En comparaison avec l'année 2007, qui vit se dérouler une élection présidentielle aux enjeux forts, l'année 2008 aura été plus calme sur le plan de l'actualité française. La côte de popularité de Nicolas Sarkozy a diminué de façon notable aux premiers mois de l'an passé, mais ce fut moins en réaction à la politique de fond qu'il menait qu'à la fin de la période de grâce et à quelques initiatives malheureuses, comme l'invitation du colonel Kadhafi en France ou la surexposition de sa vie privée. Pour preuve, le Premier ministre François Fillon est encore régulièrement au dessus des 50 % d'approbation. Dans le même temps, la gauche ne s'est pas distinguée. La victoire des candidats socialistes au municipales s'explique surtout par la baisse de la mobilisation des électeurs qui avaient voté pour Nicolas Sarkozy en 2007, ce qui se traduisit par une augmentation générale de l'abstention. Dans la mesure où la droite avait profité d'une vague bleue inespérée aux élections municipales de 2001, cela a suffit pour qu'elle perde un certain nombre de villes qu'elle avait conquit par surprise à l'époque. En aucun cas ces victoires de la gauche n'ont traduis un profond mouvement d'adhésion : le peuple se détourne encore largement du Parti Socialiste, et il a pu assister par la suite au stupéfiant spectacle de la division entre une ex-candidate à la présidentielle entourée d'adorateurs aveugles et un front constitué par des personnalités sans cohérence idéologique. En face, l'UMP a évité tout spectacle embarrassant en étant tout simplement mise en sommeil. Un sommeil profond qui risque de lui nuire sur le long terme. Entre les deux, François Bayrou a réussi à créer un parti dédié à sa gloire, et d'où sont promptement exclus tous ceux qui doutent de ses idées, de ses méthodes ou de sa personne.

Tout ce petit monde se retrouvera aux élections européennes de juin prochain. Personne n'en parle actuellement, et il faut craindre qu'elles se dérouleront comme les précédentes : avec un débat parlant bien peu de politique européenne, et des votes décidés sur des critères assez éloignés des enjeux. Cela a été jusqu'à présent la recette parfaite pour l'envoi de délégations de députés souvent absentéistes, au poids faible dans l'hémicycle européen et à la faible notoriété en France. C'est en quelque sorte un cercle vicieux.

L'an passé fut autrement plus chargé au niveau de l'actualité internationale. La Chine et la Russie ont continué de démontrer leur volonté farouche de défendre ce qu'elles considèrent comme être leurs intérêts nationaux, quel que soit le prix à payer. Les puissances occidentales doivent en être prévenues. Le conflit séculaire du Proche Orient demeure à la une des journaux, quand d'autres guerres en Afrique sont passées sous silence. Et évidemment, l'année entière fut rythmée par les primaires puis l'élection nationale du nouveau Président américain, Barack Obama. Considéré comme l'homme de l'année par le magazine Time, et comme le Messie par tant de citoyens du monde reprenant espoir tout d'un coup, il n'a pourtant rien accompli jusqu'à présent. Pour lui, une fois arrivé au pouvoir, le plus dur restera à faire. Et si le monde peut avoir l'audace d'espérer, ce sera bien à lui de satisfaire ces attentes. Car à quoi bon n'être l'homme que d'une élection, si c'est pour ne pas être l'homme d'une action ?