Réflexions en cours

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samedi 21 juin 2008

Le CO2 allemand

Le bonus/malus est la première mesure du Grenelle de l'environnement à avoir été appliquée, elle consiste à taxer les achats des voitures les plus polluantes, taxes qui servent à financer une prime à l'achat des voitures les moins polluantes. Le mécanisme est populaire dans la mesure où il œuvre en faveur de la réduction de l'effet de serre et il ne représente pas un coût pour l'Etat. Il se trouve que ce sont les voitures les plus petites qui polluent le moins, et le bonus/malus a fortement encouragé leur achat, et a naturellement découragé l'achat des grosses voitures. En Allemagne, cette mesure a été immédiatement mal vue. Elle a été considérée comme une mesure protectionniste de la part de la France, car les constructeurs automobiles français couvrent largement les gammes de petites voitures, quand ceux allemands ont un avantage sur les voitures plus lourdes et puissantes. La défense de l'environnement fut donc vue comme un prétexte outre-Rhin, la presse, les industriels et les politiciens s'émouvant d'une seule voix contre ce mauvais coup fait aux entreprises allemandes.

Ce cri du cœur leur évite surtout de se remettre en question. Les constructeurs automobiles allemands devraient plutôt se lancer dans la fabrication de modèles moins gourmands en énergie. Les consommateurs allemands sont certes friands de grosses voitures, mais elles sont clairement nuisibles pour l'environnement. Alors Angela Merkel peut, pendant la présidence allemande de l'Union Européenne, faire de la réduction des émissions de CO2 une priorité européenne, c'est un objectif louable et nécessaire, mais elle doit en tirer les conséquences. Pendant qu'elle bataillait ferme pour faire admettre aux autres pays des réductions drastiques de leurs émissions, elle oubliait que l'Allemagne est un pays où les émissions de CO2 restent très fortes. C'est du d'une part à ces automobiles puissantes et polluantes, d'autre part à leurs choix en matière de production d'électricité, privilégiant largement le charbon et le pétrole, par peur du nucléaire.

L'environnement sera l'un des dossiers que Nicolas Sarkozy aura à traiter lors de la présidence française de l'Union Européenne, et pour lutter contre les émissions de CO2, il devra rappeler les méfaits des énergies fossiles sur lesquelles se repose justement l'Allemagne. Avec ses centrales nucléaires et sa préférences pour les voitures économes, la France peut être fière d'avoir des émissions modérées en comparaison de ses voisins. Elle doit à ce titre jouer le rôle d'exemple. Mais ce constat ne doit pas mener à l'autosatisfaction. Si les émissions de CO2 sont modérées, elles ne doivent pas moins en être réduites. Angela Merkel aura certainement la volonté politique de réduire celles qui sont réalisées dans son pays, la France doit être aussi exemplaire dans ces nouvelles réductions de CO2. C'est de loin la priorité en matière environnementale. Et économiquement, une moindre utilisation du pétrole ne peut être que bénéfique pour la France et l'Europe.

dimanche 15 juin 2008

Tim Russert, l'excellence journalistique

En octobre dernier, l'ex-senateur américain John Edwards était l'invité de l'émission politique "Meet the Press" sur NBC, dans le cadre de sa campagne présidentielle. L'interviewer, Tim Russert, a fait comme il le fait avec chacun de ses invités : il lui a posé des questions pertinentes, sur le fond, n'hésitant pas à le mettre face à ses contradictions et à le relancer lorsque nécessaire. De son côté, John Edwards, a répondu tant en usant de la langue de bois la plus insupportable qu'en tentant des diversions tout à fait transparentes, échouant en fin de compte lamentablement à donner l'image d'un homme honnête et sincère. Sous la direction de Tim Russert, "Meet the Press" était devenu une sorte de test obligatoire pour les personnalités politiques américaines de premier plan. Tim Russert, chef du bureau de Washington de NBC, préparait ses interviews en profondeur, et était donc toujours capable de poser les questions les plus pertinentes. Ceux qui n'arrivaient pas à y répondre de façon pertinente finissaient par perdre leur crédibilité.

Mais l'on est désormais obligé de parler de cela au passé. Tim Russert est décédé vendredi dernier, alors qu'il préparait son émission du dimanche matin. Immédiatement, l'ensemble du monde médiatique et politique américain lui a rendu hommage, pointant à la fois ses qualités humaines et l'excellence de son travail. Il suffisait de regarder ses émissions pour s'en rendre compte : il était tout simplement le meilleur journaliste politique des Etats-Unis. A 58 ans, il pouvait encore espérer contribuer au débat politique américain pendant de longues années, et toujours pour le réhausser. Il en est privé par une crise cardiaque, et c'est une perte pour tout un pays. Tim Russert était non seulement un modèle pour les journalistes américains, mais il doit également l'être pour les journalistes du monde entier.
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