La nouvelle est tombée lundi : le président d'un parti d'opposition français de centre droit a été élu par l'ensemble des adhérents, et cette élection s'est passée sans souci. Jean-Louis Borloo a en effet été réélu président du Parti Radical. Certes, les possibilités de contestation étaient réduites, vu qu'il était le seul candidat. Du coup, il n'y eu que 4 % de vote blanc, et une participation de 65 %. Cette nouvelle est passée inaperçue. Comme à peu près toutes les autres informations d'ailleurs. On a peu entendu parler également des errements de François Hollande sur le mariage homosexuel, de la dégradation financière de la France, des rodomontades d'Arnaud Montebourg, des derniers soubresauts du conflit israélo-palestinien, et évidemment de la guerre civile syrienne, dont tout le monde se désintéresse maintenant semble-t-il. L'ensemble des journalistes de l'Hexagone n'a d'yeux que pour un seul événement : la farce jouée par Jean-François Copé et François Fillon autour de l'élection du président de l'UMP. S'il faut en passer par là, eh bien, allons-y ! Voici un résumé des épisodes précédents :
  1. Le soir de l'élection, Jean-François Copé a annoncé sa victoire le premier avec 1000 voix d'avance, François Fillon a ensuite également déclaré avoir remporté ce scrutin, ils dénoncent tous deux des irrégularités.
  2. La commission organisant l'élection ne prend en compte aucune irrégularité, et annonce une victoire de Jean-François Copé avec 98 voix d'avance. Les deux candidats acceptent ce résultat.
  3. Il s'avère que la commission en question avait "oublié" les résultats de certains DOM-TOM, qui auraient entraîné une victoire de François Fillon par une vingtaine de voix d'avance. Une fois cela clairement établi, François Fillon réclame la victoire.
  4. Non non non, dit Jean-François Copé, si cette méthode auparavant acceptée par les deux candidats ne lui octroie pas la victoire, alors il faut changer de méthode. Il remet alors les irrégularités sur le tapis, et engage la commission des recours, qu'il contrôle en sous-main, à tripatouiller les chiffres pour qu'ils aillent dans son sens.
  5. François Fillon, voyant le coup venir, n'accepte cet arbitrage de la commission des recours que si elle est indépendante, donc sans soutien de François Fillon et de Jean-François Copé
  6. Non non non, dit Jean-François Copé. Ce sera d'ailleurs sa réponse à toute hypothèse de sortie de crise qui puisse induire qu'il ne soit pas à terme président de l'UMP. Les médiations d'Alain Juppé et de Nicolas Sarkozy arrivant à l'échec de ce fait.
  7. Pendant ce temps, la commission des recours a bien travaillé, et a réussi à faire coïncider les résultats électoraux avec la parole de Jean-François Copé, sortant de son chapeau les 1000 voix d'avance dont il se targuait le soir même de l'élection quand les résultats précis n'étaient pas connus. Malheureusement pour lui, personne n'est dupe.
Voilà grosso modo où on en est. Evidemment, la solution la plus simple serait de faire revoter les adhérents, et pas à la socialiste avec des bureaux de vote où, semble-t-il, tous les doutes sont permis, mais de faire comme au Parti Radical la semaine dernière, avec un vote électronique organisé par une société indépendante. L'UMP connait pourtant bien ce principe, puisqu'il s'en est servi systématiquement par le passé, par exemple pour désigner son candidat à la présidentielle en 2007, ou dans un cadre plus compétitif, organiser des primaires pour désigner les candidats aux régionales de 2010. Avec un vote électronique, le résultat est connu rapidement, et les magouilles sont plus difficiles à organiser. Celui qui a décidé de passer par un vote papier pour une élection aussi disputée est un âne, ou bien quelqu'un qui avait intérêt à pouvoir jouer des marges liées à ce mode de scrutin.

Difficile de savoir où tout cela les mènera, mais si Jean-François Copé croit vraiment que tout cela lui profitera in fine, il se met un doigt dans l'œil.