les Etats-Unis se défendent d'avoir des intentions belliqueuses envers la Russie : ces anti-missiles ne sont dirigés que vers les Etats-voyous. On peut s'interroger sur un bon nombre des données du problème, pour commencer, cette installation veut-elle dire que la menace représentée par l'Iran et la Corée du Nord est d'ores et déjà si fortes qu'il faille s'en prémunir militairement d'un point de vue défensif ? Pourquoi la Russie s'offusque-t-elle de l'installations d'anti-missiles, qui en théorie, n'ont aucune utilité offensive par définition ? Au pire, cela voudrait-il dire qu'une attaque de la Russie sur l'Europe de l'est serait plus difficile, mais depuis quand une telle attaque relève du domaine du possible ? Les Américains essaient de rassurer les Russes en leur disant que de toutes façons, de tels anti-missiles ne sont pas adaptés pour répondre à une force telle que la leur. Mais il y a-t-il encore des anti-missiles prêts à répondre à une très hypothétique menace russe, alors que ceux-ci grognent lorsqu'ils voient les Etats-Unis investir leur zone d'influcence réservée, et rétablir leur puissance stratégique par le contrôle de ressources pétrolières et gazières ?

Le coeur de la question se trouve en fait dans le rôle qu'entend jouer la Russie. Vladimir Poutine s'est imposé facilement à la tête de l'Etat russe, et a depuis appliqué sans état d'âme une politique de rétablissement de l'autorité de l'Etat à l'intérieur, et de reconquête de puissance à l'extérieur. Dans ce cadre, les pays de l'Europe de l'est sont toujours vus comme des sujets à la rebellion inopportune, qui auraient profité d'un instant de faiblesse pour tenter de s'enfuir de l'influence russe. Vladimir Poutine est certes un ancien du KGB, mais ce qu'il servait à l'époque, comme ce qu'il sert maintenant, c'est la puissance de la Russie, indépendemment de la nature communiste ou non du régime. On s'aperçoit en fait que l'internationale communiste n'était du temps du soviétisme qu'une excuse visant à accroitre la puissance russe. Dans ce sens, le communisme n'a été qu'une apparence d'une sorte de constance russe, qui consiste à avoir un pouvoir central très fort à l'intérieur, et à vouloir peser fortemement de sa puissance à l'extérieur. Le traité de Yalta n'a été qu'une façon de contrôler l'Europe de l'est, comme d'autres guerres l'avaient permis aux siècles précédents. Et c'est bien pour cela que des pays comme la Pologne comptent sur les Etats-Unis pour leur permettre d'échapper à la tentation russe de remettre une main ferme sur le pays. D'où la colère de Vladimir Poutine à l'idée que l'on puisse chercher à écarter ces pays de l'influence russe. Surtout de la part des Etats-Unis, l'ancien ennemi qui était censé être l'égal autrefois, et qui apparaissent dès lors à nouveau dans le rôle de principal opposant. Et c'est bien cela qui donne à de telles affaires des relents de guerre froide.

mardi 13 février 2007

Barack Obama est-il assez noir ?

Le sociologue Orlando Patterson écrit dans le Time Magazine, que si Barack Obama, sénateur (métisse) de l'Illinois, est distance dans les sondages par Hillary Clinton chez les afro-americains, ce n'est pas parce que ceux si sont insensibles a la couleur de peau dans leurs choix de vote, mais parce que Hillary Clinton serait perçue comme plus proche des préoccupations de ce qui reste une "communauté", alors que Barack Obama ne serait pas vraiment noir. Ce qui le différencie des autres afro-americains, c'est que sa couleur de peau lui vient de son père, immigre kenyan. Sa mère est blanche, et il a été élevé par ses grands parents blancs. Il a suivi le parcours classique d'ascension sociale des blancs, qui eux se sentent très a l'aise avec lui. Ainsi, selon Orlando Patterson, Barack Obama serait perçu comme un blanc par des noirs qui ont fait du fait d'être les héritiers d'une histoire particulière un point de fierté. Le sociologue parle d'une identité noire aux Etats-Unis forgée par l'Histoire, des évènements qui auraient crée une conscience commune entre les noirs a l'origine descendants d'esclaves, puis également nouveaux immigres d'Afrique a condition qu'ils reprennent à leur compte cet "héritage". Ces derniers temps, cette identité noire se serait concentrée sur ce qui la différencie des blancs, faisant de cette façon de penser une sorte de réponse au racisme blanc. Orlando Patterson parle même d'une tendance croissante vers l'auto-segregation au sein de la classe moyenne noire américaine. Voila qui est troublant.

Une telle analyse laisse penser que le multiculturalisme américain est bien un communautarisme dont on ne sort pas. Des gens qui vivent ensemble sur le même territoire, tout en étant profondément divises. Ainsi, il restera encore longtemps des différences autres que la seule couleur de peau entre noirs et blanc aux Etats-Unis, vu qu'il y aurait une culture noire qui ne serait pas celle dominante. Le multiculturalisme n'est donc pas un vrai vecteur de cohésion sociale. En France, Gaston Kelman a écrit un livre intitule "Je suis noir et je n'aime pas le manioc", suivi de "Au delà du noir et du blanc". Il y affirme qu'il n'a ni honte ni fierté d'être noir, car il est avant tout un homme. Dans son premier ouvrage, il énumère les cliches qui sont associes aux noirs, avant de déplorer que tant les noirs et les blancs agissent comme si le fait d'être noir faisait une différence. Lui, noir (comme l'est Orlando Patterson d'ailleurs), n'a pas envie d'être toujours ramené à sa couleur de peau, qu'on lui rappelle l'histoire africaine par laquelle il ne sent pas nécessairement concerne et regrette cette sorte de consensus autour du fait qu'être noir change fondamentalement quelque chose au fait d'être blanc.

Alors il est bien temps, aux Etats-Unis comme en France, d'oublier les couleurs de peau. Cela vaut tant pour les noirs que pour les blancs. Lors de son élection, en 2004, l'élection de Barack Obama avait été particulièrement remarquée car il devenait le seul noir présent au Sénat. Il est devenu populaire, et a fini par envisager une candidature a la présidentielle de 2008 alors qu'il n'y pensait pas vraiment, mais les médias s'étaient pris de frénésie pour cet homme qui semble sortir du lot, et le lui demandaient inlassablement s'il serait candidat. Barack Obama a certes de grands mérites, et s'il est suffisamment noir pour dénoter au Sénat, et pas assez pour conquérir un électorat qui est caractérisé et réduit par des sondages à la seule couleur de peau de ceux qui le composent, il n'en reste pas moins que fondamentalement Barack Obama n'a pas l'expérience requise pour le poste, avec seulement quatre ans de travail législatif au niveau fédéral, et sans expérience exécutive. Des lors, il serait étonnant (et il serait probablement le premier étonne) que l'investiture du parti démocrate lui soit donne. Dans la politique américaine, cette candidature peut néanmoins lui permettre de jouer place : une façon de prendre note pour 2012 ou plus tard pour une candidature sur son nom, ou d'être un nom envisageable pour le poste de vice-president.

mercredi 7 février 2007

Le calcio dans la tourmente

Le football italien est assez mouvementé depuis un an : cela commence par le scandale de la corruption des arbitres de la Serie A qui a renvoyé la prestigieuse Juventus en Serie B, le renouveau au milieu du désarroi par la victoire lors de la Coupe du monde, et outre les deux coups de tête encaissés par Marco Materazzi, l'Italie voit à nouveau son football devenir un thème de tristesse, et cette fois-ci c'est autrement plus grave puisqu'il y a eu mort d'homme. Samedi en effet, un policier italien a été tué lors de heurts avec des hooligans. Les autorités sportives et gouvernementales ont réagi en suspendant toutes les compétitions de football, le temps au moins de se poser la question de la lutte contre les supporters violents. Bien sûr, cette situation n'est pas très éloignée de ce qu'il s'est passé en France, où cette fois c'était un hooligan qui a été tué en essayant de s'en prendre à un supporter adverse et au policier qui tentait de le défendre. Adversaires en finale en juillet dernier, l'Italie et la France se retrouvent piteusement sur le terrain de la lutte contre la violence aux bords des stades. Mais le hooliganisme est un phénomène bien connu aussi dans d'autres pays d'Europe, notamment en Angleterre.

Il est désespérant que le sport devienne un enjeu d'affrontements violents. Il faut certes beaucoup de passion pour soutenir une équipe semaine après semaine pendant des années, mais pour en arriver à l'hooliganisme il ne faut plus voir l'aspect sportif et se concentrer sur la notion de rapport de forces. Les supporteurs adhérents d'associations ont leur monde à eux, à côté du terrain, où en dehors des résultants de l'équipe qu'ils soutiennent ils passent beaucoup de temps et d'énergie dans leurs activités propres, et ils ont par exemple une grande fierté à réaliser de belles animations dans les tribunes, à créer une ambiance particulière et à être ensemble dans un cadre chaleureux. Le tout est de ne pas basculer ces énergies dans l'opposition franche à autrui : on peut être chauvin et de mauvaise foi pour défendre une équipe, il y a une limite claire avec les insultes et la violence avec ceux d'en face ou les forces de l'ordre.

L'Italie a mis en place des mesures sévères, comme l'obligation de jouer à huis clos si le stade n'est pas aux dernières normes. Les liens entre les clubs et les associations de supporters ultra sont également proscrits. Cette dernière pourrait aussi être appliquée en France, où les associations ont beaucoup de pouvoir. Ainsi, à Marseille, une partie des abonnements est vendue directement par ces associations, elles forment en fait une sorte de contrôle parallèle des à côtés du club, de par leur influence.

Du côté de l'Italie où le football a une place bien forte qu'en France, ces événements négatifs sont évidemment mal vécus. Et la résolution de ces problèmes semble cette fois prendre beaucoup de temps. Mais les championnats italiens avait déjà été longtemps dans le maëlstrom à propos des droits télévisés, entre autres. S'il y a autant de scandales, de difficultés et de conflits à propos d'un sport, n'est-ce pas le signe qu'il a pris trop d'importance, en dépit des joies qu'il peut susciter ?

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