Pour ceux qui sont habitués à surveiller les statistiques économiques depuis longtemps, cela peut paraître étonnant. Mais cela fait plusieurs mois maintenant que le taux de chômage américain est supérieur à celui de la France. Il est ainsi monté jusqu'à 10,4 % de la population active en février dernier, quand le taux de chômage français pour le premier trimestre 2010 était de 9,5 %. Bien sûr, il peut exister des différences dans la façon de comptabiliser les chômeurs qui font que cette comparaison ne peut se suffire à elle-même. Elle a néanmoins le mérite de souligner la situation particulièrement violente dans laquelle se trouve l'économie américaine. En France, il n'est pas un reportage qui ne commence par "avec la crise". Mais la triste vérité est que la France est habituée à la crise, n'étant jamais sortie de celle des années 70. Le taux de chômage actuel est malheureusement loin d'être inédit. L'économie américaine en revanche était davantage habituée au plein emploi. C'est ce qui rend leur situation aussi exceptionnelle.

Alors qu'en France, la sécurité de l'emploi reste relativement importante (il est plus difficile de se faire licencier que dans les pays libéraux, en contrepartie du manque d'emplois), les entreprises américaines répercutent immédiatement leurs difficultés économiques sur leur masse salariale. La simultanéité des licenciements et le fait que la couverture sociale des chômeurs est très faible mettent à mal considérablement la demande intérieure. De plus, celle-ci était largement gonflée à l'aide de crédits à la consommation, qui ne peuvent plus être employés en périodes de crise économique et financière. Le risque de surendettement n'a plus rien de virtuel. Des villes entières sont frappées, les Américains ne voient plus le bout du tunnel.

Dès lors, on peut comprendre l'impopularité que connaît Barack Obama actuellement. Malgré toutes ses qualités, le prometteur Président des Etats-Unis n'arrive pas à faire face à la tâche colossale qui est de redresser l'économie américaine. Certes, bien peu de personnalités politiques ont des solutions, et il devra comme les autres attendre que l'économie se relève d'elle-même. Mais il est néanmoins intéressant de note que pendant ce temps, l'Allemagne se porte de mieux en mieux, à tel point qu'elle n'avait connu un taux de chômage aussi bas depuis la réunification (à 7,6 %, après des mois de baisse). A ce titre, la chancelière allemande Angela Merkel, qui prône régulièrement des politiques budgétaires rigoureuses, pourra se permettre de donner quelques leçons.