Réflexions en cours

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lundi 25 avril 2011

La Chine, pays d'extrême droite ?

Le 3 avril dernier, l'artiste et activiste chinois Ai Weiwei a été arrêté par les forces de l'ordre de son pays. Tout un tas de chefs d'accusations ont été trouvés pour la circonstance (du fait qu'il ait fait des photos de lui nu au traditionnel prétexte de fraude au fisc), mais le fin mot de l'affaire est qu'il gênait bien trop les autorités chinoises. Il ne cachait pas son hostilité envers le régime actuel et se permettait d'appeler à plus de liberté via son blog puis par des sites de micro-blogging. Sa renommée donnait de l'importance à ses prises de position, et s'il fut un temps considéré comme trop important pour être attaqué frontalement, le gouvernement chinois a désormais voulu montrer que personne n'était hors d'atteinte.

Le procédé est classique pour les pays communistes. En URSS aussi, les opposants étaient arrêtés, le but étant de tirer d'eux une autocritique et des aveux grandiloquents qui permettront de sauver les apparences. Ainsi, le Parti Communiste Chinois fait perdurer les traditions de l'extrême gauche. Mais ce totalitarisme est bien tout ce qui reste du communisme. Où est passée l'abolition de la propriété privée des moyens de production, chère à Karl Marx ? Le secteur privé ne cesse de s'enrichir, et si l'Etat reste aussi imposant, c'est uniquement pour forcer la survie de l'oligarchie en place.

Qu'est-ce qu'un pays totalitaire où la propriété privée subsiste de façon aussi éclatante ? Eh bien, c'est un pays d'extrême droite. C'est en tout cas ce qu'on aurait tendance à penser normalement. Et la Chine en a certaines caractéristiques. Depuis que l'idéologie marxiste a été mise au placard, c'est une idéologie nationaliste qui a pris le dessus. Tous les actes peuvent être commis en raison de l'intérêt supérieur de la Chine, les dossiers tibétains et taïwanais relevant d'une logique nationaliste tout à fait traditionnelle. Les mouvements de population, qu'ils se traduisent par des manifestations ou des attaques internet, ont pour origine un public enflammé par la défense de la nation chinoise. Les autorités ne se gênent pas pour expliquer que la Chine conquiert actuellement la place qui aurait du être la sienne depuis longtemps.

Certes, cela se fait moins par des moyens militaires à l'étranger qu'en d'autres temps, mais c'est tout simplement parce que les logiques commerciales sont aujourd'hui plus puissantes. Ce n'est d'ailleurs pas une surprise, cela n'est qu'une application du cercle de la politique. Mais il reste une conclusion un peu inquiétante : contrairement à ce que l'on avait tendance à penser, la liberté des échanges économiques ne se traduit pas forcément par des libertés politiques. Il y avait de l'espoir à ce niveau-là, hors les années passent, et la répression des idées dissidentes perdure.

lundi 11 avril 2011

La nouvelle puissance brésilienne

Les pays développés peinent à se sortir de leurs difficultés économiques. L'Europe ou le Japon connaissent des taux de croissance faible, et s'ils sont considérés comme prospères dans le reste du monde, ils se sentent eux-mêmes blessés dans l'économie actuelle. En comparaison, les pays en voie de développement semblent les rattraper, ce qui peut pour certains être une source d'inquiétudes. Leur forte croissance, formant une nouvelle concurrence, entraîne également une nouvelle demande, d'où un renchérissement des prix mondiaux de certains produits. Le Brésil est dans cette situation : le Président Lula a réussi à mener une politique s'affichant de gauche, mais n'en n'étant pas moins fondée sur la lutte contre l'inflation (importante) et le surplus budgétaire. Actuellement, le souci du gouvernement brésilien est autant de limiter la surchauffe de l'économie que de diminuer les inégalités.

Après une décennie de croissance, le Brésil commence à espérer pouvoir s'affirmer comme pays développé. Au niveau de sa politique étrangère, le pays cherche à obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité de l'ONU. Dans les grands sommets mondiaux, il est devenu un acteur majeur des négociations, à l'instar de l'Inde ou de la Chine. Et comme la Chine justement, le Brésil cherche désormais à afficher son nouveau statut par l'organisation de manifestations mondiales. Le Brésil aura donc non seulement les Jeux Olympiques à organiser en 2016, mais aussi le Mondial de football en 2014. Deux événements d'une telle ampleur et si rapprochés, cela a au moins un intérêt : les JO bénéficieront du savoir faire acquis lors du mondial, et les investissements faits à cette occasion seront plus facilement amortis.

Il s'avère néanmoins que le Brésil a bien besoin d'investissements en équipements publics. Sans parler des chantiers de stades en retard, le Brésil manque de routes, d'aéroports ou de transports en commun dignes du rang qu'il souhaite atteindre. Pour l'instant, beaucoup reste encore à faire d'après les observateurs. Mais l'expérience des organisateurs précédents montre que l'approche des deadlines s'avère être un motivant puissant.

On glose beaucoup sur l'impact de l'arrivée de la Chine au premier plan de la scène internationale. L'arrivée du Brésil se fait plus discrète : les Brésiliens n'ont pas de graves contentieux avec leurs voisins, et ils ne cherchent pas pour l'instant à fonder le nouvel ordre mondial autour d'eux. En fait, selon la doctrine Monroe, toute l'Amérique du sud est censée rester dans la zone d'influence des Etats-Unis. Et comme une récente visite du Président américain au Brésil l'a montré, les relations sont au beau fixe. Ce développement d'un grand pays comme le Brésil ne peut en fait que satisfaire les Etats-Unis comme le reste du monde.

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