Les prochaines élections pour élire les députés européens auront lieu dans moins de 18 mois désormais. Actuellement, rares sont ceux qui s'en soucient. De toutes façons, les élections européennes sont celles qui sont les moins attendues et les moins commentées. A tort. Le Parlement Européen a la main mise sur un très grand nombre de sujets, ce sont les députés européens qui font la réglementation européenne qui doit ensuite être reprise telle quelle par les lois des différents pays. Les lobbys ne s'y trompent pas, vu que c'est à Bruxelles qu'ils vont tenter d'influencer les preneurs de décisions publiques, plutôt que dans les parlements locaux. Certes, la législation européenne se fait également en bonne partie au sein de la Commission Européenne. Mais celle-ci est désignée par les Chefs d'Etat, alors que le Parlement Européen est la seule instance véritablement démocratique (car fondée sur une représentativité directe) de toutes les structures européennes. Il a également un vrai rôle de contrôle sur la Commission Européenne, même s'il serait souhaitable qu'il ait davantage de pouvoir que cette dernière. Tout cela fait que les élections européennes ne sont certainement anodines, au vu de leurs conséquences.

Seulement l'Europe parait bien loin pour les électeurs, ou tout du moins c'est ce qu'estiment les partis politiques, qui peinent bien souvent à définir un véritable message pour ces élections, contribuant à l'effacement du scrutin dans un regrettable cercle vicieux. Pourtant ce désintérêt des partis pour les élections européennes n'est pas justifié. Au contraire, ce sont les partis qui arrivent le mieux à définir un message européen qui s'en sortent traditionnellement le mieux. Ainsi, au cours des élections européennes précédentes, les partis qui ont le mieux réussi sont l'UDF, les Verts (deux partis mettant en avant un projet fédéral pour l'Europe) et ceux représentant les souverainistes (en disant non à la construction européenne, ils ne sont au moins pas hors sujet). En 2004, le PS avait mollement parlé d'"Europe sociale" sans bien dire ce que voulait dire ce terme, mais s'était concentré sur la promotion d'un vote sanction contre la droite. L'UMP, elle, n'avait tout simplement pas de message audible, à l'instar de la coalition RPR-DL en 1999. Craignant peut-être de perdre des voix du côté des eurosceptiques, l'UMP n'assume pas sa volonté d'oeuvrer en faveur de la construction européenne. Peine perdue, puisqu'elle y perd sur les deux tableaux : ceux qui veulent davantage d'Europe politique a voté jusqu'à présent pour l'UDF, ceux qui en veulent moins ont toujours trouvé des souverainistes pour qui voter.

En prévision de cette échéance, l'UMP doit travailler dès maintenant sa doctrine européenne pour avoir vraiment quelque chose à dire en 2009. Et pour bien faire les choses, elle devrait, comme chaque parti, se concerter à l'intérieur de chaque parti européen pour qu'il y ait des programmes communs aux différents pays. Après tout, ce serait le concept le plus logique, dans la mesure où ce sont bien des politiques pan-européennes qui seront mises en oeuvre. Les Verts se déclinent dans l'Europe entière, le Parti Socialiste Européen regroupent les PS de chaque pays, et le Parti Populaire Européen permet la collaboration des droites modérées de toute l'Europe. Il y a déjà des avancées en ce domaine, puisqu'au sein de ce Parti Populaire Européen, l'UMP a déjà commencé à travaillé avec la CDU allemande pour le projet à présenter en 2009, notamment à la suite d'une rencontre entre Jean-Pierre Raffarin et Angela Merkel en juillet 2007. Evidemment, cette collaboration est plus difficile avec les conservateurs britanniques, qui sont largement anti-européens. Cela pointe aussi la nécessité de faire le ménage dans ces partis européens, pour aboutir à une meilleure convergence idéologique entre ses composantes.