Réflexions en cours

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lundi 10 décembre 2012

Alerte au tsunami à la télévision japonaise

Nous sommes vendredi dernier, après 17h au Japon. Sur la NHK, l'emblématique chaîne publique japonaise, c'est l'heure de l'expression officielle des partis politique. Les dirigeants des partis secondaires ont le droit à une dizaine de minutes, alors que les élections législatives approchent. Après Yukiko Kada du Parti du Futur du Japon (créé une dizaine de jours auparavant sur la base d'une politique anti-nucléaire), c'est au tour de l'ancien ministre Yoshimi Watanabe de prendre la parole au nom de sa formation, "Votre Parti". Difficile de faire plus austère que ce programme : sur fond beige, assit à une table grise, le politicien parle face à la caméra, avec seulement deux infographies indiquant qui il est et le nom de son parti. Derrière lui, une dame traduit ses paroles en langue des signes.

Soudain, une troisième écriture en rouge vif se superpose au nom du parti, elle dit "Alerte au tremblement de terre". Une seconde plus tard, un autre visuel préempte largement le visage du tremblement de terre, il y est réécrit "Alerte au tremblement de terre", on y voit également une carte sommaire indiquant l'épicentre, ainsi que les préfectures concernées par l'alerte. En même temps, une sonnerie très particulière retentit à plusieurs reprises pour attirer l'attention du téléspectateur, puis une voix répète "Alerte au tremblement de terre". Il est 17h19, la vidéo politique se poursuit en fond, mais en moins d'une minute, l'antenne bascule sur un présentateur en studio. Au ton de sa voix, on le sent stressé, il répète l'alerte au tremblement de terre. Les inscriptions indiquent que le tremblement de terre a commencé à 17h18, et vu les images de l'extérieur, malgré la nuit, on voit quand même qu'il est toujours en cours. Le présentateur donne les consignes de sécurité, et donne l'alerte au tsunami pour les préfectures du nord est du Japon. Toujours nerveux, il donne le comportement à adopter (se réfugier en hauteur et loin des berges). Puis, une première carte indique le littéral potentiellement touché, en jaune il y a éventuellement danger, en rouge, le risque est plus grand. En l'occurrence, le rouge concerne la préfecture de Miyagi, au nord de Fukushima. Des ondulations sonores retentissent, elles doivent probablement permettre d'enclencher certains dispositifs d'alertes automatiques reliés à la télévision publique.

Le présentateur, très pressé, ainsi que les infographies mettent l'accent sur l'alerte au tsunami. Cinq minutes seulement après le début du tremblement de terre, des premières estimations tombent, indiquant l'heure estimée d'arrivée du tsunami et la hauteur attendue de la vague. Pour celle de Miyagi, c'est pour 17h40, avec une vague d'un mètre. Pour les autres en jaune, cela devrait faire 50 cm, et arriver jusqu'à 18h. Le présentateur exhorte les téléspectateurs concernés à agir de toute urgence face l'arrivée de la vague. Les caméra commencent déjà à surveiller les côtes du Japon, alors que la magnitude du tremblement de terre est affichée. 10 minutes après le tremblement de terre, toutes ces informations ont déjà été répétées de nombreuses fois.

Les six principales chaînes privées ne sont pas en reste. Toutes font retentir cette même sonnerie et font apparaître la carte des préfectures concernées. Plusieurs donnent l'antenne dans la minute à un studio où un présentateur donne informations et consignes de sécurité, alors que le tremblement de terre est toujours en cours et que les projecteurs bougent. Des caméras donnent une vue sur les rédactions, où cela bouge, mais où chacun s'affaire pour faire face à la situation. Alors que la NHK interrompt ses programmes pendant deux heures face à l'événement, pour les télévisions privées, cela peut aller de plusieurs minutes à pas d'interruption du tout, mais alerte et consignes sont incrustées dans tous les programmes.

Bien que fort, le tremblement de terre passe pour anodin pour la plupart des Japonais. Seuls quelques blessés sont à déplorer. Le tsunami d'un mètre a fait très peu de dégâts, et les milliers de personnes évacuées ont pu regagner leur domicile sans problème. Six heures plus tard, toutes les communications avaient repris et le retour à la normal était intégral. Le système d'alerte, se déclenchant juste avant que les secousses commencent à se faire ressentir, a fonctionné à merveille. La réactivité et le professionnalisme des médias japonais ont été admirables pour cette première alerte majeur depuis le tsunami de mars 2011. Certes, les Japonais sont habitués à ce risque et connaissent bien les procédures pour faire face, mais ce souvenir récent a augmenté les inquiétudes, tout en permettant de perfectionner encore la marche à suivre dans ces moments là. On ne retiendra pas la date du 7 décembre 2012. Tant mieux.

lundi 3 décembre 2012

Comme d'habitude en Israël

Ehud Barak a annoncé quitter la politique à la fin de la législature. Il n'a que 70 ans, autant dire qu'il pouvait encore avoir bien des années devant lui selon les standards de la politique israélienne. Comme tant d'autres, il est arrivé à la politique par la voie militaire, après une carrière qui l'a mené à la tête des armées. Comme tant d'autres, il s'est montré flexible idéologiquement. Quand Ariel Sharon devenait de plus en plus flexible pour favoriser la paix au Proche Orient, lui est passé du travaillisme à une alliance avec le jusqu'au boutiste Netanyahu. Il ne manquera pas. De toute façon, en Israël, rien ne change.

On a encore eu dernièrement un nouveau round d'hostilités entre Israéliens et Palestiniens, en l'occurrence sur la bande de Gaza. Missiles et roquettes sont tombés de part et d'autres sur la population civile, assurant de nouvelles tragédies, et le renforcement de haines ancestrales. Un accord entre le Hamas et le gouvernement israélien a temporairement mis fin aux combats, jusqu'à la prochaine fois. Du côté de la Cisjordanie, Mahmoud Abbas a réussi ce que la Palestine soit considérée comme un Etat observateur aux Nations Unies. Concrètement, cela ne changera pas grand chose, mais Israël et les Etats-Unis étaient contre, donc la Palestine considère cela comme une victoire. Mais Israël riposte en déclarant vouloir construire encore plus de colonies dans les territoires occupés et en bloquant l'argent collecté au nom de la Palestine. En janvier prochain, des élections auront lieu en Israël et Benjamin Netanyahu en est le grand favori, alors qu'il est sur une ligne prônant aucune concession.

Pour résumer, rien n'est fait pour faire progresser la paix, Israël continue de penser qu'un jour les Palestiniens leur laisseront la place d'une manière ou d'une autre, et les Palestiniens continuent de souhaiter la destruction d'Israël. C'est comme d'habitude en Israël...

Ceux qui veulent la paix au Proche Orient sont minoritaires, chaque camp est appuyé par des alliés importants qui ne voient plus les choses sous un angle rationnel. Mépris et ressentiments sont les moteurs d'un conflit qui n'en finit pas, et qui ne donne plus aucune indication qu'il puisse prendre fin un jour. Finis, les espoirs de processus de paix, les accords d'Oslo vont bientôt avoir 20 ans, et tout l'optimisme que l'on pouvait ressentir à l'époque a complètement disparu. Ceux qui maugréaient ont fini par avoir le dernier mot, et il est désormais probable que rien ne soit résolu à la fin de ce siècle, à moins qu'un peuple ne commette un génocide envers un autre, ce qui n'est évidemment en aucun cas une issue souhaitable. Pourquoi alors continuer à s'intéresser à ce conflit maudit ? Ce n'est pas là bas que l'avenir se joue. Ou plutôt : ce n'est pas là bas que l'avenir doit se jouer.

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