Nicolas Hulot est de retour dans le débat politique, à l'occasion de la question de la taxe carbone, actuellement envisagée par le gouvernement. Celle-ci est combattue par une partie du Parti Socialiste, notamment par l'ancienne candidate à la présidentielle, Ségolène Royal. Lors de l'université d'été de son parti, elle a rejetée en bloc la mesure, la qualifiant d'"insupportable". Et elle se targue aujourd'hui d'être le fer de lance du combat contre la contribution climat énergie, l'autre nom de cette fiscalité visant à décourager l'utilisation d'énergies émettant du dioxyde de carbone dans l'atmosphère. C'est donc dans ce climat que Nicolas Hulot se voit obligé d'intervenir, déjà pour soutenir le principe même de la taxe carbone en général, ensuite pour en demander des modalités d'applications exigeantes, et enfin pour rappeler que de nombreux candidats à la présidentielle l'avaient soutenue pendant la campagne de 2007. Et parmi eux, Ségolène Royal.

A ce moment-là, Nicolas Hulot avait encouragé les différents acteurs de la vie politique française à signer son Pacte écologique, afin de s'assurer que ses propres idées quant à la sauvegarde de l'environnement seraient mises en œuvres pendant la prochaine législature, considérant que la question dépassait les clivages politiques. Le Pacte écologique, pour pouvoir facilement être diffusé au sein de la population, était bref et direct : dix objectifs de politique général et cinq propositions concrètes. Difficile donc de s'y noyer. Et parmi ces cinq propositions concrètes, la deuxième était "Instaurer une contribution climat-énergie en croissance régulière". C'est de cela dont il est question aujourd'hui.

Le 31 janvier 2007, Ségolène Royal a signé le Pacte écologique, prononçant un discours à cette occasion. Elle s'y montre alors clairement favorable, en disant dès le début "Ici, et devant vous, je réaffirme mon engagement à mettre en œuvre si je suis élue le Pacte écologique." Elle appelle même l'ensemble de la population à le signer. Et plus particulièrement sur la question de la taxe carbone, elle dit :

"J'engagerai donc un vaste chantier pour réformer la fiscalité écologique, afin d'intégrer le coût des impacts environnementaux dans le coût des produits et des services, et mettre les instruments existants en cohérence avec le principe pollueur-payeur. Dans ce cadre, je mettrai en œuvre une adaptation de la taxe carbone."

Elle ajoute ensuite vouloir mettre en place cette réforme de la fiscalité à pression constante, ce qui est le but affiché du gouvernement. En somme, le 31 janvier 2007, elle affirme clairement vouloir faire ce que le gouvernement fait actuellement, mais depuis, elle a changé d'avis sur son ancien engagement, qui semblait pourtant fort. Elle renie donc publiquement le Pacte écologique, expliquant désormais qu'elle avait des "très fortes réserves" quant à la taxe carbone, alors qu'elle l'avait soutenu dans ses propos, et s'était engagée en sa faveur par sa signature. Parlait-elle et s'engageait-elle à l'époque en croisant les doigts dans son dos, se disant intérieurement que c'était pour rire ? A quoi bon signer un texte que l'on approuve pas, sinon par opportunisme ?

Son refus actuel de la mesure qu'elle défendait hier pourrait s'appuyer sur des considérations semblables. Le socialiste Jack Lang parle aujourd'hui d'une "opération populiste et opportuniste" de la part de l'ancienne candidate dont il faisait partie de l'équipe de campagne, regrettant au passage la démonétisation de la parole politique. Il est indéniablement étonnant que Ségolène Royal renie aussi spectaculairement le Pacte écologique qu'elle avait soutenu avec énergie il y a deux ans. Si elle n'arrive pas à tenir ses propres promesses alors qu'elle n'est que dans l'opposition, la question de son comportement si elle était au pouvoir peut être posée.

Image : AFP