Le sociologue Orlando Patterson écrit dans le Time Magazine, que si Barack Obama, sénateur (métisse) de l'Illinois, est distance dans les sondages par Hillary Clinton chez les afro-americains, ce n'est pas parce que ceux si sont insensibles a la couleur de peau dans leurs choix de vote, mais parce que Hillary Clinton serait perçue comme plus proche des préoccupations de ce qui reste une "communauté", alors que Barack Obama ne serait pas vraiment noir. Ce qui le différencie des autres afro-americains, c'est que sa couleur de peau lui vient de son père, immigre kenyan. Sa mère est blanche, et il a été élevé par ses grands parents blancs. Il a suivi le parcours classique d'ascension sociale des blancs, qui eux se sentent très a l'aise avec lui. Ainsi, selon Orlando Patterson, Barack Obama serait perçu comme un blanc par des noirs qui ont fait du fait d'être les héritiers d'une histoire particulière un point de fierté. Le sociologue parle d'une identité noire aux Etats-Unis forgée par l'Histoire, des évènements qui auraient crée une conscience commune entre les noirs a l'origine descendants d'esclaves, puis également nouveaux immigres d'Afrique a condition qu'ils reprennent à leur compte cet "héritage". Ces derniers temps, cette identité noire se serait concentrée sur ce qui la différencie des blancs, faisant de cette façon de penser une sorte de réponse au racisme blanc. Orlando Patterson parle même d'une tendance croissante vers l'auto-segregation au sein de la classe moyenne noire américaine. Voila qui est troublant.

Une telle analyse laisse penser que le multiculturalisme américain est bien un communautarisme dont on ne sort pas. Des gens qui vivent ensemble sur le même territoire, tout en étant profondément divises. Ainsi, il restera encore longtemps des différences autres que la seule couleur de peau entre noirs et blanc aux Etats-Unis, vu qu'il y aurait une culture noire qui ne serait pas celle dominante. Le multiculturalisme n'est donc pas un vrai vecteur de cohésion sociale. En France, Gaston Kelman a écrit un livre intitule "Je suis noir et je n'aime pas le manioc", suivi de "Au delà du noir et du blanc". Il y affirme qu'il n'a ni honte ni fierté d'être noir, car il est avant tout un homme. Dans son premier ouvrage, il énumère les cliches qui sont associes aux noirs, avant de déplorer que tant les noirs et les blancs agissent comme si le fait d'être noir faisait une différence. Lui, noir (comme l'est Orlando Patterson d'ailleurs), n'a pas envie d'être toujours ramené à sa couleur de peau, qu'on lui rappelle l'histoire africaine par laquelle il ne sent pas nécessairement concerne et regrette cette sorte de consensus autour du fait qu'être noir change fondamentalement quelque chose au fait d'être blanc.

Alors il est bien temps, aux Etats-Unis comme en France, d'oublier les couleurs de peau. Cela vaut tant pour les noirs que pour les blancs. Lors de son élection, en 2004, l'élection de Barack Obama avait été particulièrement remarquée car il devenait le seul noir présent au Sénat. Il est devenu populaire, et a fini par envisager une candidature a la présidentielle de 2008 alors qu'il n'y pensait pas vraiment, mais les médias s'étaient pris de frénésie pour cet homme qui semble sortir du lot, et le lui demandaient inlassablement s'il serait candidat. Barack Obama a certes de grands mérites, et s'il est suffisamment noir pour dénoter au Sénat, et pas assez pour conquérir un électorat qui est caractérisé et réduit par des sondages à la seule couleur de peau de ceux qui le composent, il n'en reste pas moins que fondamentalement Barack Obama n'a pas l'expérience requise pour le poste, avec seulement quatre ans de travail législatif au niveau fédéral, et sans expérience exécutive. Des lors, il serait étonnant (et il serait probablement le premier étonne) que l'investiture du parti démocrate lui soit donne. Dans la politique américaine, cette candidature peut néanmoins lui permettre de jouer place : une façon de prendre note pour 2012 ou plus tard pour une candidature sur son nom, ou d'être un nom envisageable pour le poste de vice-president.