Réflexions en cours

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mercredi 31 mai 2006

Si vis pacem, para bellum

Dans son dernier livre, François Hollande évoque la diminution des crédits affectés à la défense nationale comme une possible piste pour dégager des marges budgétaires. Il reprend une ancienne idée de la gauche, qui se méfie de l'armée en la suspectant de favoriser la guerre. Pour un gouvernement qui recherche la paix et de l'argent, l'équation se résoudrait donc par une baisse des moyens financiers accordés aux armées. Le raisonnement s'appuierait notamment sur le fait que depuis la chute de l'URSS, il ne serait plus nécessaire de rester aussi sourcilleux sur notre défense, dans la mesure où la Russie ne serait plus un danger. Le raisonnement peut quand même paraître surprenant : s'il est vrai que les risques de conflits entre Etats ont diminué depuis la fin de la guerre froide, la situation géopolitique est loin de paraître apaisée de façon globale. Aux chocs symétriques, où deux armées s'opposent de façon frontale, suivent les affrontements asymétriques, où des armées font face à des guérillas diffuses, incapables d'affronter frontalement les grands pays, mais néanmoins aptes à les user considérablement. Il ne faut pas non plus négliger l'attitude de pays franchements hostiles à l'occident, qu'il serait irresponsable de négliger.

Si vis pacem, para bellum (Si tu veux la paix, prépares la guerre) est un ancien proverbe qu'il peut être bon de se rappeler constamment. Préparer la guerre, ça ne veut pas forcément dire la faire. Il convient surtout de rester toujours à l'affût, de ne pas se laisser aller à croire que tout est acquis. La stratégie de dissuasion nucléaire a permis d'éviter le conflit entre les Soviétiques et les occidentaux, ce modus vivendi a succédé à la stratégie réaliste d'équilibre des forces qui permit la paix au XIXème siècle, sous l'inspiration de Metternich. Là, il ne s'agit que d'avoir des armées prêtes à répondre à toute alerte, capables d'agir sans sourciller en cas de besoin. Et les occasions peuvent surgir à n'importe quel moment.

Le 11 septembre 2001, les Etats-Unis subirent une attaque terroriste considérée avec raison comme un acte de guerre. Les responsables de cette attaque étaient soutenus par un régime hostile, incarné par le gouvernement taliban de l'Afghanistan. A l'époque, la situation n'était pas difficile à juger, et rares sont ceux qui critiquent même aujourd'hui la décision d'anéantir le régime taliban. Les Etats-Unis et ses alliés se sont donc rapidement convenus sur l'attaque de l'Afghanistan, et leurs capacités militaires leur permirent d'intervenir rapidement. Ils purent donc se battre aux côtés des forces libres du Nord que dirigeait le commandant Massoud, et renverser ce gouvernement. Aujourd'hui encore, les alliés restent en poste en Afghanistan pour stabiliser le pays autour de son nouveau gouvernement élu de façon démocratique, et empêché le retour au pouvoir d'extrémistes bellicistes. Lors de la guerre du Golfe, l'Irak a attaqué le Koweït car il savait précisément que ce petit pays n'était pas en moyen de se défendre. Pour éviter les ennuis, il faut donc que les pays éventuellement hostiles comprennent qu'il est inutile de vouloir s'en prendre à l'intégrité du territoire national. Seule une politique de vigilance permanente ne sous-estimant aucun risque permet de maintenir des effectifs armés suffisants et adaptés afin de dissuader de possibles ennemis de tenter leur chance à agresser notre pays. Il est d'ailleurs assez terrifiant que lorsque l'Allemagne nazie se réarmait dans les années trente, la France ait longuement tardé à prendre la mesure de la menace. Cela ne faisait qu'augurer l'étendue du désastre qu'une position trop pacifiste a permise, comme la débâcle de 1940 l'a montré.

Nous devons donc faire face à plusieurs menaces : d'abord, les pays hostiles disposant d'armées. C'est le cas avec l'Iran, qui se cache à peine de vouloir l'arme nucléaire alors que rien ne laisse penser que son gouvernement puisse être assez sage pour disposer d'une arme aussi destructrice. C'est aussi le cas avec la Corée du Nord, qui elle se targue même de l'avoir, et dont les névroses de son chef suprême laissent craindre le pire. Mais il y aussi la menace de la guérilla, que doivent affronter nos armées en Afghanistan, ou bien celle encore plus difficile à gérer, celle des kamikazes, car la raison est exclue du domaine de l'ennemi. On voit en Israël ou en Irak les difficultés que ceux-ci posent. Les armées doivent être donc prêtes à faire face à chacune de ces menaces. Des soldats issus de la conscription n'étaient plus en mesure de pouvoir le faire, l'armée a donc du se professionnaliser pour acquérir les connaissances et l'expérience nécessaires à la gestion de ces situations. Les effectifs de l'armée professionnelle augmentent donc, les investissements en matériel militaire également, étant donné la sophistication croissante des armes et des moyens utilisés pour répondre au mieux à ce genre de menaces. Bref, le moment n'est certainement pas venu pour la défense nationale de se voir couper les crédits. Le plus sage serait de lui donner les moyens nécessaires à son efficacité, car nous ne pouvons nous permettre d'encourir le moindre risque, d'avoir le moindre doute aux moments où des vies sont en jeu.

lundi 29 mai 2006

Des lobbys

A Bruxelles, les lobbyistes professionnels ont un accès permanent tant à la Commission européenne qu'au Parlement européen. Ils sont consultés par les commissaires pour que ces derniers puissent prendre leurs décisions, et rencontrent fréquemment les députés européens pour faire valoir les intérêts des clients de lobbys lors des votes. Les lobbyistes sont justement embauchés par des entreprises ou des associations économiques sectorielles pour qu'ils s'attellent à convaincre les preneurs de décisions, en l'occurrence les personnalités politiques, d'adopter des mesures qui aillent dans le sens de leurs intérêts. Dans la capitale européenne, il semble que leur présence ne pose pas de problème. C'est assez étonnant dans la mesure où les lobbys profitent ouvertement des méandres de la bureaucratie et qu'ils apparaissent donc comme particulièrement obscurs, contraires à l'idée de transparence dans les institutions européennes. C'est fâcheux, un an après le rejet du traité constitutionnel européen, il serait temps de faire le ménage sur les points qui affaiblissent la construction européenne lorsqu'ils la desservent. Les lobbys en sont clairement les parasites, vu le flou des moyens qu'ils adoptent pour "convaincre" les responsables politiques, voire pour leur forcer la main.

Nous avons vu comment le lobbying est facteur de corruption avec l'exemple des Etats-Unis. Le scandale généré par représentant républicain texan Tom DeLay est révélateur : par les nombreux cadeaux qu'il en recevait et par les prises de position qu'il adoptait, il y avait la place pour qu'il puisse être accusé de corruption. Il le fut, et dut quitter son siège au fil de ses ennuis judiciaires. Le lobbyiste Jack Abramoff, impliqué dans cette affaire, l'est aussi dans des dizaines d'autres, montrant ainsi le caractère malsain de la pratique. Il faut dire qu'aux Etats-Unis, le financement des partis politiques par les entreprises est possible et encore plus malsain à vrai dire. Dans ces conditions, comment imaginer que les décisions sont prises avec comme objectif l'intérêt général, et non les intérêts particuliers de ces puissantes entreprises ? Dans de nombreuses situations, comme les manufacturiers du tabac, des armes à feu ou du matériel militaire, le doute ne devrait pas être permis. Et lorsque Microsoft échappe aux poursuites judiciaires pour ses abus de position dominante par la seule force de ses nombreux avocats procéduriers et de ses lobbyistes à l'"influence" terrifiante, il y a vraiment de quoi remettre en cause ce système.

Il ne s'agit évidemment pas de défendre aux entreprises ou aux associations de défendre leurs intérêts. Ils peuvent être part de l'information des décideurs. Il s'agit surtout qu'elles le fassent elles même en fait. Que des syndicats patronaux ou ouvriers confrontent leurs intérêts, il n'y a alors que du dialogue social qui doit être encouragé pour aboutir à des politiques efficaces. Que des associations d'entreprises discutent avec les consommateurs sur la réglementation de leurs offres, c'est le meilleur moyen d'arriver à la solution la plus pertinente. Mais envoyer des inconnus négocier en tête-à-tête et avec insistance une réglementation complaisante pour leurs clients, c'est un déni de transparence. Que dire alors, des députés européens qui rencontrent plus souvent des lobbyistes que les simples citoyens des pays dont ils sont les représentants ?

Si l'Union Européenne est en difficulté ces temps-ci, c'est notamment du fait qu'elle est perçue comme trop libérale et trop éloignée des préoccupations des citoyens européens. Il serait dès lors difficile d'affirmer que les lobbys vont dans le bon sens. Il faut remettre le citoyen et l'intérêt général au coeur de la démarche européenne. A Bruxelles, il y a des centaines de cabinets de lobbyistes représentants des milliers de groupes d'intérêts. Ils sont certes beaucoup moins nombreux qu'à Washington, mais ce n'est pas une orientation qu'il est souhaitable d'adopter. Au contraire, il convient d'assainir ce milieu, pour ne laisser subsister les seules associations transparentes, discutant directement avec les groupes aux intérêts opposés. Cela évitera au moins aux responsables politiques d'être les arbitres de compétitions répugnantes de "celui qui dépense le plus pour imposer ses intérêts". La transparence et la prédominance de l'intérêt général doivent être des règles absolues dans le fonctionnement de l'Union Européenne, les lobbyistes n'y ont donc pas leur place.

dimanche 28 mai 2006

Project for the New American Century

C'est probablement ce qui se rapproche le plus d'une conspiration mondiale. Le think tank Project for the New American Century a été créé à la fin des années 1990 pour promouvoir la domination de l'Amérique sur le monde au XXIème siècle. Cette assemblée de néo-conservateurs souhaite que les Etats-Unis restent une puissance militaire très forte, afin de pouvoir garder la main sur les affaires mondiales et les orienter dans leur sens, avec l'intime conviction que ce qui profite aux Etats-Unis profite au monde entier. Il n'est donc pas étonnant de compter dans leurs rangs de multiples faucons, la plupart affiliés au parti républicain. En effet, puisque c'est la posture rigide de Ronald Reagan qui a permis à l'Amérique de l'emporter contre l'URSS, pourquoi devrait-elle relâcher ses efforts contre ses nouveaux ennemis, en l'occurrence les terroristes islamiques, ou de façon plus vaste tous ceux qui ne sont pas explicitement ses alliés ?

En fait de conspiration mondiale, on fait mieux : l'organisation n'est pas vraiment secrète, puisqu'elle se permet même d'avoir un site web expliquant au curieux ses prises de position. Néanmoins, le détail de ses effectifs montre du très beau monde, et en fait un organisme particulièrement influent. Voyons un peu : du côté des hommes politiques, on compte un ancien vice-président (Dan Quayle, qui l'était de George Bush père), le frère du président actuel (Jeb Bush), un ancien candidat à l'investiture républicaine (Gary Bauer), le secrétaire à la défense (Donald Rumsfeld), le vice-président actuel (Dick Cheney)... Chez les diplomates, on peut trouver entre autres l'ambassadeur des Etats-Unis aux Nations-Unies (John Bolton), l'ambassadeur américain en Irak (Zalmay Khalilzad), le président de la Banque Mondiale (Paul Wolfowitz), le secrétaire d'Etat adjoint (Robert Zoellick) et son prédécesseur (Richard Armitage), sans oublier des géopolitologues tels que Richard Perle ou Francis Fukuyama.

Ils ont tous souhaité la guerre en Irak, et comme ils sont en bon nombre aux postes de décisions clés, le lobbying en sa faveur n'a pas été problématique. Ceux qui n'étaient pas aux avant postes ont pu se concentrer à la justification de cette guerre au reste de la population américaine. Les difficultés actuelles en Mésopotamie les ont sûrement affaiblies. Mais ils gardent des convictions fortes. Ce sont celles des néo-conservateurs, qui ont établi une doctrine géopolitique nouvelle à la suite des enseignements de Leo Strauss. Par leur détermination, ils s'éloignent de la Realpolitik préconisée par Henry Kissinger. Et ils ne craignent certainement d'entrer en guerre si dans leur esprit il le faut pour atteindre leurs objectifs. Car leur puissance militaire fondera leur influence diplomatique, et à travers celle-ci, ils installeront à travers le monde la démocratie et ce qu'ils estiment être ses corollaires : le capitalisme, la liberté voire le libéralisme, et la non-hostilité envers les Etats-Unis. On peut d'ailleurs s'interroger sur le degré d'application que peut avoir cette doctrine avec les pays qui ont des intérêts opposés des leurs. C'est d'ailleurs l'aspect le plus inquiétant de la réflexion du PNAC : on peut comprendre qu'ils veuillent défendre les intérêts américains, mais en prônant une diplomatie trop "musclée", on voit s'éloigner les possibilités de dialogue en cas de différent, ce qui souvent contribue à aggraver les situations.

Il y a aujourd'hui de nombreux cas où les occidentaux sont presque à couteaux tirés avec des pays tiers. On peut citer les relations difficiles avec l'Iran, la Corée du nord, la Jordanie... Il y a aussi des conflits entre pays non-occidentaux qui risquent de dégénérer suivant le comportement des Etats-Unis et de ses alliés. Que faire, en effet, si un jour, la Chine décide une fois pour toute de reprendre Taiwan ? Il y aussi l'affrontement entre l'Inde et le Pakistan à propos du Cashmire, et bien sûr le proche orient en guerre permanente. Il ne convient donc pas d'aborder ces situations avec angélisme. Et pour ne pas se voiler la face, il ne faut pas négliger l'entretien des forces militaires. Mais il n'est pas souhaitable de prendre l'initiative de guerres aveugles, comme il a été fait avec l'Irak. L'idée de guerre préventive est donc à bannir. Les forces militaires doivent être en alerte pour réagir aux chocs qui peuvent arriver, mais non pour les provoquer. Et surtout, lorsqu'il existe des organisations internationales pour régler les différents, il est triste de penser immédiatement à utiliser la force pour obtenir gain de cause.

vendredi 19 mai 2006

La Turquie n'est pas en Europe

Le débat a duré une quarantaine de minutes, et n'est même pas arrivé au vote. Hier, l'Assemblée Nationale se penchait sur la question du génocide arménien, déjà reconnu, et surtout de la possibilité d'interdire son négationnisme. Il est assez savoureux de remarquer que le Parti Socialiste a déposé un projet de loi légiférant sur l'Histoire, alors qu'il avait justement rejeté celui qui visait à reconnaître officiellement les bienfaits apportés par la colonisation française. Si c'était le droit qu'ont les hommes politiques à énoncer l'Histoire qui était alors en question, qu'en est-il aujourd'hui ? Un autre aspect amusant de ce projet de loi est qu'il est l'exact contraire de ce qui est en Turquie, où pour le coup il est interdit d'affirmer que les Turques aient pu commettre un génocide sur le peuple arménien lors de la première guerre mondiale. La Turquie a d'ailleurs menacé la France de représailles diplomatiques si jamais ce projet de loi venait à être adopté, et c'était bien le seul argument qu'a faiblement défendu Philippe Douste-Blazy en exhortant les députés de rejeter le texte. Il faut dire que la Turquie n'entretient déjà pas des relations de premier ordre avec la France. En cause, la loi française contre le port du foulard islamique à l'école, mal vu par le président de la Turquie, un islamiste "modéré" à la tête d'une république pourtant laïque. En cause aussi, cette reconnaissance du génocide arménien. En cause surtout, le fait qu'une grande majorité de la population française refuse l'entrée de la Turquie dans l'Union Européenne.

Jacques Chirac défend pourtant corps et âme cette candidature, allant même contre la volonté des Français en acceptant d'ouvrir des négociations d'adhésion en décembre 2004. Il n'a qu'un seul argument pour la défendre : rejeter la demande turque amènerait à favoriser l'émergence du courant islamiste, qui deviendrait à terme dangereux pour l'occident selon les préceptes du choc des civilisations. C'est aussi l'argument évoqué par Michel Rocard, autrefois pourtant un Européen convaincu. Comment vouloir faire adhérer la population à cette adhésion avec comme seul argument celui du chantage ? Si la Turquie n'entre pas, y compris de force dans l'Union Européenne, elle voudra nous affronter. Voilà l'argument développé. Il ne suffit évidemment pas. D'abord, parce que si l'on veut nous faire croire que la Turquie est un pays développé qu'on nous le dit, y compris sur les fondements démocratiques, elle ne serait pas autant menacée par les extrémistes islamistes. Ensuite, la Turquie a tout le loisir de développer sa propre zone d'influence avec les pays d'Asie centrale, dont elle est plus proche. En fait, les arguments développés par les Britanniques, grands défenseurs eux aussi de la candidature turque, sont moins hypocrites. Pour eux, la seule fonction que doit avoir l'Union Européenne est celle d'une zone de libre échange, et n'a pas vocation à développer de politiques communes. Et vu que l'adhésion de la Turquie affaiblirait grandement les dernières possibilités de construire une Europe politique, cela ne peut qu'aller dans le bon sens pour eux. Ce n'est donc pas étonnant que les Etats-Unis militent eux aussi pour cette adhésion, alors que ce ne sont pas leurs affaires : ils préfèrent évidemment une Europe faible.

Si c'est uniquement pour faire du libre échange, un partenariat privilégié avec la Turquie suffit bien. Mais l'Union Européenne doit avoir de plus grandes ambitions que ça, en ayant notamment des politiques intégrées communes, dans les domaines qui l'exigent. Pour susciter l'adhésion de la population, il faut impliquer les citoyens en leur faisant prendre conscience de la communauté que forme les différents peuples d'Europe. Mais pour cela, il faut encore savoir de quoi on parle lorsque l'on évoque l'Europe. La moindre des choses pour mieux la discerner est de lui donner des limites, des frontières. Nul besoin de les inventer, elles sont connues de tous : l'Océan Arctique au nord, l'Atlantique à l'ouest, la Mer Méditerranée au sud, l'Oural (les montagnes puis le fleuve) à l'est, la Mer Noire puis le Bosphore au sud-est. Dès lors, le caractère européen de la Turquie se limite à la petite partie où se situe la ville d'Istanbul. Mais la grande majorité du territoire de la Turquie est formée par l'Anatolie, située en Asie mineure. La capitale, Ankara, est également située en Anatolie, montrant l'ancrage asiatique du pays. A priori, il n'est pas possible de ne faire adhérer qu'Istanbul à l'Union Européenne. Il serait alors particulièrement absurde de vouloir faire adhérer un pays asiatique à une union justement européenne. Comment expliquer le projet européen s'il cesse d'être européen ? Tous ceux qui sont attachés à la construction européenne refusent donc cette adhésion inopportune, et les peuples européens ne manqueront pas de la refuser. Ouvrir de façon illusoire des négociations d'adhésion était donc la pire des choses à faire pour la Turquie, car lui donner de faux espoirs ne pourra qu'engendrer des incompréhensions. Il aurait été plus honnête de leur dire dès le départ que la Turquie n'avait pas vocation à entrer dans l'Union Européenne, qu'il y avait néanmoins des opportunités de collaboration dans certains domaines tels que la politique commerciale, et que l'Union Européenne soutiendrait la Turquie dans d'éventuels projets d'union avec les pays d'Asie centrale.

lundi 8 mai 2006

Que faire de l'Iran ?

Quel désarroi lorsque les principes démocratiques servent à justifier l'accession d'extrémistes au pouvoir !

C'est ce qu'il se passe actuellement en Palestine et en Iran. En Palestine, il y a un moyen simple (a priori) d'éviter que les institutions servent à commettre des actes hostiles à la paix : c'est de ne pas lui en donner les moyens. Il s'avère en effet qu'une bonne partie du budget de l'Autorité palestinienne provient de pays tiers, dont les pays occidentaux. Le Hamas, désormais au pouvoir, ne reconnaît même pas Israël, et ne semble nullement décidé à enterrer la hache de guerre avec l'ennemi séculaire. Qu'à cela ne tienne, le Hamas sera privé des moyens financiers qui pourrait lui permettre de transformer l'Autorité palestinienne en un organisme de guerre.

Moins évident est le cas de l'Iran. Solidement financé par les revenus pétroliers, ce pays est à nouveau prêt à tous les conflits qui peuvent être causés par une lecture délirante du Coran. Malgré le régime islamique mis en place en 1979, cela peut encore aller lorsque ce sont les "modérés" qui sont au pouvoir, mais depuis que Mahmoud Ahmadinejad est aux commandes, nous sommes revenus aux situations les plus dangereuses. En particulier, le souhait de l'Iran de disposer d'installations nucléaires parait particulièrement terrifiant lorsque l'on sait qu'Ahmadinejad souhaite voir Israël "rayé de la carte". Le nucléaire permet des applications dont la puissance n'égale que la dangerosité, et ne serait-ce qu'entretenir une centrale électrique nucléaire est une responsabilité qu'il ne faut pas sous estimer. Nous nous sommes sortis de la guerre froide sans champignon atomique que parce que les dirigeants des deux blocs avaient le sang froid suffisant et un sens des responsabilités minimal. Et encore, nous avons connu des situations bien risquées à ce niveau là. Mais peut on espérer ce même sens des responsabilités de la part de quelqu'un comme Ahmadinejad, alors que jusqu'à présent il ne l'a jamais montré ?

C'est bien pour ça que les événements diplomatiques actuels revêtent une importance capitale sur la situation géopolitique du monde de demain. On ne peut qu'espérer qu'une solution soit trouvée, même si au fond de nous, nous savons bien que c'est loin d'être l'issue la plus probable. On peut, en tous cas, être bien amer, en pensant que les Etats-Unis sont allés faire la guerre à l'Irak, qui disait ne pas avoir et n'avait pas d'armes de destructions massives, alors que les autres pays de "l'Axe du mal" comme le définit George Bush, clamaient haut et fort leur volonté de devenir des puissances atomiques.

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