En 2004, la gauche a bénéficié du rejet de l'action de la droite au pouvoir, et a remporté 20 régions sur les 22 que compte la France métropolitaine. Le fait que la gauche soit au pouvoir dans les régions et la droite au gouvernement a créé une sorte de cohabitation. Jean-Pierre Raffarin, ancien président de région, était Premier ministre, et avait fait voter une loi sur la décentralisation. De fait, celle-ci a été accusée par les régions de gauche de créer de nouvelles dépenses pour elles, dépenses qu'elles n'auraient pu financer qu'en augmentant massivement les impôts. Dit comme cela, l'explication peut sembler convaincante, mais elle ne résiste pas à l'épreuve des faits : les transferts de compétence liées à la décentralisation ont été réalisés en 2006, mais les administrations régionales socialistes ont pratiquement toutes augmenté les impôts (taxes professionnelles, immobilières et cartes grises) de façon importante dès 2005. Cette année là, la hausse a atteint 21,1 % en moyenne. En 2006, la hausse continua d'être importante (augmentation avec un pourcentage à deux chiffres) en Ile de France et en Provence Alpes Côtes d'Azur, alors que les versements de l'Etat étaient en augmentation. En Ile de France notamment, l'augmentation de la pression fiscale pouvait sembler d'autant plus étonnante que les charges liées à la décentralisation étaient couvertes, et les investissements en baisse. Si l'on cherchait où étaient orientés ces nouveaux crédits, on découvrait qu'ils servaient à couvrir l'augmentation des frais de fonctionnement. La régionalisation devenait alors l'excuse bien pratique du manque de maîtrise budgétaire des régions socialistes, ou même le prétexte leur permettant de faire n'importe quoi. C'est donc bien parce que ces régions ont oublié de se concentrer sur leurs missions principales (surtout la gestion des transports et des lycées) que leurs impôts ont connu une telle augmentation. En Ile de France, cette augmentation a également permis de payer les intérêts de la dette créée depuis l'arrivée de Jean-Paul Huchon à la tête de la région. Depuis 1998 en effet, les dépenses de frais de réception ont augmenté de 160 %, et celles de communication de 210 %. La démocratie participative a coûté 3,4 millions d'euros à cette région en 2005, si l'on ne voit pas ce qu'elle permet de faire, on voit au moins ce qu'elle coûte. Ce ne sont là que des exemples, mais ils sont représentatifs.

Dans la région Languedoc-Roussillon, le désormais célèbre Georges Frêche est allé jusqu'à augmenter la taxe professionnelle et la taxe sur le foncier bâti de 80 %, ce qui permettra aux autres présidents de régions qu'ils ont limité la hausse des impôts en comparaison. Un reportage du magazine télévisé Capital avait montré l'emploi fait de ces nouvelles rentrées fiscales, en particulier dans l'aménagement du nouveau bureau de Georges Frêche. Mais il a également été dépensé dans les frais de mise en place du nouveau nom de la région, la Septimanie, qui a été un échec en fin de compte. Dans la région Poitou Charentes, la présidente Ségolène Royal n'a pas hésité elle-même à augmenter les impôts (en 2005, + 10,54 % sur le foncier bâti, +4,53 % sur le foncier non bâti et + 16,20 % sur la taxe professionnelle). Mais en tant que candidate à la Présidence de la République, elle affirme sans sourciller qu'elle n'a pas augmenté les impôts dans sa région contre toute évidence. Pendant ce temps là, la région Alsace, toujours gérée par la droite augmentait ses impôts d'environ 2,5 % sur les trois principaux impôts régionaux en 2005, ce qui montre bien que de telles hausses dans les régions passées à gauche étaient totalement disproportionnées, et que la décentralisation était un mauvais prétexte. En fin de compte, cela montre la faible rigueur budgétaire de la gauche lorsqu'elle est au pouvoir. Ainsi, le déficit budgétaire constaté dans le solde budgétaire exécuté a augmenté entre 1997 et 2002 lorsque Lionel Jospin était Premier Ministre, alors que la croissance était forte. Aujourd'hui, François Hollande, premier secrétaire du Parti Socialiste, promet d'ores et déjà d'augmenter les impôts. Cela a le mérite d'être clair.