En octobre dernier, l'ex-senateur américain John Edwards était l'invité de l'émission politique "Meet the Press" sur NBC, dans le cadre de sa campagne présidentielle. L'interviewer, Tim Russert, a fait comme il le fait avec chacun de ses invités : il lui a posé des questions pertinentes, sur le fond, n'hésitant pas à le mettre face à ses contradictions et à le relancer lorsque nécessaire. De son côté, John Edwards, a répondu tant en usant de la langue de bois la plus insupportable qu'en tentant des diversions tout à fait transparentes, échouant en fin de compte lamentablement à donner l'image d'un homme honnête et sincère. Sous la direction de Tim Russert, "Meet the Press" était devenu une sorte de test obligatoire pour les personnalités politiques américaines de premier plan. Tim Russert, chef du bureau de Washington de NBC, préparait ses interviews en profondeur, et était donc toujours capable de poser les questions les plus pertinentes. Ceux qui n'arrivaient pas à y répondre de façon pertinente finissaient par perdre leur crédibilité.

Mais l'on est désormais obligé de parler de cela au passé. Tim Russert est décédé vendredi dernier, alors qu'il préparait son émission du dimanche matin. Immédiatement, l'ensemble du monde médiatique et politique américain lui a rendu hommage, pointant à la fois ses qualités humaines et l'excellence de son travail. Il suffisait de regarder ses émissions pour s'en rendre compte : il était tout simplement le meilleur journaliste politique des Etats-Unis. A 58 ans, il pouvait encore espérer contribuer au débat politique américain pendant de longues années, et toujours pour le réhausser. Il en est privé par une crise cardiaque, et c'est une perte pour tout un pays. Tim Russert était non seulement un modèle pour les journalistes américains, mais il doit également l'être pour les journalistes du monde entier.