Les négociations pour un accord entre le Parti Socialiste et les Verts sont difficiles. Les Verts souhaitent abandonner purement et simplement l'énergie nucléaire, et ainsi profiter, comme en Allemagne, de la pollution des centrales thermiques (gaz, pétrole, charbon), propices au réchauffement climatique. Le Parti Socialiste refuse une évolution aussi radicale, alors que le nucléaire représente entre 75 et 80 % de la production d'électricité en France. Il veut arriver à un niveau de 50 % d'ici 2025, une transformation déjà importante. Alors, les Verts voudraient avoir l'assurance que l'EPR, réacteur nucléaire de troisième génération actuellement en construction à Flamanville, soit abandonné. Il devrait être plus sûr et plus performant que les réacteurs actuels, mais il représente aussi le fait que le nucléaire reste une énergie d'avenir, ce que les Verts ne peuvent reconnaître. Là encore, les socialistes disent non.

En fait, il semble il y avoir comme un malentendu. Entre les Verts et les socialistes, il n'y a rien à négocier. Pour pouvoir négocier, il faudrait que chaque partie ait quelque chose à offrir à l'autre, pour que des concessions puissent être échangées. Ce n'est absolument pas le cas ici. Dans cette situation, les Verts font toute les demandes, et n'ont strictement rien à offrir. Ils veulent que le PS applique au maximum son programme, et qu'en prime, celui-ci leur laisse de bonnes circonscriptions afin d'avoir davantage d'élus à l'Assemblée Nationale. Ce sont de lourdes demandes, sans contrepartie. Les Verts ne peuvent non seulement pas apporter quelque chose de positif aux socialistes, mais ils ne peuvent même pas leur nuire.

C'est en tout cas l'état d'esprit rue de Solférino. Les socialistes considèrent que les prochaines élections sont d'ores et déjà gagnées. Nicolas Sarkozy est si impopulaire et si méprisé qu'il ne saurait représenter une menace. Les électeurs valideront avec certitude l'élection du candidat socialiste, sans que qui ce soit puisse y a faire quelque chose. François Hollande en est déjà à déclarer qu'il est le prochain Président à la une des journaux. Il se trouve si populaire qu'il est certain que son moment est enfin venu. Il n'y a plus qu'à attendre un tout petit peu, et ce sera lui, la France. Il aura une armée de députés à l'Assemblée Nationale pour appliquer ses volontés. Pourquoi devrait-il se soumettre aux exigences des Verts ? Il y a bien plus important à faire, comme fignoler les derniers détails de sa cérémonie d'investiture...