jeudi 8 mars 2012
Poutine de retour sans être parti
Par xerbias, jeudi 8 mars 2012 à 19:09 :: Monde
De nos jours, on peut distinguer une démocratie par trois critères : liberté de se présenter aux élections, liberté d'expression et sincérité des scrutins. A l'aune de ces critères, la Russie n'en est pas une. En effet, à la dernière présidentielle, plusieurs candidats ont été empêchés de se présenter alors qu'ils étaient les plus menaçants pour le pouvoir en place. Le Kremlin contrôle en grande partie les médias, et veille à ce qu'ils lui soient favorables. Et selon les observateurs, le scrutin à été trafiqué dans de nombreux bureaux de vote. La Russie n'est peut-être pas une dictature en bonne et due forme, mais il s'agit quand même d'un pouvoir autoritaire qui veille à ne pas être trop contesté. C'est pour cela que quand Vladimir Poutine annonçait pendant son deuxième mandat de Président que, conformément à la Constitution, il ne chercherait pas à rester en place, on doutait franchement de sa parole.
Alors en effet, il n'est pas resté Président de la Fédération de Russie en 2008, mais il a envoyé son Premier ministre Dmitri Medvedev prendre sa place, alors que lui-même redevenait Premier ministre. Néanmoins, tout le monde était bien conscient qu'il gardait le pouvoir effectif en Russie, et que Dmitri Medvedev n'était que son valeureux homme de main. Et constitutionnellement, rien ne les empêchait d'échanger à nouveau de bureaux quatre ans plus tard. C'est ce qu'ils ont fait sans sourciller, et Vladimir Poutine vient donc d'être élu Président. Il est de retour à ce poste, sans l'avoir vraiment quitté. La seule différence, c'est que maintenant un mandat six ans au lieu de quatre. En faisant deux mandats, il pourrait durer jusqu'en 2024. Il n'aura alors que 72 ans, et pourrait continuer ce petit manège jusqu'à sa mort. Au moins, avec des mandats plus longs, il aura moins d'élections à trafiquer.
Vladimir Poutine s'est fait élire au premier tour avec une majorité énorme pour montrer que c'était l'indiscutable patron. Après cela, il est difficile de soutenir que la Russie est une authentique démocratie. De nombreux russes, lorsqu'ils comparent leur vie politique avec celles européennes, s'en inquiètent et protestent. Pourtant, si la Russie était vraiment une démocratie, cela ne voudrait pas dire que Vladimir Poutine ne remporterait pas les élections. Là est justement le paradoxe : il n'a pas besoin d'éliminer ses opposants, de bâillonner la presse et de trafiquer les votes. Il pourrait tout à fait se faire élire à la régulière. Certes, son total de voix serait nettement moins élevé, et il serait obligé de passer par un second tour contre un adversaire coriace. Mais Vladimir Poutine reste quelqu'un de populaire, dont l'action a permis de changer la Russie. En mieux, pensent les Russes.
S'ils comparent la Russie d'aujourd'hui aux démocraties européennes, ils la comparent aussi à la Russie d'hier, dans les années 90. A cette époque, ils la voyaient ravagée par les mafias, humiliée sur le plan international, en perdition sur le plan économique. En bref, c'était le chaos. La sortie du totalitarisme soviétique ne s'était pas bien passé, et les Russes ont, en majorité, appréciés que le pays ait été repris en main d'une main forte. Le nationalisme russe, qui s'exprimait autrefois masqué derrière la propagande soviétique, n'avance plus masqué désormais, et le retour de l'autorité soulage de larges pans de la population. Pour les démocrates russes, le travail à faire, c'est donc surtout de démontrer que leur retour aux affaires ne signifierait pas une résurgence de l'anarchie.
Alors en effet, il n'est pas resté Président de la Fédération de Russie en 2008, mais il a envoyé son Premier ministre Dmitri Medvedev prendre sa place, alors que lui-même redevenait Premier ministre. Néanmoins, tout le monde était bien conscient qu'il gardait le pouvoir effectif en Russie, et que Dmitri Medvedev n'était que son valeureux homme de main. Et constitutionnellement, rien ne les empêchait d'échanger à nouveau de bureaux quatre ans plus tard. C'est ce qu'ils ont fait sans sourciller, et Vladimir Poutine vient donc d'être élu Président. Il est de retour à ce poste, sans l'avoir vraiment quitté. La seule différence, c'est que maintenant un mandat six ans au lieu de quatre. En faisant deux mandats, il pourrait durer jusqu'en 2024. Il n'aura alors que 72 ans, et pourrait continuer ce petit manège jusqu'à sa mort. Au moins, avec des mandats plus longs, il aura moins d'élections à trafiquer.
Vladimir Poutine s'est fait élire au premier tour avec une majorité énorme pour montrer que c'était l'indiscutable patron. Après cela, il est difficile de soutenir que la Russie est une authentique démocratie. De nombreux russes, lorsqu'ils comparent leur vie politique avec celles européennes, s'en inquiètent et protestent. Pourtant, si la Russie était vraiment une démocratie, cela ne voudrait pas dire que Vladimir Poutine ne remporterait pas les élections. Là est justement le paradoxe : il n'a pas besoin d'éliminer ses opposants, de bâillonner la presse et de trafiquer les votes. Il pourrait tout à fait se faire élire à la régulière. Certes, son total de voix serait nettement moins élevé, et il serait obligé de passer par un second tour contre un adversaire coriace. Mais Vladimir Poutine reste quelqu'un de populaire, dont l'action a permis de changer la Russie. En mieux, pensent les Russes.
S'ils comparent la Russie d'aujourd'hui aux démocraties européennes, ils la comparent aussi à la Russie d'hier, dans les années 90. A cette époque, ils la voyaient ravagée par les mafias, humiliée sur le plan international, en perdition sur le plan économique. En bref, c'était le chaos. La sortie du totalitarisme soviétique ne s'était pas bien passé, et les Russes ont, en majorité, appréciés que le pays ait été repris en main d'une main forte. Le nationalisme russe, qui s'exprimait autrefois masqué derrière la propagande soviétique, n'avance plus masqué désormais, et le retour de l'autorité soulage de larges pans de la population. Pour les démocrates russes, le travail à faire, c'est donc surtout de démontrer que leur retour aux affaires ne signifierait pas une résurgence de l'anarchie.