Réflexions en cours

Aller au contenu | Aller au menu | Aller à la recherche

dimanche 27 novembre 2011

Les technocrates conquièrent le pouvoir

La crise financière de 2008 a des conséquences sévères et durables. Les Etats-Unis, qui en sont à l'origine, ne s'en sont toujours pas sortis. La crise des dettes souveraines européennes en découle. Le ralentissement économique a favorisé les révolutions en Afrique du Nord. Ce sont les peuples qui ont à subir les mauvais temps économiques, et cela leur devient rapidement insupportable. Ils cherchent donc un changement, et de toute façon, la transformation de l'environnement économique mondiale force des évolutions de politique. Cela peut arriver via les élections, prévues ou anticipées. L'Espagne, le Portugal et l'Irlande, chacun durement touchés par la crise, ont ainsi vu s'opérer l'alternance. Mais ce ne sont pas les seuls changements de responsables à l'œuvre.

Dans les pays où le jeu politique est trop lourd et handicapant, la tentation est grande d'écarter les élus, souvent considérés comme des politiciens n'ayant qu'une vision électoraliste à court terme. Ils ont peut-être la légitimité, mais ils n'ont pas la crédibilité, auprès de leurs propres peuples comme auprès des acteurs extérieurs (institutions internationales, gouvernements étrangers et marchés financiers). Disqualifiant ainsi l'ensemble de la classe politique, la solution de secours est alors représentée par les grands fonctionnaires, si possible ceux qui ont une expérience internationale, qui ont le mérite de ne pas avoir trempé dans le marasme politicien qui fait l'actualité quotidienne. Les exemples sont nombreux.

Certains ont relevé que les nouveaux Premiers ministres italiens et grecs, Mario Monti et Lucas Papademos, étaient tous les deux passés par la banque d'affaires Goldman Sachs. Mais il est plus intéressant de noter leurs parcours européens respectifs. Lucas Papademos peut se prévaloir d'avoir été vice-président de la Banque Centrale Européenne. Quant à Mario Monti, il est resté célèbre pour ses 10 ans passés au poste de commissaire européen à la concurrence, où il laissa le souvenir d'un ayatollah de la concurrence pure et parfaite. En Egypte aussi, le même mécanisme est à l'œuvre. En l'occurrence, on parle de plus en plus de Mohamed ElBaradei comme alternative au pouvoir des militaires. On se souvient de lui comme dirigeant de l'Agence Internationale à l'Energie Atomique, où il mena notamment le contrôle des règles imposées à l'Irak avant 2003. Ce temps passé aux Nations Unies lui permit d'obtenir le prix Nobel de la paix, la plus prestigieuse des distinctions. Dans une Egypte où toute une démocratie est à construire, un tel profil obtient nécessairement un poids important, et ressemble même à l'arrivée d'un homme providentiel. Et en France, de tels mécanismes psychologiques étaient également à l'oeuvre jusqu'au printemps dernier : à la tête du FMI à Washington, Dominique Strauss-Kahn était bien plus populaire que lorsqu'il était un homme politique ordinaire. Mais cela doit justement nous rappeler que les technocrates internationaux ne sont pas fondamentalement plus irréprochables que les responsables locaux.

mercredi 2 novembre 2011

7 milliards d'humains : la preuve d'une période facile de l'Histoire ?

Nous sommes paraît-il sept milliards d'êtres humains à habiter cette planète. D'habitude, les informations qui sont traitées par les journalistes sont presque toutes affreusement déprimantes. Guerres, crises économiques, maladies, pauvreté, famines... Et malgré tout cela, la population continue de croître dans des proportions incroyables, poursuivant une explosion démographique sans précédent. Nous avons gagné un milliard d'habitants en une douzaine d'années. Il y a actuellement 4 milliards et demi d'habitants en plus par rapport à 1950. Cela fait beaucoup. La première conclusion que l'on peut tirer de cela, c'est que malgré tout, les conditions de vie n'ont jamais été aussi bonnes. En effet, si elles étaient vraiment mauvaises, autant de personnes ne pourrait pas survivre. Malgré les guerres, les maladies et les famines qui ont autrefois décimé la population mondiale, cette dernière continue de croître à un rythme insensé. C'est bien la preuve que ces guerres, maladies et famines ne sont pas si graves que cela, une fois vues à l'échelle du monde entier.

C'est en fait une question tout à fait malthusienne. A ce titre, on pourrait d'ailleurs prendre ce constat en le reversant : et si les guerres, les famines et la pauvreté n'étaient que la conséquence de cette augmentation disproportionnée de la population ? C'est l'ancien débat autour de la célèbre phrase de Jean Bodin, "il n'y a de richesses que d'hommes". Pour être plus terre à terre, on pourrait commencer par essayer de mettre en rapport peuples et ressources.

Aujourd'hui, l'Asie est de loin le continent le plus peuplé. L'Inde et la Chine ont chacun une population supérieure à un milliard de personnes, mais ces pays connaissant une croissance économique très forte, qui leur donne au moins l'opportunité d'améliorer leur développement. Encore de larges pans de leurs populations sont très pauvres, mais le niveau de vie augmente quand même progressivement. A contrario, l'Afrique est le continent qui connait la croissance démographique la plus soutenue, avec une population actuelle très jeune. Mais les opportunités économiques sont loin de suivre. Il n'y a pas vraiment d'industrialisation de l'Afrique sub-saharienne, et une agriculture peu productive ne suffit pas pour favoriser le développement. Les Etats y sont mal structurés, ils apportent peu d'aide à l'essor économique, et les luttes régulières pour le gouvernement, la corruption et le népotisme handicapent même les initiatives individuelles. Il n'y a jamais eu autant d'habitants en Afrique, mais par corolaire, il n'y a jamais eu autant de miséreux en Afrique aussi...

La croissance démographique africaine est donc une machine à fabriquer de la misère. A quoi bon donner naissance à beaucoup d'enfants, si c'est pour qu'ils vivent dans des conditions de vie tout à fait déplorables, et cherchent à quitter leur lieu de naissance par tous les moyens ? Une forte fertilité avait une utilité lorsqu'elle devait suppléer une mortalité infantile élevée, mais la croissance démographique actuelle tend à montrer que celle-ci a diminué, sans que les comportements se soient adaptés. Pour son propre avenir, l'Afrique a donc tout intérêt à terminer sa transition démographique.

free hit counter