mercredi 30 mai 2007
De la naïveté en matière d'échanges internationaux
Par xerbias, mercredi 30 mai 2007 à 23:29 :: Monde
Danone a eu une nouvelle mauvaise surprise en Chine. Les organismes de contrôles chinois disent y avoir trouvé un taux anormalement élevé de bactéries, donnant l'impression aux consommateurs qu'elle pourrait être dangereuse, et entrainant donc un boycott de fait. Cela fait suite aux multiples conflits qu'a le groupe français avec son partenaire chinois Wahaha, qui oublie ses accords pour mieux doubler la multinationale. Le patriotisme économique chinois n'est plus à prouver, et un exemple nous en est ici donné. D'une manière générale, l'obligation pour les multinationales de faire des joint-ventures avec les entreprises locales pour pouvoir s'y développer est l'occasion de créer une alliance tout à fait disproportionnée, dans la mesure où seul le groupe chinois est appelé à en profiter. Si l'entreprise occidentale vient à prendre trop d'importance, les ennuis commencent. Dans un pays où la bureaucratie forme un système politique, les autorisations de faire quoi que ce soit deviennent tout d'un coup très compliquées à obtenir. Le but est évidemment que la partie chinoise prenne l'ascendant sur le contrôle du marché intérieur. Elle pourra éventuellement se développer à l'étranger en bénéficiant de ce marché garanti, et des transferts de savoir faire réalisés pendant le partenariat. En fin de compte, la Chine joue tout simplement ses propres intérêts, en facilitant tout en cynisme le développement des ses propres champions nationaux. En laissant faire cela, les autres pays développés se jette allègrement dans une naïveté touchante.
C'est surtout le trait de caractère de l'Union Européenne à vrai dire. Elle aussi peut être considérée comme ayant une certaine forme de bureaucratie, mais celle-ci est bien moins dédiée à la défense des intérêts communautaires qu'à la concrétisation de doctrines parfois déconnectées de la réalité. C'est le cas dans le domaine des échanges commerciaux. Le but même de l'OMC est de favoriser les échanges entre pays, appelant à toujours lever davantage les obstacles au commerce international. Cette ouverture forcenée devient un but en soi, sa raison de vivre. Et à l'instar du Commissaire à l'élargissement qui veut faire adhérer à tous prix des pays à l'Union Européenne, car c'est sa raison d'être, le Commissaire au commerce, Peter Mandelson, semble si désespéré d'obtenir des accords qu'il est prêt à d'énormes concessions, sortant de loin de son mandat, pour ne pas que l'Europe soit accusée de bloquer le cycle de négociations de Doha à l'OMC. Dans ces discussions, il n'est plus vraiment question de réciprocité, seulement de concessions que l'Union Européenne aurait à faire de façon unilatérale sur l'agriculture. Ce faisant, l'Union Européenne ne peut qu'agrandir le fossé qui l'éloigne de ses citoyens. Elle ne comprend pas qu'il fasse avant tout défendre les intérêts de ceux-ci plutôt que la gloire d'un dogme. Etant une zone de libre échange à l'origine, l'Union Européenne est évidemment imprégnée de libre-échangisme. Si celui-ci est souhaitable, il ne doit pas être une telle priorité que l'Europe en devienne le dindon de la farce vis-à -vis d'autres pays qui eux comprennent bien où sont leurs intérêts.
Lorsque de telles positions ont été exprimées pendant la campagne présidentielle, elles furent accusées de "pop internationalism". Il s'agit du titre original d'un livre de l'économiste Paul Krugman, connu en France sous le titre "La mondialisation n'est pas coupable". Il y ait fait une défense acharnée de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, accusant ceux qui s'en prennent à la mondialisation de méconnaître cette base de l'économie. Or elle est pour moins difficile, voire illusoire à mettre en oeuvre. En l'occurrence, il s'agirait pour l'Europe de sacrifier son agriculture et son industrie, pour mieux se concentrer sur les services. Mais qui peut croire que les pays dont l'agriculture et l'industrie ont le vent en poupe vont oublier de se développer dans les services ? Il ne s'agit en fait que de créer une incroyabale dépendance vis-à -vis de pays tiers. L'Inde est d'ores et déjà puissante dans des domaines technologiquement évolués, comme l'informatique, et la Chine table sur une stratégie ne délaissant aucun secteur. En outre, pour ceux qui travaillent dans les secteurs "à oublier" en Europe, la transition peut être particulièrement difficile.
S'il ne s'agit pas de faire du protectionnisme pour autant, au moins l'Europe devrait elle prendre conscience du danger qu'il y a de rester trop naïf en la matière. Elle aussi ne devrait pas hésiter à défendre ses intérêts le plus possible. Après tout, une de ses raisons d'exister est d'avoir une taille et une puissance suffisante pour faire poids au niveau mondial. Il faut en profiter, pour que ses citoyens en profitent à leur tour. Quitte à délaisser pour cela les utopies théoriques qui la minent en matière économique.
C'est surtout le trait de caractère de l'Union Européenne à vrai dire. Elle aussi peut être considérée comme ayant une certaine forme de bureaucratie, mais celle-ci est bien moins dédiée à la défense des intérêts communautaires qu'à la concrétisation de doctrines parfois déconnectées de la réalité. C'est le cas dans le domaine des échanges commerciaux. Le but même de l'OMC est de favoriser les échanges entre pays, appelant à toujours lever davantage les obstacles au commerce international. Cette ouverture forcenée devient un but en soi, sa raison de vivre. Et à l'instar du Commissaire à l'élargissement qui veut faire adhérer à tous prix des pays à l'Union Européenne, car c'est sa raison d'être, le Commissaire au commerce, Peter Mandelson, semble si désespéré d'obtenir des accords qu'il est prêt à d'énormes concessions, sortant de loin de son mandat, pour ne pas que l'Europe soit accusée de bloquer le cycle de négociations de Doha à l'OMC. Dans ces discussions, il n'est plus vraiment question de réciprocité, seulement de concessions que l'Union Européenne aurait à faire de façon unilatérale sur l'agriculture. Ce faisant, l'Union Européenne ne peut qu'agrandir le fossé qui l'éloigne de ses citoyens. Elle ne comprend pas qu'il fasse avant tout défendre les intérêts de ceux-ci plutôt que la gloire d'un dogme. Etant une zone de libre échange à l'origine, l'Union Européenne est évidemment imprégnée de libre-échangisme. Si celui-ci est souhaitable, il ne doit pas être une telle priorité que l'Europe en devienne le dindon de la farce vis-à -vis d'autres pays qui eux comprennent bien où sont leurs intérêts.
Lorsque de telles positions ont été exprimées pendant la campagne présidentielle, elles furent accusées de "pop internationalism". Il s'agit du titre original d'un livre de l'économiste Paul Krugman, connu en France sous le titre "La mondialisation n'est pas coupable". Il y ait fait une défense acharnée de la théorie des avantages comparatifs de David Ricardo, accusant ceux qui s'en prennent à la mondialisation de méconnaître cette base de l'économie. Or elle est pour moins difficile, voire illusoire à mettre en oeuvre. En l'occurrence, il s'agirait pour l'Europe de sacrifier son agriculture et son industrie, pour mieux se concentrer sur les services. Mais qui peut croire que les pays dont l'agriculture et l'industrie ont le vent en poupe vont oublier de se développer dans les services ? Il ne s'agit en fait que de créer une incroyabale dépendance vis-à -vis de pays tiers. L'Inde est d'ores et déjà puissante dans des domaines technologiquement évolués, comme l'informatique, et la Chine table sur une stratégie ne délaissant aucun secteur. En outre, pour ceux qui travaillent dans les secteurs "à oublier" en Europe, la transition peut être particulièrement difficile.
S'il ne s'agit pas de faire du protectionnisme pour autant, au moins l'Europe devrait elle prendre conscience du danger qu'il y a de rester trop naïf en la matière. Elle aussi ne devrait pas hésiter à défendre ses intérêts le plus possible. Après tout, une de ses raisons d'exister est d'avoir une taille et une puissance suffisante pour faire poids au niveau mondial. Il faut en profiter, pour que ses citoyens en profitent à leur tour. Quitte à délaisser pour cela les utopies théoriques qui la minent en matière économique.